Mercredi 21 décembre 2005
Je crois que peu de gens informés diront que les sites de rencontres sur Internet n’ont pas d’avenir (j’ai d’ailleurs acheté des actions Meetic !). Internet est dans l’air du temps, il offre une méthode de rencontres inédite qui n’a pas de concurrents sérieux. Les « agences de rencontres » à l’ancienne n’auront jamais le centième d’adhérents d’un site comme Meetic alors qu’elles coûtent 5 à 10 fois plus cher dans le meilleur des cas.
La rencontre sur Internet est un art neuf. L’ampleur d’un site comme Match, Meetic ou Netclub réduit les comparaisons possibles avec le bon vieux temps du minitel rose (ou moins rose) où le prix prohibitif et l’outil en avance sur son temps rendait la chose élitiste (et pas dans le meilleur des sens). Comme tout art neuf, il est donc hautement perfectible.
Dans la vie de tous les jours, nous sommes amenés à rencontrer en priorité des gens de notre milieu ou dans notre « trip » (par nos amis, notre travail, nos lieux de prédilection, etc.) et c’est cet écrémage bénéfique qu’on ne retrouve pas aujourd’hui sur Meetic où tout le monde est mélangé et où il est difficile voire impossible de faire une sélection de membres par affinités profondes. La prédominance va au physique : je peux sélectionner une fille par sa taille, son poids, sa silhouette, sa couleur de peau/yeux/cheveux mais pour ce qui est d’affinités plus « intellectuelles », je n’ai que son niveau d’études, sa profession, sa religion et… ses revenus comme outil de recherche ! Autant dire qu’à part pour la religion, ça compte pour du beurre : on ne se résume pas à son niveau d’études et encore moins à son salaire.
J’ai donc toujours pensé qu’il restait beaucoup à faire dans le monde de la cyber-rencontre. Il faut aller plus loin dans le décryptage des affinités, poser de vraies questions plutôt que de demander si on préfère la cuisine italienne à la chinoise, ce qui n’a aucun intérêt. Ce qui raproche les gens (et les amoureux), c’est en général leur vision du monde et leur conception du quotidien. Sur Meetic, à moins de visiter chaque fiche individuellement et de lire chaque annonce en priant pour qu’elle soit rédigée correctement pour que je puisse y sentir des indices d’affinités, je n’ai aucun moyen d’avoir une sélection de filles qui aient un minimum d’affinités avec moi. Autant le côté physique est développé, autant le côté intellectuel est quasi esquivé.
C’est donc là que Meetic intervient avec… Ulteem, sa nouvelle formule « nouvelle génération » de cyber-rencontres.
Le principe est le suivant : vous vous inscrivez et vous répondez à pas moins de 98 questions diverses et variées sur votre comportement amoureux ou social. Votre profil psychologique est alors analysé automatiquement et des profils d’hypothétiques partenaires vous sont proposés, accompagnés d’une estimation chiffrée en pourcentage de vos… affinités ! Dès lors, pour être autorisé à voir une photo ou écrire un message à quelqu’un, vous devez d’abord lui faire une « demande de contact » et attendre qu’il/elle l’accepte en retour.
Cela fait peut-être un peu artificiel et inhumain d’avoir des statistiques sur des affinités, de voir que ce qui nous relie est réduit à un pourcentage. Une page de tableaux et de chiffres, c’est moins poétique qu’un beau Cupidon jouflu. Il est certain que le romantique candide criera que c’est une honte et que l’amour n’est pas une équation mathématique. Il aurait raison d’une certaine manière mais il oublierait un mot dans son allégation : seulement. L’amour n’est pas seulement une équation. Et ce qu’Ulteem propose n’est définitivement pas un amoureux servi sur un plateau ni une recette de la passion mais une tentative raisonnée de nous mettre en rapport avec ceux et celles avec lesquels nous serions le plus susceptible de vivre une histoire fondée. Et la chose n’a pas été faite au hasard : pour le projet Ulteem, Meetic a entre autres collaboré avec une équipe de psychologues et de psychométriciens.
A titre d’exemple, voici 3 questions posées lors du fameux test des 98 questions :

