Le quotidien ordinaire d’une première semaine
Les premiers jours qui suivent une relation naissante sont ceux de la découverte et des échanges timides et balbutiants. On ne sait pas encore deviner l’autre, la période est celle de l’observation.
Annie et moi nous sommes embrassés le vendredi. Le week-end suivant, je ne suis pas disponible et nous ne nous revoyons pas. Le dimanche après-midi, elle m’envoie un SMS pour me proposer d’aller à un concert dans la semaine avec elle : « Coucou! Mercredi j’irais bien au concert d’un groupe que j’aime bien (xxxxxxxxxx) xxxx xxxxxxxxx, ça te dirait de venir? Ils ont un myspace si tu veux écouter! Plein de bisous! ». Moi qui ne suis déjà à la base pas très « concert », aller voir en plus un groupe que je ne connais pas du tout ne m’attire pas beaucoup. Mais je trouve la proposition et l’initiative mignonnes comme tout, du coup je suis un peu embêté. D’un côté, j’ai envie de passer un moment avec elle et de la laisser me faire découvrir des choses que je ne connais pas. D’un autre côté, je ne me sens pas suffisamment d’affinités avec elle pour faire un petit sacrifice et me forcer à faire des choses dont je n’ai pas particulièrement envie à la base. Face à ce dilemme, je lui répondrai demain et je tâcherai d’aller écouter son groupe entre temps.
En rallumant mon téléphone très tard le soir, je reçois un petit SMS d’Annie (image à gauche) en guise de marque d’affection. Voilà une petite attention inattendue et adorable comme tout !
Le lendemain, je fais finalement le choix de ne pas aller au concert. De toute façon, nous avons prévu de passer la soirée de mardi ensemble, ce n’est donc pas comme si je n’avais pas d’autres occasions de la voir. Je lui envoie ma réponse : « J’ai recu ton bisou en pleine nuit,en rallumant mon tél,c’était drolement bien! Alors pr le concert,je ne suis pas hyper chaud pcq je ne connais pas & j’ai ds l’idée kil est +sympa d’aller voir 1groupe k’on connait mieux. Par contre,jsuis allé écouter sur MySp. et j’avoue que ca a l’air pas mal! Bisous. ».
Sa réponse ne se fait pas attendre : « C’est comme ti veux! Je voulais t’inviter, comme ça meme si tu n’aimes pas, tu n’auras rien à regretter! Mais sinon pas de soucis on peut se voir demain soir et faire autre chose! ». Oh là là, en plus elle est gentille et elle voulait m’inviter… Me voilà avec encore plus de remords sur le dos ! Peut-être faut-il que je me laisse convaincre, après tout. Moi qui ne vais jamais voir de concerts, pour une fois ça me changerait et il y a quand même peu de chance pour que je le regrette. J’en reparlerai avec elle demain.
Mardi, elle accepte de venir passer la soirée chez moi plutôt que d’aller boire un verre quelque part. Nous avons prévu de nous regarder « The Fountain » qu’un ami m’a passé en DivX mais que je n’ai pas encore regardé. Elle, elle l’adore et a envie de le revoir avec moi. La soirée est agréable comme tout, ponctuée de bisous chastes, de DivX, de friandises sucrées et de petites caresses softs à travers les vêtements. Par contre, je réalise tardivement qu’elle n’a pas l’intention de rester passer la nuit avec moi. Moi qui y allais softement parce que je croyais avoir tout mon temps, je me suis mis le doigt… dans l’œil.
