L’intello-bandante
Lorsque je me suis inscrit sur AdopteUnMec en mai 2008, je ne savais pas encore exactement où je mettais les pieds et je me suis contenté dans un premier temps, pour que mon profil soit tout de suite fonctionnel, d’y coller les photos et le texte d’annonce que j’avais mis sur le site de rencontres JeContacte. Mon annonce, très ordinaire, était un petit texte de moins de cent mots plutôt jovial et invitant à la discussion. Si elle pouvait paraître correcte sur JeContacte, elle ne collait pas du tout à l’esprit d’AdopteUnMec, y apparaissant comme beaucoup trop classique. J’en avais bien conscience et j’avais prévu de la refaire un peu plus tard dès que j’aurais fait le tour du site. AdopteUnMec est un site de rencontres non conforme, avec une ambiance particulière et il faut en tenir compte lorsque l’on écrit son annonce. Jouer sur le second degré du supermarché, par exemple, est courant et assez bienvenu.
Je ne m’attendais pas en revanche à faire une première rencontre dès le soir de mon inscription : la rencontre virtuelle d’Annie et les premiers baisers deux jours plus tard. Du coup, je me suis retrouvé piégé avec mon annonce temporaire sur AdopteUnMec : Annie étant susceptible de revisiter ma page, cela aurait quand même été sacrément mal venu et peu délicat qu’elle y découvre une nouvelle annonce ajoutée entre-temps, mieux ficelée et détaillant mes envies, alors même que nous nous voyions et que nous étions a priori censés être ensemble. Certes, j’aurais pu simplement l’effacer. Mais il me semblait qu’il valait quand même mieux avoir une annonce ordinaire mais rendant compte du fait que je ne m’exprimais pas comme un demi-handicapé mental (ce qui constitue rapidement un atout majeur sur un site de rencontres) que pas d’annonce du tout.
Et là dessus, voilà que je reçois un jour un message d’une certaine C. :
« Niaise » ?! Argh ! Elle n’y va pas avec le dos de la cuillère et malheureusement je ne peux qu’acquiescer. Curieusement, même en sachant que son annonce est mauvaise, cela reste assez vexant de se le voir reprocher.
Je pars visiter le profil de C. pour voir à qui j’ai affaire : une jolie brunette de 21 ans. Quatre photos dont une exhibant une piercing à la langue (pfff !) et une autre une cigarette (beurk !). Pas très souriante mais un joli décolleté et un air assez glamour. Une annonce bien écrite comme pouvait le suggérer son mail et où elle s’y décrit comme bohème et fêtarde. De bons choix culturels. Par contre un poids de cinq en dessous des deux derniers chiffres de sa taille en centimètres, ce qui est quand même un peu juste à mon goût. Globalement, j’ai affaire à une jeune femme charmante, intelligente et intéressante, je ne vais donc pas avoir à lui sous-titrer mes propos et j’en suis ravi.
Pour répondre à sa petite pique, je choisis de reprendre la structure de son mail et de lui écrire en conséquence :
Sur mon profil, je m’étais domicilié dans un arrondissement aléatoire de Paris, ce qui a pu lui faire croire que nous étions voisins. Je lui ai donc précisé un peu les choses dans mon mail en en profitant pour relativiser les distances. A Paris, tout le monde habite à côté de tout le monde, de toute façon. Non ?
Une heure plus tard environ, je reçois un nouveau mail de sa part :
J’aime bien son ton et son côté espiègle et elle semble avoir autant d’humour que moi, ça me change des niveaux de conversation très « premier degré » que j’ai pu rencontrer sur les autres sites de rencontres gratuits.
Malgré tout piqué au vif par son tout premier mail, je me sens un peu obligé de rattraper le niveau médiocre de mon annonce en tentant de lui écrire dans l’inspiration du moment un mail un peu plus original et élaboré :
Le soir tard, je reçois un nouveau message de C. :
Ouf, me voilà lavé de mon annonce « niaise » ! Je suis content de ne pas avoir écrit dans le vide (ce qui arrive malheureusement trop souvent sur les sites de rencontres lorsque l’on est face à des métisses humains/mollusques) et d’avoir rencontré une jeune femme qui a l’air d’être un minimum dans mon trip (en appréciant une certaine forme de second degré).
Après cela, je lui ai envoyé mon adresse MSN et elle m’a ajouté le lendemain à sa liste de contacts. Notre premier échange a été très sympathique, me confirmant sa vivacité et son espièglerie. Comme cela arrive fréquemment avec les nombreux contacts que l’on se fait via les sites de rencontres, C. restera pour moi une demoiselle du virtuel et nous ne nous rencontrerons jamais. Au cours des deux mois qui ont suivi, nous avons tchatté ensemble une douzaine de fois, parfois pendant plusieurs heures. J’ai eu droit à deux reprises de la découvrir via sa webcam où, suivant son humeur coquine, elle m’a offert un petit strip-tease soft en me montrant ses seins et son petit minou unshaved. Dieu qu’on ne se lasse pas de ce genre de choses… ! Nous avions évoqué à plusieurs reprises l’idée de nous rencontrer mais nous n’avons jamais fixé de jour et ça ne s’est finalement jamais fait. Il n’y a pas de raison particulière à cela hormis le fait qu’il est vrai que j’étais tout de même déjà bien occupé entre Annie et Léa, et que ça n’a pas contribué à me rendre cette rencontre indispensable. Et C. avait aussi un côté un peu trop trash à mon goût pour me la rendre complètement attirante : un côté clopes/bières/fêtes qui ne me correspond pas trop et qui n’est pas ce que je préfère chez les femmes. Mais en dehors de ça, c’était une fille intelligente, vive, avec de l’humour. Et créative en plus, ce qui me plaît beaucoup. Ce n’est que le temps qui a espacé nos échanges jusqu’à ce que l’on arrête de discuter ensemble. Pour autant, et bien que nous ne nous soyons plus reparlés depuis le mois d’août 2008, nous ne nous sommes à ce jour pas encore retirés de notre liste de contacts MSN.