Une réponse inattendue au bout de 9 jours
J’ai eu beau envoyer un mail à Alexine, je n’en espérais pas grand-chose compte tenu de mon très mauvais feeling sur la question. J’ai juste, comme on dit, tenté le coup. Les premiers jours, malgré tout, je ne peux m’empêcher de surveiller ma boîte mail au cas où elle me répondrait quelque chose. Mais comme je m’y attendais en partie, je ne reçois pas la moindre réponse. Tant pis, je me fais une raison.
Et puis, au bout de 9 jours, alors que je n’attendais plus rien, voilà que je reçois un mail d’Alexine. C’était pour moi tellement inattendu que je ne l’ai découvert que le jour d’après.
Je ne sais pas trop quoi en penser. Une réponse au bout de dix jours (une éternité à l’échelle de notre rencontre lors d’une soirée), c’est déjà fort signifiant. C’est probablement ce que j’aurais fait moi-même si je ne voulais pas donner suite à une fille qui me tournait autour, pour laisser entendre que je ne suis pas hyper emballé… Mais j’aurais aussi fait attention à ne pas trop rentrer dans son jeu en faisant un mail trop appliqué, trop personnel. J’aurais tempéré. Or là, Alexine me fait le contraire : elle commence par un petit compliment, puis elle rentre dans mon jeu en me faisant du second degré déjanté comme j’aime. On pourrait même vouloir remarquer qu’elle a cherché un faux prétexte pour me dire qu’elle aurait effectivement dû rester un peu plus longtemps (en ma compagnie puisque c’était le sujet). On est loin du « c’était sympa de faire ta connaissance, bye à la prochaine. »
Quoi qu’il en soit, je reste sur ma position de penser que c’est fichu. Surtout qu’au bout de dix jours, j’ai fait le deuil de la jolie rencontre, et mon enthousiasme de départ a fondu comme neige au soleil. Mais bien sûr, je vais lui répondre et rester dans une approche de séduction : qui ne tente rien n’a rien. Je voulais le faire dans les deux ou trois jours mais le temps a filé et je ne lui ai envoyé une réponse qu’au bout de 6 jours, ce qui est un peu trop à mon goût. Je prends au vol son délire en infâme écriture inclusive et rebondit là-dessus dans l’humeur du moment :
Je profite du décalage induit par le vouvoiement et de mes absurdes reproches pour lui glisser de vrais compliments sur son physique. Je pense que le message sous-jacent est clair.
Nous sommes le 15 juin, elle ne m’a jamais répondu. C’est tout aussi clair.
8 commentaires :
Désolé si je suis un peu terre à terre, mais Alexiine à 32 ans, tandis que de ton coté, tu as pris 20 ans depuis les débuts de ton blog. Tu n’as jamais envisagé qu’Alexine ait pu être refroidie par la différence d’âge ?
L’âge n’est certainement pas le critère principal chez une femme.
Je me suis posé la question, en effet, et je suis d’accord, c’est tout à fait un critère qui a pu jouer contre moi.
Alors certes, mon blog a pris 20 ans, mais il y a 15 ans, j’en étais encore aux filles de 22 ans ! :D Disons que je ne m’imagine pas viser des filles de moins de 30 ans donc oui, Alexine approche de la limite.
Ancien lecteur du blog, je dois y revenir une ou deux fois tous les 5 ans par curiosité, le hasard veuille que j’y retourne quelques mois après le début de la saison 2 (statistiquement ça doit pas être si impressionnant, mais bon)
C’est bizarre de lire cette suite avec en tête des opinions politiques dont j’étais absolument dépourvu en 2010. Pour se focaliser uniquement sur le cœur du récit (la relation): aujourd’hui, le passage sur la « psychologie féminine [qui serait] que ce soit un faux demi-non », ça me paraît maintenant aberrant avec tout mon respect: non, c’est non, et la psychologie féminine est souvent très particulière parce qu’on a tendance à la penser très particulière, au lieu de demander directement ce qu’elles pensent.
Peut être rien à voir, mais au cas où: quand vous écrivez « […] je la mets au garde-à-vous et lui ordonne de tourner sur elle-même pour nous laisser la regarder. « , c’est qui, « nous »?
Et l’échange de mail qui s’en est suivi m’a encore plus interloqué: ce n’est pas le genre de message que j’aurais attendu pour dissiper un malentendu ; la prose subtile est chouette, mais la séduction me semble continuer de manière inappropriée ici, il me semble qu’un texte bref de confirmation aurait été plus à propos. Et même la réponse de l’intéressée m’a semblé confusante, en fait.