Le lendemain, puisque je me suis finalement laissé tenter, nous allons ensemble à son concert. C’est pour moi l’occasion de découvrir une des petites salles de Paris, son ambiance et son univers que je ne connais absolument pas. Tampon sur la main à l’entrée (bouaah, je n’ai pas eu ça depuis au moins mes 20 ans pour entrer dans une vieille boîte en province), nous pénétrons dans l’espace confiné. Il n’y a pas encore beaucoup de monde mais le son est déjà particulièrement fort (je regrette de ne pas avoir emmené de boules Quies). La moyenne d’âge est de toute évidence en dessous de trente ans, ce qui me surprend un peu. Tout ça me ramène quand même un peu à l’ambiance des discothèques, qui sont parmi les endroits que je peux haïr le plus. Mais l’ambiance est moins superficielle et il se dégage dans l’air un parfum de passion et de musique auquel je ne reste pas indifférent. Nous nous choisissons un endroit tranquille un peu en arrière où nous avons une vue dégagée sur la scène et où nous pouvons nous faire des bisous sans être dérangés. Si je n’irais pas tous les jours, l’expérience est intéressante et le moment sympathique : découvrir un nouvel endroit avec à son bras une nouvelle demoiselle, l’instant est plaisant. Nous ressortons un peu sourds, nous embrassons une dernière fois et rentrons chacun chez nous.
Vendredi midi, à l’approche du week-end (nous sommes donc le 30 mai, pour ceux qui suivent), je prends les devants pour proposer à Annie de nous voir samedi. Il ne s’agirait pas qu’elle me propose ce soir même, ce qui ne m’arrangerait pas vu que j’ai déjà prévu de rencontrer Célie. Et c’est sans compter sur le fait que je vais improviser dans l’après-midi un rendez-vous en début de soirée avec FemmeMariée. Jouant sur la nature de grande dormeuse d’Annie, je lui envoie un SMS :
Je suppose que c’est la première nuit que nous allons passer ensemble. Donc franchement, je me serais plutôt vu en train de passer la soirée au chaud avec Annie le nez dans sa culotte toute la soirée, plutôt que de l’entrecouper pour aller faire la queue au cinéma. Mais après tout, ça peut être sympa (et c’est un film que j’avais envie de voir), même si je redoute d’aller voir ce genre de film très attendu dès la première semaine d’exploitation, un samedi soir qui plus est. J’envoie un SMS à Annie :
Je me rends compte d’ailleurs que depuis que nous échangeons ensemble, nous avons eu très peu voire aucune allusion coquine. Moi qui suis habituellement friand de petits traits grivois, je suppose que c’est parce que j’ai senti que ce n’était pas nécessaire (pour ne pas dire : pas conseillé). Nos échanges sont à mille lieues de ce qu’ils sont avec FemmeMariée, par exemple, mais je crois que ce n’est tout simplement pas le genre d’Annie. Cela dit, je me trompe peut-être puisqu’elle a l’air d’avoir rebondi et d’être taquine. Et j’ai l’impression que son SMS est là pour me rappeler que les actes valent mieux que les promesses. Peut-être s’est-elle étonnée que je n’aie pas essayé d’aller plus loin avec elle mardi ? Peut-être a-t-elle été déçue que nous n’ayons pas fait l’amour ? Mais c’est sans compter sur le fait que je ne pensais pas qu’elle ne resterait pas…
Afin de rétablir mon honneur et ma virilité, et pour qu’elle n’aille surtout pas s’imaginer que c’est juste parce que je n’ai pas osé, je lui réponds du tac au tac par un SMS décomplexé (image à droite). Mais dommage : elle n’y donne pas suite… ce qui ne lui ressemble pas trop. Je me dis que je l’ai peut-être un peu choquée… Oh là là, pour si peu ?
Samedi en début de matinée puis en début d’après-midi, nous nous retrouvons sur MSN et nous convenons de nous retrouver assez tôt chez moi, vers 16h00. Voilà qui nous laisse une bonne partie de l’après-midi et toute la soirée pour être ensemble, soit un bon paquet de temps. Du coup, cela me fait moins regretter d’aller au cinéma, je trouve même que cela ponctuera agréablement notre soirée. Pour continuer de la tester un peu, je place à un endroit dans le tchat une petite allusion sexuelle qui lui est accessible mais elle fait plus ou moins semblant de ne pas la relever. Je crois en fait que ce n’est pas son genre ou que c’est trop direct pour elle… Dans la suite du tchat, je lui en place une seconde que je censure volontairement pour voir sa réaction :
Alors là, vraiment je suis un peu étonné. « Timide » d’une certaine manière, je veux bien. Mais pas au point de ne pas oser les allusions coquines, ce qui est plutôt de mon goût au contraire ! A l’inverse, je l’ai trouvée un peu timide mais pas non plus outre mesure. Bref, y aurait-il eu un petit quiproquo entre nous deux à ce sujet ?