Je suis ravi de l’initiative de Meetic de ne pas rester sur ses acquis (déjà viables financièrement) et de tenter de faire progresser l’art de la rencontre sur Internet en innovant.
Je trouve que l’interdiction par défaut de l’accès aux photos est une bonne idée. Cela prouve qu’ils ont saisi certains avantages et travers du site « classique ». Je suis sûr qu’il nous est tous arrivé de zapper une jolie fille ou un beau garçon parce qu’il nous semblait moyen en photo alors que nous l’aurions trouvé(e) craquant(e) en « vrai ». Il est difficile de sélectionner une photo convaincante de soi. Se concentrer sur les affinités d’abord, c’est donc un moyen de ne pas se laisser divertir par des artifices. Le physique reste extrêmement important, mais en regard du site classique, il est désacralisé.
Ainsi, chaque visite de fiche s’accompagne de la possibilité de lire un rapport écrit complet sur ses affinités personnelles avec le(la) concerné(e). Ultra détaillé (trop même mais c’est plus de l’ordre du gadget pour ceux qui veulent s’amuser à aller plus loin) et pas toujours convaincant mais de l’automatisme ne peut pas être parfait.
Sur Ulteem, on ne peut visiter que les fiches proposées spécialement pour soi. Il n’y a pas la liberté de Meetic. Quand je me connecte, j’ai donc une liste de 100 filles dont mon pourcentage d’affinités varie de 79% à 66%. Petite anecdote, mon pourcentage d’affinités avec Lila est de… 74% ! Pas mal, non ?
Je reste tout de même un peu partagé sur l’efficacité d’Ulteem qui choisit à contrario de son grand frère d’esquiver complètement la partie physique. Ainsi, la fille avec laquelle je suis censé avoir le plus d’affinités (79%) fait… 74kg soit plus de dix kilos de plus que moi (en étant bien sûr plus petite). Franchement, en ce qui me concerne, une relation avec elle ne serait pas du tout envisageable et je ne cherche pas une « super bonne copine » !
Dans mes critères de recherche de demoiselle, j’ai donc le droit de choisir la couleur de sa peau… mais pas sa silhouette (ni sa taille ni son poids) ! Curieuse affaire.
Au delà de toutes les qualités et défauts inhérents à tout système de rencontres « artificielles », il faut reconnaître qu’Ulteem a du potentiel. Mais il souffre aussi de problèmes majeurs : c’est payant pour les garçons et pour les filles, ce qui va freiner considérablement ces dernières à venir s’inscrire en nombre. Et ce n’est pas donné : comptez débourser au minimum 100 Euros pour 3 mois ou… 240 Euros pour 1 an ! Certes, tout service se paie. Mais le problème est qu’aujourd’hui il semble y avoir extrêmement peu de membres et l’idée de payer un abonnement relativement cher pour ne rencontrer que des fiches fantômes (comprendre : des inscrit(e)s qui n’ont pas envie de payer et qui ne peuvent donc pas utiliser le service) n’a rien de bien excitant. Et Meetic ne peut pas lancer son nouveau site en offrant de trop longs abonnements gratuits, histoire de rassembler un panel d’adhérents actifs suffisamment grand pour motiver de futurs acheteurs, sous peine de cannibaliser les ventes de son site principal.
Comme me l’a fait remarquer Lila, de par les photos choisies pour illustrer le site, Ulteem semble plus s’adresser à des célibataires de 35-55 ans qui ont un plus gros pouvoir d’achat et qui sont prêts à payer plus cher la possibilité de se construire une vie de couple réussie.
Régulièrement connecté sur Meetic, il m’est très souvent arrivé de retomber sur la fiche de Y. parce qu’elle était en ligne en train de chatter. Un soir très tard (cela faisait une quinzaine de jour qu’elle avait coupé contact avec moi), je me décide à l’aborder sur le tchat pour tenter de comprendre pourquoi elle s’est comporté comme elle l’a fait avec moi.
Miracle, elle me répond mais m’annonce qu’elle est au téléphone. Je ne sais pas si c’est une ruse pour fuir en douce (à force d’être déçu par les autres, on finit par s’attendre à tout). Au bout d’une petite heure, la voilà qui revient :