J’ai relu certaines notes de la « première saison » et je n’y retrouve pas les éléments qui m’ont interloqué ici, je trouve. Peut-être l’environnement professionnel dépeint en toile de fond change le contexte et donc le sens de cette histoire.
Également: Mes critiques précédentes sont formulées hâtivement, au temps pour moi. Je pense savoir que l’auteur du blog a toujours défendu des valeurs que je trouve essentielles dans un couple, ainsi qu’un franc-parler que je ne remets pas en cause pour ce que j’ai pu relire récemment. Mes critiques ne visent pas cela à priori, du moins ce n’est pas mon intention.
ex: « psychologie féminine [qui serait] que ce soit un faux demi-non », je critique la formulation qui me semble -de mon point de vue, avec tout mon respect- maladroite quand on sait les biais sexistes de notre culture par rapport au consentement. Si l’auteur ne croit pas à un biais systémique de notre société par rapport à nos perceptions du consentement, soit: je serai donc un ‘woke’ (terme à la mode en 2023 quand j’écris ce message) et ma critique sera alors à prendre au premier degré.
Mais si l’auteur y souscrit tout en voulant décrire une complexité des rapports humains, dont des réactions particulières des femmes pour se protéger et réagir au mieux dans une culture où elle n’ont toujours pas l’égalité sociale, là je suis d’accord avec lui…mais à ce moment-là le terme « psychologie féminine » suivi de « faux demi-non » est (au mieux, pardon de le dire) d’une maladresse certaine après toutes les évolutions de mentalité récentes sur ces points.
C’est pas « pinailler » ou faire de la langue de bois, pour moi, c’est éviter un terme ambiguë qui réfère beaucoup à une idéologie assez malsaine.
Bon, je l’ai déjà dit mais je reste épaté d’avoir pu recueillir des commentaires, je pensais n’écrire que pour moi, donc vraiment merci.
A nous, maintenant, « c’était quoi déjà… ». ;)
« avec en tête des opinions politiques dont j’étais absolument dépourvu en 2010. »
> Dois-je comprendre qu’il s’agit plus d’un commentaire politique que raisonné ? Je vous taquine car je fais le même constat : la société s’est fortement politisée ces dix dernières années dans tous les domaines. Alors ce sera peut-être là, le problème entre nous : car en effet, étant athée depuis l’adolescence, j’ai toujours eu une sainte horreur de tous les obscurantismes, et je n’ai donc pas cédé non plus à la religion woke puisque vous en parlez.
Vous avez réagi à ma phrase : « Est-il possible qu’il y ait là-dedans une part de psychologie féminine et que ce soit un faux demi-non ? » et vous répondez que dire aujourd’hui une chose pareille est aberrant parce que « non, c’est non ». Alors, il faudrait que vous m’expliquiez exactement à quel moment elle est censée m’avoir dit non ? Il n’y a aucun « non » dans cette histoire, c’est moi qui ai interprété le non-dit d’un court instant comme un potentiel non (ce que j’ai appelé un demi-non), et j’ai juste lancé l’hypothèse sans trop y croire que ça aurait pu être un désintérêt feint. Voilà tout. Mais en bon woke, à peine avez-vous lu « demi-non » que vous réagissez de manière pavlovienne en me sortant votre missel sur le rapport au consentement et les biais systémiques. Lol. Un cas d’école !
Du coup, puisque vous me reprenez sur la « psychologie féminine », est-ce à dire qu’on a réussi à vous faire croire qu’il n’y a aucune différence entre les hommes et les femmes dans les rapports à la séduction ? Et c’est quoi, « les biais sexistes de notre culture par rapport au consentement » ? Quand votre banquier essaie de vous forcer la main pour vous vendre un service, c’est un « biais administratif de notre culture par rapport au consentement », également ? Parce que je ne sais pas quelle est votre culture mais dans la mienne, on ne m’a jamais inculqué que les femmes pouvaient être abusées.
« c’est qui, « nous »? »
> Lors de la soirée, on se retrouvait souvent à discuter par petit groupe de trois ou quatre.
Il y a des choses que je n’ai pas précisées dans cette histoire, en rapport avec le dit « environnement professionnel » puisque vous en parlez : il s’agissait ici d’un contexte de loisirs sans rapport avec le milieu professionnel d’Alexine, elle pouvait se sentir parfaitement libre vis à vis de moi (je précise avant que vous ne me sortiez votre missel sur Weinstein). Et puis, aussi, on sent les gens et ce qu’on peut leur dire ou non.