Annie me retrouve chez moi et nous passons une agréable fin d’après-midi ensemble. Pendant que je lui prépare un cappuccino, je lui fais des petits clins d’œil coquins (ce qui pourrait être quelque chose du genre : « blabla blablabla blabla, puisque je ne t’ai pas encore vue toute nue… ») et je sens bien que cela la met mal à l’aise. Du coup, elle m’avoue en fait que ça la gêne de « parler de ça, alors qu’on ne l’a pas encore fait… ». Non, mais quelle enfant de chœur ! Et moi qui avait pris les signes qu’elle m’envoyait depuis peu comme une invitation à être un peu moins chaste dans mes actes et paroles ! Elle m’avouera d’ailleurs (bien plus tard) que mon SMS qui faisait allusion à ce que je regrettais de ne pas avoir fait mardi l’avait un peu embêtée et lui avait même fait se demander si je ne m’intéressais qu’à ses fesses… On est loin de mes interrogations sur un hypothétique reproche ! Comme quoi, je faisais bien de me laisser porter par l’ambiance soft, j’aurais pris le risque de la choquer. Mademoiselle Annie n’est pas habituée à « en parler avant »… Ah ? Oh ! Du coup, je fais exprès de la taquiner là dessus, ce qui lui recolle son sourire gêné.
Malgré sa prude timidité, elle a eu la bonne idée de venir avec une jolie petite jupe courte, ce qui me ravit particulièrement. Nous voilà allongés sur mon canapé à nous embrasser et à grignoter du chocolat. Comme nous avons toute la soirée devant nous, et que nous projetons en plus d’aller voir un film, je lui impose des règles précises : pas touche aux zones érogènes avant minuit. Je passe mes mains sur tout son corps, en contournant délicatement ses seins sans les toucher, en redescendant sur son ventre jusqu’à la naissance de son pubis, puis en remontant entre ses seins. Tandis que je l’effeuille et que je la chauffe progressivement, je sens son impatience et son envie de transgression grandir à mesure que je lui écarte les jambes et que je lui embrasse l’intérieur des cuisses. Je me délecte du parfum de son humidité mais je ne cède pas à ses caprices quand elle me demande de la déshabiller plus. Tout ça pour qu’Annie commence à se plaindre que je la frustre ! Au début, je prends ses plaintes pour partie de nos petits jeux mais je finis par me rendre compte que non, ça ne l’amuse pas tant que ça. Bouuh la vilaine fille ! Moi, j’aime bien faire durer le plaisir et le désir, en particulier quand on ne se connait pas encore et qu’on a tout à découvrir.
Nous tentons de nous calmer tout doucement à mesure que l’heure du départ pour le ciné se rapproche. Elle m’explique que si elle n’a rien par exemple contre le cunnilingus, ce n’est en revanche pas ce qu’elle aime le plus. Elle préfère de manière générale la pénétration, c’est ce qui lui donne vraiment du plaisir. Ah ben mince ! C’est la première fille que je rencontre qui n’est pas branchée cunni et qui préfère les préliminaires courts ! Je savais que ça existait mais je n’en avais à ma connaissance jamais rencontrée. C’est bête parce que moi, je suis justement très porté sur les préliminaires. Malgré tout, il s’avèrera que ça ne nous empêchera pas de très bien nous entendre au lit.
Frustré moi aussi et obsédé par son entrecuisse et par sa mini-jupe, nous partons au cinéma surexcités tous les deux. « Sex And The City » qu’ils disaient… Dommage, ça ne sera pas un film très chaud. Bigrement consensuel sur le fond, surtout avec un titre pareil et une telle réputation derrière. Ce que les airs lascifs d’Annie collée à moi au cinéma auront tôt fait de combler largement.
Bisous, câlins-bisous ou rien du tout ?
