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Et en vrai, est-ce comme en faux !?!
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Nous avions rendez-vous à Châtelet un vendredi en fin d’après-midi . Un peu avant l’heure, il m’envoie un SMS pour m’indiquer qu’il sera légèrement en retard (une autre de ses marques de fabrique…) ce qui m’arrange : je n’ai pas à me presser et ce n’est pas plus mal.
J’arrive sur place et attends. Je commence à avoir un peu peur ce qui n’est pas normal puisqu’on n’a pas peur dans ce genre de circonstances. Cela dit, le côté grisant l’emporte et quitte à choisir un sentiment dominant, je suis plutôt contente ! J’ai, à ce moment là, la conviction de n’avoir absolument rien à perdre et pour une fois ce que je pense est raisonnable.
Pendant que j’attends, un mec vient me parler et j’ai du mal à m’en dépêtrer ce qui provoque une légère appréhension de ma part parce que c’est la première fois que je vais voir Anadema et il n’est pas certain qu’il parvienne à me reconnaître donc si je suis affublée d’un plouc qui me colle ça rend les choses potentiellement plus laborieuses. Le temps passe étrangement lentement parce que je me souviens avoir eu l’impression que le boulet m’a parlé un certain temps. D’ordinaire je suis plutôt expéditive (ou du moins pas d’une amabilité relative : doux euphémisme !) lorsqu’un pot de colle me gonfle mais là je n’arrive pas à m’en détacher… Suffisamment de temps d’ailleurs pour qu’il me fasse flipper (non pas par peur de lui mais du contexte et du fait qu’il compromette ma bonne humeur ou plus largement la situation : c’est un paramètre imprévu et pas plaisant en somme).
Je parviens finalement à me libérer du lourdaud quand je reçois un coup de fil d’Anadema. Je suis incapable de dire précisément ce qu’il m’a raconté mais ça devait être un truc du genre « Où es-tu ? », la ruse étant simplement destinée à me faire marcher (au sens propre ET littéral) plus qu’à savoir où j’étais. Il était d’une humeur facétieuse – ce qui s’avèrera récurrent chez lui – et il voulait vérifier que c’était bien moi sur la place tout en s’amusant un peu… Au bout du fil, il ne m’indiquait pas être arrivé alors que lorsque j’ai balayé du regard la place je l’ai vu ! Lui ! Les photos ne travestissaient donc pas la réalité puisque je l’ai reconnu aisément.
Il me parlait donc au téléphone, à quelques mètres de moi mais il ne me regardait pas tandis qu’au bout du fil il feignait d’être ailleurs que sur la place. Lorsque je me suis avancée pour aller à sa rencontre, il s’en est allé l’air de rien, faisant toujours comme s’il ne me voyait pas. Pendant ce temps, au bout du fil, je lui indiquais que JE SAVAIS où il était mais lui faisait mine de ne pas comprendre ce que je voulais dire !! Il se foutait de moi là !!! Il a traversé, je me suis donc retrouvée à cavaler pour le suivre dans la rue tout en l’ayant au bout du fil. Je sais m’être dit « Ne te fais pas écraser, tu vas tout bousiller ! » lorsque je me suis mise à le suivre.
Voulait-il reproduire ce qui résumait pour le moment notre seule « histoire » commune : Léa poursuivant Anadema ? Il faut croire… J’ai fini par le rattraper. Il tentait encore de fuir et ne m’avait adressé encore aucun regard. Je l’ai attrapé par l’épaule et je réalise a postériori que si ça n’avait pas été lui, j’aurais été assez ridicule à interpeller un mec qui se serait demandé ce que lui voulait cette folle disant « C’est toi, je sais que c’est toi ! ».
C’était donc effectivement lui ! Alors pour continuer à me mettre en confiance, après mon pseudo harcèlement par le net, j’ai dû lui courir après dans la rue pendant qu’il me fuyait… Anadema n’a aucune difficulté à marquer l’arrêt sur des détails qui sont potentiellement susceptibles de faire rougir son interlocuteur et insister dessus, je me demande même des fois si ce n’est pas involontaire tant ça peut devenir gênant… Là justement, comme si ce n’était pas suffisamment difficile à assumer de l’avoir traqué, on fait tout sauf éluder le sujet puisqu’il me taquine avec ça… Mais c’est de bonne guerre. C’est même drôle en fait.
