Pris dans l’enthousiasme de notre envie réciproque de nous revoir, notre conversation sur MSN devient légère et vire au zapping sommaire de nos goûts en musique et cinéma (elle m’envoie même une petite dizaine de MP3s). Du coup, Annie et moi ne parlons même plus ni de notre rencontre ni de notre prochain rendez-vous : les actes valent désormais mieux que les paroles. Au bout d’une heure, à minuit précisément, les portes s’ouvrent pour moi sur AdopteUnMec. C’est bien plus que les quarante minutes d’attente initialement annoncées. Il semble que ce ne soit plus les heures de pointe et que je sois désormais autorisé à me connecter. J’en profite pour l’annoncer à Annie :

Hein ? Je retourne voir ma page sur AdopteUnMec et je me rends compte qu’Annie est en train de m’y parler sur le tchat :

Je dois reconnaître qu’elle a de la répartie et qu’elle est sacrément douée ! Pendant que nous avons ce sympathique échange sur AdopteUnMec, nous poursuivons en parallèle notre conversation sur MSN :

Je dois avouer que cette histoire d’Hiroshima m’a assez choqué (en plus de me confirmer ce que j’avais tendance à craindre). Parce que ce n’était pas une manière pour moi d’essayer de la mettre en boîte : je voulais juste faire un trait d’esprit amusant en réponse au sien. Et je me souviens même avoir voulu écrire « en 1944 ou en 1945 ?! » et m’être dit, déjà, qu’elle risquait de prendre ça pour un piège, au cas où elle confondrait avec la date du débarquement… Du coup, mes dates rondes simplifiées 1940 et 1950 me paraissaient ne plus laisser de confusion possible, tant il me semblait que tout le monde savait situer le bombardement d’Hiroshima pendant la seconde guerre mondiale. Et même sans en connaître la date exacte, avec un peu de réflexion, il n’était pas bien difficile de voir où je voulais en venir. La conséquence de tout ça, c’est que ça m’oblige à adapter mon discours (cf. « Nagasaki ») et que ce n’est pas franchement stimulant.
Il est important de faire la distinction entre ce qui tient de l’érudition et ce qui tient de la culture générale basique. Parce qu’en deçà d’une certaine base, c’est la discussion elle-même qui est simplement impossible. Les lacunes et le manque de réflexion interdisent les conversations fines. Et le fait que je me sois retrouvé à hésiter sur le choix des dates sur MSN en dit long sur ce que je perçois déjà à travers elle.
Bien sûr, elle n’en est pas moins charmante et gentille. A défaut d’une pénétration d’esprit, peut-être est-ce par la pénétration de corps qu’Annie m’illuminera par son éloquence.
(à suivre)
Je reste assez épaté par la rapidité de cette rencontre que j’ai pu faire grâce à AdopteUnMec, lequel a initié la première de mes rencontres hors Meetic de ce type. Et gratuitement, qui plus est ! Voilà qui me fait revoir les préjugés que j’avais sur les sites gratuits que j’imaginais laids et inefficaces.
L’après-midi se passe et je repense à mon dejeuner en compagnie d’Annie. Moi qui m’étais imaginé qu’elle n’oserait pas montrer le bout de son nez avant des semaines lorsqu’elle m’avait avoué qu’elle n’avait jamais fait de rencontres par le biais d’Internet et qu’elle était plutôt frileuse à l’idée de rencontrer quelqu’un en vrai trop rapidement, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me propose de nous voir le lendemain même, après un seul échange ! Quelles impressions m’a laissé cette rencontre ? Pour ce qui est des choses positives, je l’ai trouvée charmante et naturelle. Elle a de jolis cheveux blonds et fins, un sourire et un regard juvéniles, elle est plutôt mince comme j’aime. Son enthousiasme et sa spontanéité dégagent une certaine fraîcheur de vivre. Je n’ai pas véritablement de choses négatives à dire sur elle si ce n’est que je l’ai peut-être un peu surestimée intellectuellement en raison de sa qualité d’écriture. Peut-être qu’à force de voir des mots de quasi-illettrés sur les sites de rencontres, la moindre phrase ponctuée et accentuée m’apparaît comme un coup de génie ? Tout de même, elle est vraiment loin d’être bête : disons simplement que c’est une fille à l’intelligence ordinaire. Celle de monsieur et madame tout le monde, celle de la majorité. Alors forcément, ça risque de limiter un peu nos conversations. Mais cela me plairait quand même bien de la revoir : je l’ai trouvée vraiment gentille, sensible et délicate, elle dégage une sensualité féminine et un côté sucré qui me plaisent et qui éveillent mon désir.
Difficile en revanche pour moi de savoir ce qu’Annie, de son côté, a pensé de notre rencontre. Elle et moi ne nous sommes pas envoyé de SMS dans l’après-midi qui a suivi notre déjeuner ensemble, donc aucun moyen de ce côté d’avoir des indices. Le moment de vérité, ce sera donc quand nous nous recroiserons sur Internet. Je ne sais plus exactement si je lui ai envoyé ou pas un SMS en début de soirée pour lui dire que j’espérais la recroiser sur le site (je n’ai pas tout sauvegardé), mais elle m’a envoyé un SMS vers 22h00 pour me dire : « Je me connecterai vers 23h je pense :-) Tu seras encore là? ».
Lorsque je rentre chez moi le soir (assez tard), je tente de me connecter sur AdopteUnMec pour voir si Annie est en ligne. Mais impossible d’accéder à mon espace : je me retrouve bloqué à l’entrée avec quarante minutes d’attente annoncées ! Quoi ?! Quarante minutes ??!! Mais qu’est-ce que c’est que ça ???!!! Evidemment, j’ignorais tout à ce moment là de la restriction d’accès qu’impose AdopteUnMec sur certaines plages horaires afin d’empêcher un trop grand déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes connectés. Plutôt que d’accueillir un nombre bien trop excessif d’hommes qui n’auraient plus que peu de chances de se retrouver ajoutés dans le panier d’une demoiselle, le site de rencontres préfère barrer les hommes à l’entrée et les inviter à patienter. Si l’intention est louable, cela n’arrange franchement pas mes affaires : je comptais sur AdopteUnMec pour retrouver Annie sur le net et discuter à chaud de notre rencontre. Car je ne risque pas de la voir sur MSN, vu qu’elle m’a dit qu’elle ne se connectait « pas souvent ». Bref, cela m’embête pas mal : je ne voudrais pas qu’elle croit que je fais exprès de ne pas me connecter sur AdopteUnMec pour l’éviter, alors que c’est tout le contraire. Et je ne voudrais pas voir repoussé trop loin notre nouvel échange, au risque que l’enthousiasme de la rencontre retombe comme un soufflé, et que l’on reparte à zéro.
Je lui envoie un petit SMS pour la prévenir que je suis interdit d’AdopteUnMec, je n’ai plus qu’à attendre sa réponse. Je me connecte également sur MSN mais je n’ai pas d’alerte comme quoi quelqu’un m’a ajouté. Peut-être a-t-elle oublié de copier mon adresse sur le tchat d’hier ? Je tente tout de même d’ajouter l’adresse Hotmail qu’elle fait figurer sur son blog dont elle m’a donné l’adresse. Moins d’une minute plus tard, Annie apparaît sur MSN ! Ah ! Et elle m’envoie un message :