Le lendemain comme prévu, Annie me téléphone en fin d’après-midi et nous convenons de nous retrouver du côté de Saint-Michel à 21h00. Je dois dire que j’aime assez cette vive et spontanée progression des choses : mercredi, je tchatte avec elle. Jeudi, nous déjeunons ensemble. Et vendredi, je l’embrasse ? Je repense à mon « guide pour débutant(e) » écrit en 2005 (un autre temps) où j’y conseille le « bisou » à la seconde rencontre. Epoque où cette vive suggestion était pour moi le fruit de réflexions issues de nombreuses expériences et discussions sur le sujet, devenu une forme de théorie conclusive qui m’apparaît aujourd’hui comme beaucoup plus évidente. Ce qui ne signifie pas que je vais à mon rendez-vous les mains dans les poches : un premier bisou, c’est toujours un peu angoissant, non ? Même si les choses nous apparaissent acquises, elles le semblent toujours beaucoup moins une fois en situation. Et se déclarer, cela m’apparaît toujours comme un plongeon dans une eau froide du haut d’un haut rocher : le vertige me tétanise et noie mes envies sous un flot de pensées contradictoires.
Pendant mon trajet en métro, juste avant de la retrouver, j’envoie un SMS à Annie :
Je me demande si nous allons nous embrasser dès le moment de nous retrouver, en tout cas je l’envisage. Je n’ai plus envie d’attendre le dernier moment (dernier moment ou jamais !) comme j’ai pu le faire il y a quelques années, c’est vraiment trop bête. Je suis arrivé, je sors du métro et aperçois Annie. J’essaie d’être attentif à ce que je peux deviner chez elle au moment où je la retrouve mais je sens que c’est simplement une bise qu’elle attend. OK… plus tard, alors ! Elle me propose d’aller au Paradis du Fruit, et nous nous installons confortablement à une petite table près de la terrasse où nous sommes tranquilles. La nuit tombe, la fin du mois de mai est chaude et nous sommes biens. Nous discutons de choses et d’autres pendant que nous goûtons mutuellement nos cocktails. Je la trouve toujours aussi souriante et spontanée. Elle a un côté ingénu qui la rend attendrissante et craquante.
Une heure ou deux passent, lorsque je lui propose d’aller nous balader le long de la Seine pour profiter de la douceur printanière. Nous nous levons et partons marcher. Ca me laisse l’occasion de reluquer avec plus d’aisance sa silhouette et ses jolies fesses. Elle me raconte sa vie, ses déboires familiaux (c’est fou d’ailleurs à quel point nous avons tous très souvent des climats familiaux préoccupants), ses péripéties de provinciale exilée à Paris, et j’écoute tout ça avec mon insatiable curiosité. Je finis par jouer le jeu de l’horrifié qui n’attend qu’une chose : fuir par la première bouche de métro venue. Elle fait semblant d’être vexée et j’en profite pour me rapprocher d’elle pour la réconforter. Je lui lâche la taille et nous nous prenons par la main. C’est un peu plus loin que nous nous arrêtons pour nous embrasser. Sa timidité lui colle un sourire gêné.
Il est un peu plus de minuit lorsque nous rejoignons la station de métro Châtelet. Je lui demande si elle veut venir terminer la soirée chez moi. Elle hésite… et finalement me dit qu’elle va rentrer chez elle. Dommage ! Je me conforme à son choix et n’insiste pas. Nous nous embrassons une dernière fois et nous séparons. Les premiers bisous, c’est euphorisant. Je lui envoie un petit SMS (image à droite) pendant que j’attends mon métro. Toujours le dilemme féminin : faut-il coucher ou pas le premier soir ? Tiraillées entre le désir naturel d’un côté et les morales culturelles (serais-je une salope ?) et l’envie de se faire désirer de l’autre, les femmes hésitent. Je ne suis pas à quelques jours près, de toute manière. Se découvrir progressivement, ça fait partie du jeu et ça participe au plaisir.