Ses explications sont claires et sincères mais pourquoi ne lui est-il jamais venu à l’idée de me dire ne serait-ce que poliment au revoir avant de me supprimer de sa liste de contact et de m’ignorer froidement sur le tchat de Meetic comme sur le mail… ?
A force de ne rencontrer que des gens qui ont peu d’égards pour les autres et qui plaident l’irresponsabilité sur un Internet où tout serait permis, j’en viens parfois à me demander si je ne devrais pas faire comme tout le monde et « me permettre un peu plus de liberté que dans le monde réel » puisque tout le monde semble trouver ça normal. Lancer des « je suis content d’avoir fait ta connaissance » avant de plonger des filles dans ma liste noire. Leur envoyer des photos en les rassurant sur mon physique pour les séduire avant de les ignorer définitivement. Les laisser évoquer avec moi toutes les jolies choses que nous pourrions partager autour d’un verre avant de les zapper en prétextant que « oui mais tu sais, sur Internet, c’est différent… » au cas où elles auraient encore le courage de venir me témoigner leur amertume.
Vendredi 09 décembre 2005
3 jours après avoir écrit et publié fin novembre le post « Une charmante enseignante (1) », à ma très grande surprise, après un mois et demi de silence total… j’ai reçu un mail de C. !

(bien évidemment, je lui ai demandé la permission de publier ce mail).
C’est la première fois qu’une chose pareille m’arrive ! J’ai un ami célibataire qui a rencontré une fois une meetic-girl qui s’est mise à lui parler de mon blog (il n’a rien dit !) mais je n’ai jamais eu cette « chance » cocasse !
En tout cas, malgré le fait que je savais que C. allait me lire, j’ai continué à raconter cette histoire avec honnêteté, sans adoucir ni durcir le ton, telle qu’elle l’aurait été si rien de ça n’était arrivé. Chose que je lui ai confirmé par mail.
Voici pour finir une nouvelle réaction de sa part, « complémentaire » et écrite avant-hier, après la publication des deuxième et troisième épisodes :

Après m’avoir révélé qu’elle habite à près de 150 kilomètres de chez moi, devant ma plus que grande perplexité, C. joue la carte de l’humour et décide de me consoler en tentant de me démontrer en quoi je n’ai « rien à regretter » !

C’est marrant parce qu’en me disant que je « prévois bien tôt », c’est une façon de dire qu’il est trop tôt pour envisager le fonctionnement d’une relation sérieuse (ce qui en soi est juste). Sauf que la relation sérieuse étant la seule option qu’elle envisage, elle sera forcément confrontée au problème de la relation à distance en contactant des parisiens ! C’est une façon de repousser les problèmes, de choisir de ne pas voir ce que chaque chose implique. Je savais déjà que la plupart des gens n’ont aucune vision à long terme (suffit de voir le résultat du référendum sur la Constitution européenne) mais je comprends mieux comment on peut en arriver à se retrouver ruiné par un amoncellement de crédits.
Bref, chacun fait comme il veut. Je comprends que dans sa position d’isolée géographique, elle soit prête à faire certains sacrifices (je pense que je serais prêt à faire les mêmes à sa place) mais sembler ne pas comprendre ni reconnaître le problème n’est pas très honnête vis à vis de moi et je trouve ça même presque égoïste.
A partir du moment où on choisit de faire un mensonge conséquent sur sa fiche Meetic (tricher sur sa position géographique, sur son poids, sur sa taille, sur son âge, sur son niveau social, sur sa photo, …), il faut s’attendre au contrecoup que cela aura sur les « attrapé(e)s » et en accepter les conséquences. Enjoliver les choses, c’est multiplier ses chances d’être contacté mais c’est aussi s’exposer au désenchantement. C’est un retour de manivelle.
Quand on est sur Meetic, au bout d’un moment, on finit par savoir ce qu’on veut et surtout… ce qu’on ne veut pas ! Je ne veux pas de kilos en trop, pas de filles avec des enfants, pas de filles gravement névrosées, psychotiques, dépressives ou mythomanes, pas de filles qui n’ont aucune conversation et, en l’occurence ici, pas de filles qui habitent à perpète. Devoir m’organiser et mettre deux heures trois quarts pour aller chez ma petite amie (de ma porte à la sienne) n’est pas quelque chose que je peux concevoir.
Notre conversation se poursuit :