AdopteUnMec qui ne fonctionne pas, l’adresse MSN erronée… On n’était pas loin de jouer de malchance ! Maintenant que ces détails techniques sont réglés, passons aux choses sérieuses et voyons ce qu’elle a pu penser de notre rencontre et si surtout elle a envie que l’on se revoie :

Elle plaisante en me disant que si elle avait rempli la partie sexo, elle n’aurait eu que des charmes de gros pervers, ce à quoi je lui réponds que j’en suis peut-être un (mais pas gros, au moins !). Annie me raconte qu’il y a des mecs qui mettent des photos de – je cite – « ce qui leur sert de cerveau ». Il semble que la modération du site soit perfectible pour laisser des hommes réussir à afficher le contenu de leur caleçon ! Notre conversation part ensuite sur le cinéma et ses goûts. Elle m’envoie des liens vers des images de son film qu’elle trouve longuet mais splendide. Elle m’envoie aussi quelques morceaux de musique de groupes qui lui plaisent (et que je ne connais pas). La conversation est légère et agréable comme ça pendant une heure.
(à suivre)
Notre conversation se termine à 23h00 pile, lorsqu’Annie part se coucher. On ne peut vraiment pas dire que ce soit une couche-tard ! Certes, si elle doit se lever très tôt le lendemain matin, c’est assez compréhensible. Mais du coup, émoustillé et pas prêt, moi, à aller me coucher (tout seul), je n’ai pas envie plus que ça d’en rester là. Conjuguant ma curiosité naturelle, ma propension à fouiner, et mes talents d’internaute averti, me voici parti sur Google à la recherche d’indiscrétions sur elle. Je vais la googler. Au cas où…
On n’imagine pas à quel point, grâce à Google, il est possible de trouver tout un tas d’informations sur quelqu’un avec vraiment peu d’éléments de départ. Mode d’emploi pour googler, donc : le pseudo sur AdopteUnMec d’Annie est celui qu’elle reprend dans l’adresse de son blog. Je peux en déduire que c’est un pseudo attitré. Sur son blog, elle indique son adresse MSN qui ressemble, elle, à un autre pseudo. Me voilà avec deux pseudos sur lesquels commencer mes recherches. Je teste avec les pseudos seuls, l’adresse email complète, avec ou sans son prénom puis avec des combinaisons de tout ça. Je tombe sur plusieurs profils sur divers forums qui de toute évidence lui correspondent. Je parcours les messages qu’elle a écrit et je trouve des informations, notamment sur ses passions, sa perception des choses et quelques unes de ses occupations égrenées ici et là au cours des six ou sept dernières années (eh oui, l’activité d’Internet, ça commence à remonter à loin !). De fil en aiguille, en trouvant de nouveaux mots-clés et de nouveaux liens, je finis par tomber sur deux choses un peu plus intéressantes : un skyblog abandonné qu’elle écrivait quand elle avait 19 ans, consacré à un groupe de musique qu’elle apprécie (ou appréciait) et un vieux journal intime qui remonte à l’année où j’ai commencé mon blog ! En 2003, elle avait… 18 ans. Aucun doute possible sur l’identité de leur auteur : il y a des photos sur le skyblog, et des détails extrêmement précis sur la page du journal intime.
Pour qui ne serait pas très familier d’Internet et pas très à l’aise avec l’outil informatique en général, tout ça pourrait ressembler à une enquête de police geek et pathologique. En réalité, c’est vraiment très simple. Et copier-coller une suite de mots-clés dans Google, ce n’est l’affaire que de quelques secondes, pour un résultat souvent fructueux. Pour un internaute expérimenté, ce genre de recherches tient même du réflexe pour ne pas dire du bon sens. Car il s’agit surtout de savoir lancer des recherches judicieuses et de savoir repérer les résultats pertinents. Faites donc attention à ce que vous laissez traîner sur vous sur Internet !
Sur le skyblog de mademoiselle Annie, je trouve quelques photos d’elle lorsqu’elle était encore teenager (elle me semble d’ailleurs un peu plus ordinaire que sur ses photos d’AdopteUnMec (quoique ça dépende des photos)) ainsi que des petits bouts de textes sur sa passion pour son groupe de musique. A défaut d’y trouver une grande littérature, son blog n’est heureusement pas dans l’inénarrable style « skyblog »… Ouf ! Sur son autre site, son journal intime, s’il y a très peu d’articles, c’est beaucoup plus intime et mignon : elle y parle de ses différentes histoires de coeur dans un ton juvénile. Je ne saurais ne pas vous en faire profiter avec quelques petits extraits (où je n’y ai changé que les prénoms) :

Ponctuation et orthographe d’origine. On peut donc dire qu’elle écrit de manière soignée. Ce genre d’enthousiasme subit pour des petites histoires de coeur, cela m’a rappelé quand j’avais cet âge. Moi aussi, je m’emballais à l’excès pour des histoires de filles. Et des petits détails sur le registre de l’affectif étaient à même de remplir de couleur ma journée entière si ce n’est ma semaine. Moi-même d’ailleurs, j’essayais de tenir un journal intime papier (Internet n’existait pas vraiment encore) et ce que j’y écrivais y était dans le même ton adolescent un peu futile. A cet âge, les premières émotions amoureuses révolutionnent la vie, la remplisse d’optimisme et de jovialité, tout y est vécu de manière profonde et intense. Une éternité que je n’ai pas été transporté comme ça.
Un dernier petit extrait dans le plus pur style ado :