Je n’ai pas d’idée de ce que l’on a pu se dire précisément. Je sais ce que j’ai pensé : je me suis dit qu’il était moins grand que ce que je pensais et que ce que je « voulais » mais ce n’était pas grave. Lorsque j’ai appris par la suite qu’il s’était (notamment) dit, à ce moment là, que j’étais un peu (trop) grande, c’est d’autant plus amusant. Je l’ai trouvé tout à fait conforme aux clichés que j’avais vu : beau, beau, beau…Ah ! Et puis beau aussi !
Nous sommes allés dans un café, avons bu un cocktail en discutant. Il a parlé et m’a écouté. Il a joué au blaireau, au blogueur prétentieux, ce qui était finalement le meilleur moyen de désacraliser la chose : il m’a « offert » une phrase que j’avais le droit de garder, une spéciale dédicace d’Anadema. Pffff ! Je crois qu’elle commençait par « Les sites de rencontres sont, aujourd’hui, devenus… » mais je ne sais plus la suite. C’était une bonne chose pour atténuer la dimension un peu particulière de la rencontre que d’exacerber le côté groupie d’un côté et fausse « star » à 10 balles d’un autre côté.
Il regardait souvent sa montre cachée dans sa poche, ce qu’il croyait d’ailleurs faire discrètement (pfff). Ca ne m’a pas forcément rassurée sans pour autant vraiment m’inquiéter, j’ai juste relevé. Maintenant que je le connais, je sais que c’est tout à fait normal !
—————————————- Interlude « ça balance sévère » —————————————-
Anadema a un lien étrange, voire malsain vis à vis de sa petite montre. Ca en deviendrait même pathologique. On ne peut d’ailleurs plus vraiment appeler ça une montre vu qu’il lui manque le bracelet. C’est d’autant plus inquiétant qu’il est (presque) systématiquement en retard…
Pour le rendre fou, la lui voler ! Succès garanti !!
———————————————— Fin de l’interlude ————————————————
Lorsqu’est venue l’heure à laquelle les transports vont se faire plus rares, ou inexistants, nous nous sommes levés. Et moi, l’air de rien je l’ai accompagné jusqu’à l’entrée des escaliers de métro. A ce moment et depuis le début de la soirée, la tombe qu’il était ne m’avait pas laissée entrevoir ce que je pouvais lui faire comme effet – ou absence d’effet justement. Il en a d’ailleurs joué en m’indiquant pendant la soirée lorsque je suis allée aux toilettes qu’il pourrait ainsi profiter de mon absence pour mettre les voiles et me planter là plus facilement. Cela dit, je savais que ça n’avait pas été éprouvant pour lui parce qu’il n’était pas encore parti et que nous avions passé un bon moment mais je n’avais aucune idée de ce qu’il en pensait plus précisément. Lorsqu’il m’a proposé de le suivre (j’avais l’impression d’être une clandestine qui essaye de s’incruster sous les camions ou bien partout où il y a de la place) je ne sais même pas si j’ai naïvement fait mine de me poser la question en hésitant puisque la réponse était OUIIIIIIII. A vrai dire elle aurait été exactement la même s’il me l’avait proposé dès notre rencontre : ça me semble évident. Pourtant, j’ai été surprise de constater récemment en échangeant avec lui qu’il ne le savait même pas sur le coup ! C’est là que je le crois naïf : il n’était pas certain que je souhaitais venir chez lui alors que de mon côté c’était limpide, ou du moins je n’avais pas fait de mystère sur mes intentions ! Comme quoi, on n’envoie parfois pas exactement les signaux que l’on croit envoyer… Je mesure dans cette situation que les choses ne proviennent pas forcément de ce que j’appelle sa naïveté puisqu’il est fort probable que j’ai malgré moi contribué à son incertitude en n’étant pas forcément communicative.