Je suis encore dans le métro lorsqu’un peu plus tard, je reçois un SMS d’Annie (image à gauche) qui m’annonce qu’elle est arrivée chez elle. Nous avons eu le temps pendant la soirée de rediscuter du petit épisode d’Hiroshima. Sans lui dire que ça m’avait choqué, je lui ai expliqué où je voulais en venir (si j’avais su que ça ferait autant débat sur ce blog, j’aurais retenu ce qu’elle m’en a dit !). Je n’aurai donc pas l’occasion de voir ce soir l’étendue des dégâts chez elle, ce pour quoi je me serais volontiers porté volontaire.
Je suis vraiment ravi de cette rencontre qui s’est admirablement bien passée. Pour une première depuis des années (2005, tout de même !), cela me redonnerait presque une foi aveugle dans les sites de rencontres. « Presque », heureusement.
Trop d’attente sur le panneau d’affichage lumineux. Je sors du métro pour terminer à pieds. Il fait encore chaud et une petite promenade me permettra de me laisser immergé un peu dans le doux enthousiasme que m’a laissé notre baiser. Je reçois un nouveau SMS d’Annie :
Quand même, j’aurais bien aimé qu’elle rentre avec moi. Nous aurions même pu dormir ensemble sans forcément faire l’amour. Ca peut être très amusant. Je ne le lui ai pas proposé, je n’avais pas envie d’être insistant là dessus, cela m’aurait paru lourd. Et puis, c’est une grande fille : c’est à elle de savoir ce qu’elle veut. Je rentre chez moi et pose mes affaires. J’allume une lumière tamisée et m’étends sur mon canapé. Je prends mon téléphone et envoie un SMS à Annie pour lui dire que je suis rentré :
Quelle délicate attention qui, si elle est virtuelle, n’en est pas moins délicieuse. Je lui réponds dans la foulée :
Histoire de bombasse et de bombe A (pour les cons)
Anadema, toujours prompt à la générosité, vous propose aujourd’hui un post spécial. Parce qu’il n’y a aucune raison pour que la partie la moins favorisée intellectuellement de son lectorat n’ait pas accès elle aussi à ses textes et à leur compréhension, et afin de lutter contre ce qui est une forme injuste de discrimination naturelle, Anadema, dans sa bienveillante condescendance, a souhaité offrir à ses lecteurs une seconde version – plus abordable – du post Histoire de bombasse et de bombe A, expurgée de concepts trop subtils et de discours trop directs. Anadema souhaite également s’excuser auprès de tous ceux qui se sont sentis comme les exclus du débat parce qu’ils n’avaient pas les outils de la compréhension. Et il espère que cette version accessible à tous sera digne de leur acuité.
Afin de faciliter encore la lecture, les mots présentant un astérisque ont une définition en bas de post et des repères-clés disséminés dans le texte permettent de reconnaître les concepts importants.
Annie et moi, on est content parce qu’on s’est dit ce qu’on pense de notre rencontre et c’est clair qu’il y a moyen avec elle. Alors on ne parle plus de quand on va se revoir, et on se met à se dire sur MSN tout ce qu’on aime comme musique et comme film. Lol ! Et on se dit plein de noms de groupes et de titres de films (et elle m’envoie presque dix MP3s !). Ca fait genre une heure qu’on tchatte comme ça et au moment où il est minuit, en fait je vois que je peux entrer sur AdopteUnMec. Ils abusent parce qu’il y avait marqué quarante minutes d’attente alors que j’ai attendu carrément plus ! Donc quand même, là je le dis à Annie sur MSN :
Du coup, je me dis qu’il faut aller voir sur AdopteUnMec parce que si elle me dit ça, c’est qu’il doit sûrement y avoir une raison. Eh bien oui, il y en avait bien une : Annie en fait me parlait sur le tchat d’AdopteUnMec et je ne l’avais pas vu lol !