Ahah ! Elle n’imagine certainement pas une seconde que je suis tombé sur ce journal. Peut-être même qu’elle en a vaguement oublié l’existence. Je me garderai bien en tout cas d’y faire allusion demain au déjeuner, je ne voudrais pas la mettre mal à l’aise (voire qu’elle croit que je suis un psychopathe qui l’a traquée sur le net…).
C’est à 12h15 précisément (jeudi 22 mai 2008) près d’une station de métro que nous avons rendez-vous ensemble. Pour une fois, je ne suis pas en retard. Mais cela fait longtemps que je n’ai pas fait de rencontres comme ça et je suis tout de même un peu nerveux. D’ailleurs, c’est une inquiétude concernée essentiellement par le physique. Le blabla et la séduction, au fond, c’est peu de choses. Beaucoup se joue sur le premier regard et les premières impressions. Ce n’est pas de ne pas savoir quoi lui dire qui m’inquiète mais plutôt la possibilité de ne pas lui plaire ou de la décevoir physiquement. Parce que dans le regard de l’autre, c’est notre estime de soi qui est remise en jeu. Je monte les marches et sors de ma station de métro. Je jette un oeil autour de moi pour voir si je l’aperçois. Je crois qu’elle est arrivée quelques minutes plus tard, retardée par son travail. Je l’ai reconnue facilement. Nous nous faisons la bise et partons en quête d’un restaurant. Je la trouve quand même un peu moins bien que sur ses photos d’AdopteUnMec mais elle est tout aussi souriante et spontanée. C’est une fille féminine et naturelle comme je me l’étais imaginé. Comme nous sommes à côté de son lieu de travail, elle connaît bien les environs et me propose un restaurant japonais pas trop éloigné.
C’est l’heure du déjeuner et le restaurant est assez rempli. Comme cela arrive souvent, la place que l’on nous propose par défaut est quasi collée à une autre table où deux jeunes femmes sont en train de manger. Détestant ce genre de promiscuité imposée, je demande s’il n’y a pas une table un peu plus isolée et on nous en propose finalement une de quatre sans personne autour. Ouf, c’est beaucoup mieux ! Bonjour l’intimité si lorsque je parle, ma voisine de droite est plus près de moi qu’Annie elle-même ! Et drôlement embarrassant si dès que nous parlons d’AdopteUnMec et de notre rencontre, nous récoltons deux spectatrices des tenants et des aboutissants.
Tandis que nous croquons nos pièces japonaises, nous parlons de diverses choses : sites de rencontres, passions, travail. Annie est aussi gentille que l’impression que j’en avais eu sur le tchat. Souriante et naturelle. Elle m’avoue être timide et être un peu troublée (par la situation de notre rencontre). Comme j’aime l’implication et les confidences, je trouve cela mignon comme tout. Je trouve qu’elle fait très jeune. Physiquement d’abord et mentalement ensuite. Si dans le premier cas c’est plutôt bien, dans le second ça me gêne un peu plus. Malgré ses 23 ans, elle a un côté un peu insouciant et naïf. Je ne la sens pas non plus particulièrement cérébrale. Bref, il n’est pas impossible que je me sois un peu laissé abuser par son écriture fine et correcte. L’habit ne fait pas le moine (ni la syntaxe l’académicien). Mais je n’en suis pas moins content de ma rencontre : je trouve à Annie un côté glamour et spontané qui lui donne du charme et qui me plaît. Ce n’est certainement pas la femme de ma vie, mais peut-être une jolie rencontre légère et éphémère ? En tout cas, je ne serais pas contre.
Après une petite heure passée ensemble, nous nous levons de table et payons chacun notre part. Nous sortons dans la rue et faisons une partie de notre chemin ensemble. Elle ne peut pas rester plus longtemps car elle reprend son travail tout de suite. Nous n’avons pas parlé de notre rencontre et je ne sais pas trop ce qu’elle a pu en penser de son côté, si je lui ai plu ou pas. Nous nous faisons la bise et nous saluons. Peut-être que j’ai plaisanté sur un « à plus tard, peut-être… » en jouant les malotrus en puissance. Elle m’a fait un dernier sourire qui m’a un peu donné le sentiment que nous nous reverrions et nous nous sommes quittés.
