Qu’est-ce qui fait que deux êtres peuvent s’aimer ? Assurément pas le seul fait de s’entendre et de partager un lit ! Il y a un monde entre l’affection et l’amour qu’Oona et moi ne franchiront sans doute pas. Ca ne remet pas en question la qualité de notre relation mais ça lui dresse quand même des limites qui s’avèrent vite frustrantes. Particulièrement pour elle, aujourd’hui.
Il est toujours difficile de savoir quelle tournure donner à une relation quand on sait à l’avance qu’elle n’offrira pas tout ce qu’on en voudrait. Nous en avons beaucoup discuté ensemble et, sans faire de réels projets, nous nous sommes « contentés » de passer de très agréables moments ensemble. Ce week-end, encore.
Mais puisqu’il faut une fin à tout, c’est Oona qui vient de choisir, après en avoir quelques fois repoussé l’échéance, de stopper pour le moment notre aventure. Ce n’était pas ce que nous recherchions vraiment… Peut-être que je m’en suis contenté plus qu’elle. Pour moi, le monde ne se sépare pas entre amoureux et indifférents : il y a entre les deux une large palette de nuances dans lesquelles nous avons su nous épanouir ensemble pendant un temps. Vivre ces vrais instants, c’était le principal.
On sait tous qu’un site de rencontres sur Internet est une arène de combat passif pour célibataires, qu’il a quelque chose de la vente aux enchères du coeur, d’une foire à l’amour capitaliste où la loi du marché dirige le choix des rencontres que l’on y fait. Il est donc plus que souhaitable (surtout pour les garçons, en surnombre sur ces sites) de soigner son message lors d’un premier contact comme on le ferait pour postuler dans une entreprise. D’autant plus si on compte sur un hypothétique résultat…
Pourtant, j’ai toujours été médusé à la vue des mails que les filles peuvent recevoir de la part des garçons (du moins chez les 18-30 ans) sur un site de rencontres : des mails généralement vides d’intérêt, plus courts qu’un SMS et malgré tout… bourrés de fautes d’orthographe. Je veux bien qu’il y ait quelques cas de dyslexie, que le français ne soit pas la langue maternelle de certains autres, mais à ce point là… il semble que le facteur à incriminer soit plutôt le bon vieux « foutage de gueule ».
Cela fait donc maintenant environ 1 an que j’ai créé une fille imaginaire sur Meetic, volontairement jolie et simple(tte) afin de récolter les messages les plus… euh… « surprenants » ou « typiques », disons. Depuis le mois de Novembre dernier, cette demoiselle imaginaire a encore reçu plus de 300 messages. Cela va du pathétique « J aimerai te conaitr 1peu + » au rare message un peu plus construit et un peu moins paresseux. Rajoutez là-dedans les autopromotions à base de moi-je et autres abordages foireux.
On pourrait parfois se dire qu’ils font exprès d’être idiots, ces garçons, qu’ils s’amusent… mais quand on se souvient qu’un site comme Meetic est payant (24.95€ minimum pour 1 mois pour les garçons), on commence à réaliser l’ampleur de la catastrophe.
Voici donc, pour cette quatrième édition d’ « Une belette pour des blaireaux », une jolie sélection de 12 messages authentiques reçus par ma demoiselle virtuelle de 20 ans :



C’est un samedi soir, il y a plus d’un mois de ça.
Je suis tranquillement vautré avec Oona dans un canapé chez elle. Nous discutons et nous faisons des câlins. Il est minuit passé. *BIP* : je reçois un SMS ! Je m’empresse d’aller le lire et… quelle n’est pas ma surprise en découvrant un message de… Lize !

Au bout d’un mois de silence, cette demoiselle fait mine de me relancer avec un message trouble comme à son habitude. Pour rappel, Lize est une fille que j’avais rencontrée sur un site internet et qui s’est révélée très très vite particulièrement détraquée : RDV systématiquement annulés à la dernière minute, ne décrochant jamais son téléphone quand je l’appelais et qui, malgré tout, me relançait constamment. Ajoutons à cela des récits plus que bizarroïdes (avec du recul) quand elle me parlait de son passé ou de ses journées… et vous obtenez un bon cocktail de névroses.
Particulièrement étonné, donc, par ce SMS inattendu, je suis partagé entre ma satisfaction de la voir revenir pleurnicher et ma consternation de recevoir un SMS aussi factice. Oona me demande ce que je vais lui répondre. Evidemment, nous avions déjà eu l’occasion de parler ensemble de nos précédentes aventures. J’explique à Oona à quel point j’ai tout sauf envie de répondre quoi que ce soit à Lize.
Pas d’autres nouvelles depuis et franchement… c’est tant mieux !
Cela fait maintenant 51 jours que je suis avec Oona ! Nous avons passé la plupart de nos week-ends ensemble, à faire des balades dans Paris ou dans la nature, à nous préparer de bons petits plats, à faire l’amour, à regarder des films, à passer des soirées avec les amis de l’un ou de l’autre… soit tout ce qu’il faut pour faire varier les plaisirs à deux.
51 jours, c’est plus que nécessaire pour se donner une idée sur une relation, savoir vers quoi on se dirige, découvrir ses affinités, mettre à l’épreuve sa compatibilité d’humeur.
Oona et moi nous entendons très bien, nous partageons les mêmes goûts pour beaucoup de choses, ce qui nous permet d’être très complices. Ces quelques semaines nous ont donné l’occasion de nous rapprocher. Parfaite relation, alors ? Oui mais voilà : il n’y a pas à mon sens le « petit truc en plus » qui nous transporte et qui fait que tout devient magique, cette petite étincelle à même de pouvoir transformer de l’affection en amour. C’est une chose dont j’étais convaincu dès nos premières rencontres. Affaire d’intuition, de feeling : on ressent assez vite si on est en phase totale avec quelqu’un, suffisamment en tout cas pour qu’une relation puisse décoller. Je ne chercherai pas à expliquer le pourquoi du comment, simplement je sais qu’Oona n’est pas « la fille formidable » que je recherche même si elle en est très proche et à plus d’un égard.

Tout ceci n’empêche pas notre relation d’être belle, d’autant plus que nous sommes tous les deux d’accord sur l’orientation à lui donner : elle sort d’une relation de plusieurs années et n’a absolument pas envie de s’engager sérieusement dans quoi que ce soit de nouveau, et moi, j’ai le sentiment que notre relation n’irait nulle part de toute façon. Nous avons trouvé un juste équilibre en ne nous définissant pas vraiment comme un couple mais plutôt comme une sorte de… duo sensuel…
Qu’Oona et moi ne nous engagions pas sérieusement ne signifie pas que nous ne nous considérions pas. Nous ne nous projettons pas spécialement dans l’avenir, c’est tout ! Mais nous faisons tout de même quelques projets ensemble : un petit voyage prévu en juin (même si nous ne sommes plus ensemble d’ici là), un test HIV après-demain pour se passer de ce détestable préservatif.
Nous avons trouvé un certain équilibre ensemble, ma quête initiale est donc mise au ralenti, ce qui ne remet pas en question cette blog-aventure que j’ai envie de poursuivre. J’ai aussi l’intention de montrer ce blog à Oona et de recueillir ses sentiments personnels sur notre rencontre. Ce sera la première fois pour moi que j’en révèlerai l’existence à une Meetic-girl… voilà sans-doute de belles surprises en perspective… ;-)