Bon c’est vrai qu’on s’est pas mal moqué des wesh qui parlent comme aç et je faisais genre je suis vénère. Et ce n’est jamais bien de se moquer des autres. Surtout que s’ils parlent comme ça, c’est parce qu’ils n’ont pas eu la chance d’avoir des études, que leur famille était trop pauvre ou qu’ils ont habité dans des quartiers défavorisés*. Donc s’ils ne savent pas bien écrire, on ne peut pas leur en vouloir, peut-être que eux, ils auraient aimé être bons à l’école. Donc oui c’est vrai, on s’est moqué. Mais une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal, et là ça nous a fait bien délirer. Ca défoule et puis c’est pour de faux. (> fiche philo n°1 : peux-t-on rire de tout ?). Et aussi, c’est histoire on se détend tous les deux car je rappelle qu’on est content car on s’est dit qu’on se plaisait juste avant. Entre nous, c’est juste du badinage*. Et bref, là dans tout ça, on est encore en train de tchater sur MSN en même temps qu’on tchate sur AdopteUnMec. On parle sur deux tchats différents et on a des tons différents vu qu’on fait les faux relous sur AdopteUnMec mais qu’on reste nous-mêmes sur MSN en étant normal. Et donc on se dit ça :
Alors en fait, quand j’ai dit en « 1940 ou en 1950 », je voulais m’amuser à lui dire que peut-être la bombe n’avait pas encore explosé chez elle (bon y’avait pas de bombe mais vous comprenez le truc !) et que donc ce n’était pas si grave lol. Je croyais pas qu’elle comprendrait pas. Mais c’est vrai qu’il était tard et tout, et après une journée de boulot, on n’a pas toujours envie de se prendre la tête et de devoir réfléchir à des trucs. Mais c’est vrai qu’avec l’impression que j’ai eu en la voyant le midi, j’ai remarqué qu’en fait elle doit être souvent hyper prise par son travail dans sa tête parce que ça n’a pas l’air d’être trop le genre à se prendre la tête avec tout un tas de pensées. Alors là avec Hiroshima, je vous dis pas ce que j’ai pensé !! Et vraiment ce n’est pas bien de penser des choses pareilles parce qu’on est tous différents et que ce n’est pas bien de juger les autres sur le physique ou sur le cerveau. (> fiche philo n°2 : y a-t-il des différences intellectuelles entre les gens ?). Et puis, même si c’est pas Einstein (et tant mieux, je veux pas d’une meuf avec une moustache mdr !!!!), elle est quand même hyper sympa et ce n’est pas de sa faute si elle n’a pas fait des masses d’études. (> fiche philo n°3 : y a-t-il une part d’inné dans l’intelligence ?).
Après faut être honnête, c’est vrai que dans un couple, faut quand même être un mimimum sur la même longueur d’ondes et être sur les mêmes délires et tout ça. Genre avoir un peu le même humour ou la même façon de voir la vie, ou même triper sur les mêmes trucs en général. Comme ça, ça permet de partager plein de choses, c’est vachement plus sympa (> fiche philo n°4 : L’amour est-il aveugle ?). Donc parce que là, je vois bien le genre de filles que c’est quand même, j’en ai rencontré pas mal des comme ça et en fait elle est hyper cool c’est pas trop le problème mais j’aime bien moi genre me taper des discut’ sympas avec ma p’tite meuf de temps en temps, et là je sais pas trop mais je le sens pas. (> fiche philo n°5 : Qu’est-ce que l’expérience ?). Alors c’est sûr, je vais pas me marier demain mais bon, même si ça dure pas des masses, ce serait cool que je la sente mieux que ça. Sinon je vais trop me faire iéch.
M’enfin bref, je viens juste de la rencontrer et tout, donc j’ai le temps de voir comment se présente l’affaire. Parce qu’elle est bien charmante et tout, et si je suis pas des masses convaincu par sa tête de linotte*, j’ai grave envie de la voir en culotte ! (> fiche philo n°6 : Le désir est-il coupable ?).
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Les mots les plus difficiles :
– Badinage : action de plaisanter avec enjouement* et légèreté.
– Défavorisé : privé d’un avantage, déshérité, pauvre.
– Ecervelé : qui est sans cervelle, sans jugement.
– Enjouement : disposition à la bonne humeur, à une gaieté aimable et souriante.
– Etourdiment : à la manière d’un étourdi, sans réflexion.
– Tête de linotte : personne écervelée*, agissant étourdiment* et à la légère.
© Le Petit Robert 2001