Le suspens est entier, lorsque connecté sur AdopteUnMec, on reçoit une alerte nous prévenant que quelqu’un est en train de visiter sa page. Une petite carte apparaît sur le côté avec un pseudo et une photo. C’est à ce moment que l’on retient son souffle et que l’on espère avoir la chance qu’il se passe (enfin) quelque chose : que l’on soit ajouté au panier ou que l’on reçoive une autorisation de contact : bref, que l’on nous sorte du monde du silence auquel on est condamné sinon.
La première visite que je reçois me ravit comme un enfant qui découvre que son jouet à piles fonctionne. Je n’ai plus qu’à attendre et à regarder, ou visiter quelques profils et griller les cinq « charmes » quotidiens auxquels j’ai droit en choisissant des filles qui me plaisent. Le pouvoir étant entier entre les mains des femmes, quand on reçoit une visite mais qu’on n’est pas ajouté au panier, le message est clair et sans ambiguïté : on n’a pas assez plu… Du coup, quelque part, toute visite qui reste sans suite revient à être éconduit ! Ce qui n’est pas le cas des femmes qui, lorsqu’elles ne reçoivent pas de « charme » de la part d’un visiteur, peuvent très bien se dire que c’est juste parce qu’il ne lui en restait plus en réserve… AdopteUnMec est définitivement un site pour les femmes, elles y sont érigées en reines.
C’est au bout de deux ou trois visites le jour de mon inscription que je reçois ma première alerte d’ « ajout au panier ». Arf, je ne pensais pas que ça irait si vite ! Coup de chance ? Je m’empresse d’aller visiter le profil de la demoiselle : Annie. C’est une fille de 23 ans, mince et de taille moyenne. Elle est jeune mais j’aime bien. Elle a l’air particulièrement jolie sur ses photos : elle a un côté pur, teenager, très « sucré ». En plus, ses photos sont nettes et belles, comme sur Badoo. Ca me change des photos blafardes d’apprenti-monstres de JeContacte. Pas de texte d’annonce sur son profil, mais quelques champs renseignés sur ses goûts artistiques : si nous n’avons pas forcément les mêmes goûts, ils ne m’apparaissent en tout cas pas incompatibles.
Puisque je suis ajouté à son panier, je peux supposer que je lui plais et qu’elle va donc être motivée à me répondre. Comme elle est en ligne et que j’ai désormais le droit de la contacter, je passe par le tchat et lui envoie un petit mot. Le tchat sur AdopteUnMec était (et est toujours, je crois) une hécatombe : d’une part, les messages n’arrivent pas forcément correctement, il faut actualiser sans cesse la page en recliquant sur les alertes de messages. Donc bonjour la communication et les quiproquos. D’autre part, il y a (avait) des problèmes avec les caractères : « j’ai l’impression » apparaissait de part et d’autre comme ceci : « j\’ai l\’impression » ! Sympa… Avec tout ça, une des réactualisations du module de tchat m’a fait perdre les tous premiers mots que nous nous sommes échangés. Mais en substance, ça s’est passé de la façon suivante :
Je l’ai abordée par quelque chose du genre : « Tu es ma première cliente ». Elle m’a répondu que j’étais son premier produit dans son panier et qu’elle venait de s’inscrire. Je lui ai demandé si cela lui plaisait de pouvoir mettre des hommes dans un panier, elle m’a répondu que oui mais qu’elle était sceptique vu les profils qu’elle visitait. Je lui ai demandé ce qu’ils avaient, s’ils faisaient « premier prix ». Le style d’AdopteUnMec est un joli prétexte pour trouver un premier sujet de discussion original et jouer sur le second degré du site. Je trouve même que cela facilite une certaine spontanéité et un ton léger qu’on ne trouve pas sur Meetic, par exemple, où il est difficile de trouver une accroche un peu originale lorsque la personne que l’on aborde n’a pas d’annonce sur son profil. La conversation se poursuit dans le même ton :