Nous sommes donc allés chez lui où nous avons continué à discuter. Monsieur avait un peu faim, il a donc mangé un morceau. Nous nous étions retrouvés à une heure à laquelle (je crois que ce devait être 19h) les gens « normaux » (comprendre par là jeunes et pas spécialement affamés) n’ont pas encore mangé donc c’était normal… De mon côté, impossible d’avaler quoi que ce soit : je ne m’explique d’ailleurs pas le fait d’avoir le ventre noué mais dans le même temps ne pas ressentir de gêne ou me sentir mal. Sur le coup, j’étais très bien même si un peu (beaucoup) timide je pense. Je crois que l’on a pas mal discuté avant de passer à autre chose. Depuis que nous étions rentrés nous étions attablés à des tabourets en hauteur et l’on se faisait donc face. Il n’y avait donc pas eu d’étape canapé (le meilleur allié des rapprochements progressifs). A un moment j’étais debout, il s’est mis derrière moi, a enroulé ses bras autour de ma taille et m’a embrassée lorsque j’ai tourné la tête vers lui. Voici le léger déclic qui a fait passer l’échange du stade d’interaction courtoise à une étape plus étroite. Ce qui me surprend finalement est que sur le moment, j’avais le sentiment de passer par les phases « usuelles » de séduction alors que je pensais en amont de la rencontre qu’il allait en être autrement à cause de l’interface blog et du mode de contact utilisé. Je pensais que les choses allaient être moins teintées de doutes constructifs et d’incertitudes grisantes sur ce que peut penser l’autre. J’étais conquise a priori mais j’ai paradoxalement eu droit à une rencontre virtuelle presque conventionnelle (mais en bien mieux puisqu’un tri préalable m’assurait que je l’adorais et que nous avions des atomes crochus).
Rien à signaler de particulier si ce n’est qu’aucune tare physique ou psychique de part ou d’autre n’est venue entraver le déroulement des choses.
—————————————— Interlude érotico-pudibond ——————————————
Comment trouver un juste milieu entre propos olé olé et prudes à la fois ?
Je peux dire, par exemple, que les deux protagonistes concernés ont été nus dans la même pièce. Je peux également ajouter qu’ils ne portaient pas de gants. Je peux enfin préciser qu’aucun animal n’a été maltraité pendant la (longue !) séquence.
– En mode stratégique (sous-titre : en mode je ne veux pas qu’on approche Anadema) : Ce fut un fiasco. Une vraie catastrophe : ce garçon a visiblement un problème. Il s’y prenait comme si j’étais une boîte noire dont il ne connaissait pas du tout le contenu et le fonctionnement. Par moment ça a même été douloureux. J’ai d’ailleurs dû vomir juste après. En trois mots : affligeant, soporifique, pitoyable.
– En mode loyal : Je n’ai pas réalisé que c’était la première fois entre nous. C’est le genre de choses qui n’arrivent pas si souvent. J’ai eu l’impression d’économiser tous les tâtonnements (ceci n’est vraiment pas un jeu de mots !) hasardeux qui sont parfois nécessaires lorsque l’on découvre quelqu’un. Il est doux et terriblement stimulant à la fois. C’est une composition particulière dans laquelle aucun de ces deux éléments ne l’emporte. Ils sont équilibrés exactement comme il faut. Si on ajoute à cela le fait qu’il est paré d’absolument tout ce qu’il faut pour contenter n’importe qui disposé à y mettre de la bonne volonté, alors on peut se représenter à peu près les choses telles qu’elles se sont déroulées !! (si Anadema se permet d’ajouter avant publication un NDLR indiquant « Ces propos n’engagent QUE Léa » il est possible que vous n’ayez plus de nouvelles de lui (vivant) sur son blog…!)
– En mode mytho : Dès qu’il s’est approché de moi, il est tombé dans les pommes d’émerveillement. Ses yeux indiquaient : « Je n’ai jamais vu une beauté pareille, et avec tant d’intelligence, générosité, gentillesse… ». Il était tellement intimidé en reprenant ses esprits qu’il baissait le regard et n’a pas pu me regarder dans les yeux avant… au moins plusieurs heures.
———————————————— Fin de l’interlude ————————————————
J’ai donc passé la nuit chez lui mais lorsque nous nous sommes quittés le lendemain, je ne savais pas ce qu’il en était. Il ne m’apparaissait pas impossible qu’il n’ait pas spécialement envie de me revoir même si de mon côté il était assez clair que je le souhaitais. Pourtant, j’avais l’impression que je pouvais aisément me contenter de cela parce que le moment que nous avions partagé me semblait plaisant, doux, et très agréable. Compte tenu du fait que je n’avais finalement pas envisagé réellement quelque chose avec lui, les choses ne me seraient pas apparues malsaines si elles s’étaient achevées là.