Même si je ne vois pas trop ce qu’il pourrait y avoir entre nous, je suis quand même content de voir qu’elle a envie de poursuivre au moins un peu cette conversation. D’une part parce que ça montre que je l’ai intéressée (et intéresser une fille charmante et intelligente, c’est toujours agréable !) et d’autre part parce qu’étant donné que j’ai été très clair avec elle, c’est qu’elle n’exclue peut-être pas complètement l’idée d’une histoire légère avec moi (ce contre quoi je ne suis pas, même si ce n’était pas ce que je souhaitais à la base avec elle).
Je ne l’ai pas revue connectée sur MSN de toute la semaine alors que je l’ai vue régulièrement en ligne sur Meetic. Me bloquait-elle ? Franchement, c’est à n’y rien comprendre : ce n’est pas moi qui ai souhaité que nous gardions le fil ! Me demander de rester en contact et m’envoyer sur les roses, quel manque de respect ! Je lui ai envoyé un message sur Meetic du même ordre que celui que j’ai envoyé à la « juive athée », lui expliquant entre autres que j’aurais préféré un « au-revoir ». Message qu’elle n’a, selon Meetic, jamais lu !
Sans que je ne la recroise jamais plus sur MSN, à la fin du mois d’octobre, elle m’a enlevé de sa liste de contacts… Ah que les filles peuvent être égoïstes !
Pendant que je rédigeais l’expression de mon amertume à Y. la « juive athée », C. la « charmante enseignante » était en train de répondre au mail que je lui avais envoyé quelques jours plus tôt. Voilà qui tombait à pic pour, si je puis dire, me consoler de ma déconfiture.
Cela dit, je ne fais pas partie de cette masse détestable de meetic-users qui zappent d’un contact à un autre, lunatiques, enthousiastes un jour et amnésiques le lendemain. Les individus ne sont pas des objets de consommation, ils ont droit à des égards. A ce titre, je ne peux pas virer Y. de ma mémoire, même si je le voulais. Elle contribue à la cristallisation de mon amertume.
Au moins suis-je content de voir que C. m’a répondu et que mon mail n’est pas resté lettre morte. Le temps de lire son message, elle s’est déconnectée et je n’ai pas eu le temps de l’aborder sur le tchat. Je lui ai donc envoyé un petit message en lui laissant mon adresse MSN.
Deux jours plus tard, C. m’ajoute à sa liste MSN et nous commencons à chatter. Nous parlons un peu de nous, de notre cursus et de nos ambitions et je dois dire qu’elles se ressemblent beaucoup ! Puis nous abordons le sujet de nos attentes :

C. me parle ensuite de ses rencontres Meetic et m’explique avoir été surprise par la qualité des gens qu’elle a rencontrés. Elle a dû bien les choisir. Je suis pourtant très sélectif (sauf pour la demoiselle au toutou) mais ça n’a pas été suffisant pour que je ne fasse que des rencontres « saines » !
Cela dit, elle n’a rencontré que 5 ou 6 garçons en six mois, ce qui est assez peu. Ce doit être une fille raisonnable !

J’aurai donc eu le droit à tout sur Meetic !
Je ne vais pas développer à nouveau tout ce que je pense des relations à distance, j’en ai déjà parlé ici. La vie est suffisamment courte et compliquée sans qu’on aille courir dès le départ après des histoires d’amour « impossibles ». Si personne dans sa petite ville n’est susceptible de retenir son coeur, que quelqu’un m’explique ce qu’elle attend pour partir rejoindre Paris, le paradis ! Ses amis y sont, ses prétendants y sont… Personnellement, je n’ai pas du tout envie de m’investir dans une relation qui devra me faire patienter des années avant d’être « mise à l’épreuve ».
(à suivre)