Ahah ! Voilà qui ne peut que me faire rire, moi qui suis obsédé par ces caricatures de garçons capables de raconter tant de choses affligeantes pour arriver à leurs fins.
Je vois tout à fait ce qu’elle veut dire. Rencontrer quelqu’un, ça implique déjà plus de choses et il peut être difficile et fastidieux de devoir faire face à quelqu’un d’insistant qu’on ne voudrait plus revoir. Peut-être qu’un certain nombre de garçons veulent griller les étapes en avançant le rôle de chacune d’elles : ce n’est plus à la première rencontre qu’on voit si ça colle mais dès les échanges sur le net. Et donc, si on prévoit de se rencontrer, c’est pour qu’il y ait quelque chose à la clé. Et dans la même logique, inutile de perdre du temps en paroles : on regarde le profil, on dit si ça colle. Et si oui, on se voit et on couche ensemble. Définition basique du plan cul où la part de relation humaine est réduite à sa plus simple expression.
D’ailleurs, peut-être cette lourdeur des hommes est-elle à l’origine (entre autres) du zapping irrespectueux des filles qui ne prennent pas la peine d’expliquer leurs intentions et de dire au revoir lorsqu’elles souhaitent supprimer un contact de leur liste. Mais évidemment, ça n’excuse rien. Tous les hommes ne sont pas comme ça. Il ne viendrait à l’idée de personne de trouver normal d’être méprisant vis à vis d’un mec de banlieue au prétexte qu’en banlieue on trouve en effet beaucoup de racailles. Et de la même manière que ces premiers sont énervés à raison quand ils sont victimes de ce genre de préjugés, je ne trouve pas plus acceptable et correct d’être zappé sans mot dire.
Cela dit, elle n’a pas dû tomber sur beaucoup de garçons intéressants pour en avoir un tel avis général négatif. Mais si elle n’y a pas été longtemps inscrite, il est probable qu’elle est tombée en priorité sur des serial-contacteurs, ceux qui sautent sur tout ce qui est du sexe opposé. Par contre, elle a l’air d’avoir un avis précis sur le problème de l’après-rencontre-réelle. Est-ce que ça colle avec le fait qu’elle m’a dit qu’elle n’avait jamais rencontré personne par ce biais ?
En tout cas, cette Annie me plaît, et en plus elle écrit bien : c’est ponctué, accentué et orthographié. Ca me change de ce que j’endure ailleurs, où le simple fait de voir une suite de plus de cinq mots constitue déjà une prouesse intellectuelle.
Pour répondre à sa petite tirade sur les implications sous-jacentes à la rencontre, je lui fais mon petit numéro de blaireau que j’aime tant :

