Chasse au zèbre sur Tinder
Ces dix dernières années sont apparus sur les sites de rencontres tout un tas de nouveaux termes à la mode visant à décrire des traits de caractère ou des attirances particulières. J’ai ainsi vu arriver des « sapiosexuelles », des « pansexuelles », des « zèbres » et autres adeptes de drôles de passions comme la « sérendipité ». J’ai vu aussi se multiplier les filles se définissant par quatre lettres mystérieuses : la typologie de la personnalité « MBTI » (Myers-Briggs Type Indicator) est devenue à la mode au point que Tinder la propose carrément comme paramètre dans ses fiches descriptives. À ce titre, je suis censé être un ENTP ! Si le MBTI n’a pas de valeur scientifique reconnue, c’est une tentative vraiment intéressante d’essayer de distinguer de grands types de caractère chez les humains échappant à la seule définition sociale. Car on sent bien qu’il y a parfois chez les autres des traits de caractère qui ne nous correspondent pas et que ça n’est une question ni de génération, ni d’intelligence, ni de milieu social. Tout ça est finalement bien utile sur un site de rencontres où l’on essaie constamment de rivaliser d’ingéniosité pour se décrire et permettre à tous ces inconnus que l’on croise de mieux nous percevoir.
L’année dernière, comme je le fais ponctuellement, me voilà en train de me promener sur Tinder et de liker différents profils. Parmi les multiples femmes qui défilent, je tombe sur une femme de 33 ans qui parle de ce fameux « zèbre », je l’appellerai donc Z. Physiquement, ce n’est pas ma tasse de thé : elle n’a pas l’air vilaine mais elle est en début d’obésité. Par contre, d’après ce que je perçois sur sa fiche, elle semble avoir deux qualités humaines essentielles à mes yeux : chaude et intelligente ! ;)
Je like et ça matche. Je décide de lui envoyer un message et bien évidemment de tester son « sens de l’humour très développé ». Je réfléchis à un truc amusant à dire et choisis de rebondir sur sa ligne au sujet des câlins :
La nuit passe. Le lendemain matin, Z. répond à mon dernier message en restant dans le ton décalé de la veille. Évidemment, ça me plaît beaucoup :
Ces histoires de zèbres m’interpellant, je lis quelques articles que je trouve sur le sujet : « zèbre » est le terme un peu tendance du moment pour désigner les surdoués auxquels on ajoute généralement une forme de sensibilité exacerbée. Il existe tout un tas de sites qui détaillent leurs traits de caractère, leurs qualités, leurs problèmes existentiels, leurs manières de raisonner. En fin d’après-midi, j’écris à nouveau à Z. pour lui en parler :
La conversation s’arrête là. Le lendemain, en fin de matinée, j’écris à nouveau à Z. mais je n’obtiendrai plus jamais de réponse.
J’avoue que ces conversations improvisées au second degré m’amusent toujours beaucoup. Un bref instant de complicité au milieu de nulle part.
2 commentaires :
Assez frustrante cette conversation qui tombe à l’eau…
Peut-être aurait-il fallut proposer une rencontre plus rapidement ?
Impossible à dire, ces disparitions sont tellement fréquentes qu’il n’y a pas de leçon à en tirer de ce côté-là.