Vous auriez préféré « éviter un terme ambigu » : effectivement, il me faut vous prévenir que ce ne sera jamais un safe space woke, ici. Est-ce que le mot « femme » est encore un peu trop ambigu à votre goût ? Vous préféreriez « personne à utérus » ?
Je n’ai pas saisi ce qui vous a gêné dans l’échange de mails entre elle et moi et ce que vous entendez par « un texte bref de confirmation aurait été plus à propos. » C’est sûr que ce genre de « délire » entre elle et moi ne peut pas être du goût de tout le monde, mais là-dessus, je ne prétends pas à l’universalité.
Merci pour votre réponse: effectivement je vous lis toujours, et avec plaisir.
Si je peux exercer un bref et unique droit de réponse: Je voudrais corriger mon «avec en tête des opinions politiques dont j’étais absolument dépourvu en 2010», j’aurais dû écrire «[…] dont j’étais absolument inconscient en 2010». Parce qu’on en a toujours, des opinions politiques, même (et surtout) inconsciemment. C’est à la fois la source de malentendu et l’outil de moquerie à propos des critiques progressistes actuelles: on veut réfléchir et remettre en cause le statu quo de notre société… tout en se faisant traiter de moralisateur·ices endoctriné·es*, missel à la main, sorti en réflexe pavlovien. C’est un peu antithétique, non? Et un peu précipité: pensez-vous par exemple que j’ai blâmé votre hypothèse du “demi-non”? Non, ma critique est plus spécifique que cela, le reste est également à l’avenant: le “bon woke” a bon dos.
À partir de quel degré de prudence dans la prose, de distanciation, de référencement passé atténuant la critique, de doute clairement écrit par rapport à sa propre opinion, la remise en cause cesse d’être « woke pavlovienne à coup de missel » et devient commentaire normal? Et d’ailleurs, j’en profite: la version « tout public » de certains posts passés (ex. « La pire de mes rencontres ») a été écrite (pour ce que j’en comprends) à la suite de certains commentaires en réaction aux posts précédents ; de ce que j’ai pu relire récemment, ironiquement, il n’y a rien là-dedans qui soit particulièrement « antiwoke », alors que ça peut faire réagir intuitivement un public pourtant sans opinion politique consciente sur la question.
Vu le ton, je ne pense pas que votre réponse aie été écrite pour que j’y réponde vraiment. Mais je peux me tromper, à votre entière discrétion et avec l’envie d’un échange plaisant, j’y mettrai du miens.
*pas de safe space, donc pas de souci avec le point médiant hors ironie, je suppose.
@c’était quoi déjà… : non, votre aparté sur les opinions politiques a beaucoup plus de sens que vous ne le croyez.
Pour que ce soit vraiment antithétique, il faudrait que le wokisme s’appuie sur quelque chose de réel. Or, c’est du flan, du vide, de l’hystérie irrationnelle et je ne caricature même pas. De la même façon que les wokes (auxquels vous vous êtes spontanément rapporté) expliquent que la Belle au Bois Dormant subit une agression sexuelle, vous me faites une exégèse en me parlant de problèmes sous-jacents de rapport au consentement. Tout ça pour une histoire anodine où… il ne s’est même pas passé quelque chose ! C’est cela, le réflexe pavlovien woke : croire voir la Sainte-Vierge dans un plat de nouilles.
Alors je vous remercie quand même d’avoir tenu à préciser que j’avais tout de même des « valeurs » « essentielles », c’est vrai qu’avec mes propos toxiques, on aurait pu me prendre pour un violeur.
Puisque vous m’interrogez, je dirais qu’un commentaire normal, c’est un commentaire raisonné, un commentaire qui ne se proclame pas woke à dessein en usant du catéchisme que l’on connaît par cœur à base de « biais sexiste » et compagnie. Par rapport aux anciennes réactions dans les commentaires auxquelles vous faites allusion (d’il y a une quinzaine d’années), ce n’était pas un problème de wokisme (qui n’existait pas encore dans sa forme actuelle), c’était souvent surtout un problème de ce que l’on n’appelait pas encore la « bien-pensance » : des commentaires politiquement corrects sans prise avec la réalité. Peu de gens savent interpréter leurs propres désirs et pensées, c’est ce qui induit un décalage entre le discours et les actes et qui peut être perçu à tort comme de l’hypocrisie.
Alors si, je vous interrogeais vraiment, c’étaient de vraies questions, elles n’étaient pas rhétoriques. Sur cet échange de mails. Sur l’inexistence des différences H/F à laquelle vous semblez croire, etc.