Nous parlons un peu de nous et de ce que nous faisons dans la vie. Elle est hôtesse dans une boîte, se passionne en parallèle pour quelques activités créatives. Elle me parle de ses origines du sud ouest de la France et de son arrivée assez récente en Île-de-France. Elle me donne le lien de son blog où elle y expose ce qu’elle fait. Evidemment, je ne lui donne pas l’adresse du mien…
Cela fait déjà deux heures que nous tchatons ensemble lorsque je profite d’une mièvrerie de ma part pour recommencer à jouer à faire le blaireau :

Nous nous mettons au point sur l’heure et le lieu où nous allons nous retrouver le lendemain et terminons notre conversation :

Je suis vraiment content de me retrouver avec un rendez-vous avec cette charmante Annie. Ca a été rapide et spontané. J’espère qu’elle ne tombe pas dans le piège de l’idéalisation. Je suis en train de me demander si je n’ai pas mis une « trop jolie photo » sur mon profil, qui est issue de la sélection des meilleures notes obtenues sur Badoo. Parce que je n’ai pas envie de me retrouver avec une grimace sur son visage lorsqu’elle va m’apercevoir… D’autant plus que je n’ai pas fait de rencontres virtuelles classiques (via des sites de rencontres) depuis… aaaah… novembre 2005 !! Une éternité ! Pas sûr que je sache encore m’y prendre (si tant est qu’on puisse considérer que je savais déjà m’y prendre à l’époque…).
Entre parenthèses, il me faudra tout de même par la suite apporter quelques bémols au fonctionnement d’AdopteUnMec, histoire que l’on ne croit pas que le site est à ce point « efficace ». C’est sans doute ici un ensemble de circonstances qui ont joué en ma faveur.
Mais bon tout de même : classe, AdopteUnMec ! Design. Gratuit. A peine inscrit que j’ai déjà un rendez-vous avec une jolie fille le lendemain midi… Je suis… épaté !