Je crois lui avoir envoyé un mail le lendemain dans lequel je n’indiquais pas cela. J’ai dû maladroitement lui montrer que j’étais contente mais je ne me montrais pas insistante (promis, le mail n’excédait pas les 86 pages : raisonnable en somme…). Il m’a répondu le jour même quelque chose me laissant penser qu’il souhaitait que l’on se revoit. Mais avec lui, rien n’est jamais dit comme ça ! Il est passé par une savante explication de texte du mail que je lui avais envoyé, pour m’indiquer que oui il consentait à faire « ce que je lui demandais ».
Nous nous sommes vus à partir de là. Pendant très longtemps, je ne savais pas ce que j’étais exactement pour lui, je ne l’ai compris que récemment, ce que ma tendance à ne pas vouloir évoquer les choses qui fâchent n’a pas arrangé.
Il m’est arrivé de penser, avant d’avoir pu lui parler, au fait qu’en le contactant je devenais une des filles affublées de pseudos dont il parle sur son blog et m’interroger sur ce que cela impliquait. Cela ne me plaisait pas du tout. J’aurais aimé, je crois, que quelqu’un que je rencontre parle de moi et prenne le temps d’écrire sur ce qui a pu se passer entre nous (ne serait-ce que parce que cela dénote une implication bien que toute relative). Mais, là les choses étaient différentes puisque j’en avais déjà connaissance en amont et je n’avais vraiment aucune envie d’imaginer qu’il puisse faire de même. Au départ, étant donné que j’étais persuadée qu’il ne se passerait rien, la question ne ne posait pas. Tout simplement. Le fait d’appréhender cette rencontre au prisme de ce que j’ai pu lire sur son blog m’a trop souvent conduite à vouloir imaginer ce qu’il pouvait penser, se dire en face de moi, ce qu’il en aurait écrit en somme ! Comme j’avais pu savoir ce qu’il en avait été avec d’autres filles rencontrées, il était bien trop tentant – et même impossible à réprimer – de transposer à moi. Je ne fantasmais pas du tout ce qui se passait. Aucunement même.. La particularité de la situation était que j’avais accès à une vitrine vaste dévoilant ce qui avait pu lui arriver avant et de manière tellement détaillée. En temps normal, on ne découvre tout ça explicitement lorsque l’on se met avec quelqu’un. Au mieux on en parle vaguement mais jamais on ne prend connaissance de toutes ces choses et de cette manière-là.
Tout cela, je lui ai dit : il le savait puisque lorsque je faisais référence au blog, c’était en ces termes-là. On pourrait alors me dire « Mais c’était gros comme une maison ! Ce n’est pas sain depuis le départ ». Le seul problème, si problème on veut désigner, étant que j’ai fait connaissance avec lui par ce biais, par le blog, qui aurait pu se voir conférer une importance qu’il n’aurait pas dû avoir. Mais justement, le blog s’est progressivement effacé, ou du moins s’est vu moindrement évoqué pour passer du rang de troisième protagoniste à celui d’ « ingrédient » parmi d’autres de notre interaction.
J’ai oublié plus vite que ce que j’anticipais et l’asymétrie entre nous deux qu’avait créée le blog s’est résorbée assez vite. La relation est devenue « normale », affranchie de ses écrits auxquels « tout le monde » avait accès. Je continue pourtant de m’y référer pour le taquiner, discuter, échanger, ou sonder éventuellement. Pour répondre aux questions que je me posais en amont, je peux légitimement considérer que je ne me trompais pas en supposant une compatibilité entre nous, que nos chamailleries, nos divergences d’opinions ont d’ailleurs validé plus qu’effacé.
Depuis, les choses ont évolué (je pourrais également ajouter que je n’aime pas spécialement la couleur orange et les yaourts aux pruneaux mais ce serait hors sujet).
Notre relation se définit, selon moi, désormais comme un mélange de complicité teintée d’attirance, d’amour et d’amitié.
Ces ingrédients se calibrent différemment au gré des envies, circonstances et humeur et je ne sais quel autre paramètre encore…
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