AdopteUnMec fait partie des derniers sites de rencontres gratuits sur lesquels je me suis inscrit au mois de mai dernier et que j’ai testés. Séduit a priori comme tout le monde par le côté fun et esthétique du site, je suis également un peu intrigué et mal à l’aise tout de même quand, au moment de m’inscrire, je me demande jusqu’à quel point exactement je suis censé me transformer en objet de consommation dévalorisant. Très vite, je découvre et je comprends le principe et les ressorts du site (que j’ai décrit en détail ici) : des hommes effectivement transformés en produits mais dans un second degré totalement assumé dont le trait est tellement poussé qu’il n’y a vraiment rien à y voir de méprisant. En plus de ça, derrière le délire se trouve un procédé que je n’avais jamais vu et qui permet de trouver une parade à la trop grande sollicitation dont sont victimes les femmes (et par voie de conséquence les hommes) sur les sites de rencontres : c’est à elles de choisir quels hommes peuvent les contacter, soit en ajoutant ces derniers dans un panier virtuel, soit en leur envoyant directement un message (personnel ou… automatique). Voilà qui devrait éviter que les hommes envoient en masse des messages sans obtenir de réponses en retour. Si une fille nous sélectionne, c’est qu’elle est a priori motivée à communiquer avec nous.
Dans un premier temps, pour compléter ma fiche rapidement, je mets une ou deux photos que j’ai déjà utilisées sur d’autres sites (et qui ont reçu le suffrage des filles sur Badoo) et je copie-colle l’annonce que j’avais faite sur JeContacte. Par contre, j’ai conscience qu’AdopteUnMec étant un site très particulier, cette annonce très très classique ne colle pas. Il faudra certainement que je joue sur le second degré du site et que j’écrive un message plus dans la veine de l’ambiance locale… Mais en attendant que je découvre un peu plus le site, il vaut mieux que j’aie un petit quelque chose que rien du tout, au cas où une fille visiterait ma page.
Je me promène un peu sur les pages des différents profils. Les filles sont souvent très jolies comme sur Badoo, mais elles sont largement moins stupides, comme en témoignent leurs textes d’annonce souvent plus recherchés, mieux écrits et parfois même très profonds ou très drôles. Voilà un site sacrément bien fréquenté ! C’est moins kikoolol et plus subtil tout en étant en apparence tout aussi chaud : les photos des profils sont parfois un peu sensuelles ou tendancieuses, rien à voir avec la rigueur version pièce d’identité de Meetic.
Je comprends aussi vite que dans l’ordre des choses, sur AdopteUnMec, pour un garçon ça se passe comme ça : avec un peu de chance, on reçoit une visite sur sa page (soit parce que la demoiselle la trouve via les outils de recherche, soit parce qu’on lui manifeste sa présence en visitant sa page et/ou en lui envoyant un « charme » (limités au nombre de cinq par jour)). Et avec encore plus de chance, la visiteuse trouve le profil suffisamment attrayant pour qu’il lui suscite l’envie d’accorder le droit (la chance) de la contacter (ajout au panier ou envoi d’un message, donc). C’est un peu comme dans une foire, finalement : attirer des clients potentiels à son stand pour espérer en convaincre une infime partie d’acheter quelque chose. Pas gagné, donc, surtout s’il y a plus de stands que de badauds… D’autant plus que l’on n’a pas la possibilité de rétorquer quoi que ce soit : d’avance, tout doit être sur la brochure publicitaire. Et parmi ces « électrices », produit du petit pourcentage d’un petit pourcentage de visiteuses, encore faut-il qu’une fille me plaise ! Mais gageons que je serai sélectionné par des filles qui se sentiront avec raison des affinités avec moi !
Si au départ, je saisis tous les atouts et toutes les qualités d’AdopteUnMec, je n’en connais pas encore les limites. Parce qu’en théorie, tout ça me semble vraiment bien fichu. Mais en pratique, le système fonctionnera-t-il correctement ?
C’est le jour même de mon inscription que je reçois mon premier ajout au panier, après seulement deux ou trois visites. Wouahou, mais ça marche vraiment cette histoire ?! Génial, allons voir qui c’est !
C’est le hasard des circonstances, mon rendez-vous avec Célie (16h30) se retrouve calé juste avant celui avec FemmeMariée (18h30) ! Je vais pouvoir enchaîner les deux rencontres sans même avoir à rentrer chez moi, voilà qui promet d’être stimulant !
Je suis dans le métro lorsque je reçois un SMS de Célie qui m’indique qu’elle sera en retard d’une quinzaine de minutes, ce qui m’arrange vu que je ne suis pas exactement en avance. Je suis sans doute le premier à arriver à Opéra. Vu que son téléphone ne répond pas, je pars discrètement à sa recherche en faisant le tour de la place, en espérant pouvoir la trouver avant qu’elle me trouve. Les minutes passent et je suis toujours sans nouvelles. J’espère qu’elle ne m’a pas posé un lapin, ce serait mon premier. Finalement, elle m’appelle pour me dire qu’elle vient juste d’arriver et je me dirige vers la sortie du métro qu’elle m’indique.
Ma première impression est tout de même assez mitigée. Elle est certes un peu plus charmante que sur ses photos mais elle est très maquillée et le bleu qui surligne à outrance ses yeux lui donne un air un peu vulgaire et pas futé, façon fille populaire des années 80. Instinctivement, je ressens que ce n’est pas le genre de fille que je fréquente. Mais elle est globalement souriante et sympathique comme je me l’étais imaginé. Nous arpentons le boulevard à la recherche d’un endroit pour boire un verre. Elle me propose d’aller au Paradis du Fruit mais c’est bondé et ce ne serait vraiment pas agréable d’y faire connaissance. Je lui propose le bar juste à côté dont le degré de sordidité est dans la moyenne parisienne et dont l’absence manifeste de clients est un garant de tranquillité à défaut d’hygiène. Nous nous installons et nous commençons à discuter de nous et des sites de rencontres, en particulier Badoo et Netlog que nous utilisons tous les deux. Moi qui y suis un tout nouvel inscrit, je suis encore fasciné par tout ce que j’y ai découvert, par tous les outils nouveaux qu’ils proposent à leurs inscrits et ce que ça peut impliquer dans le comportement des uns et des autres. Le vieux patron du café, dont l’humeur maussade et l’allure grossière forcent l’admiration, nous apporte nos consommations. Mon café d’une part puis ce qui est censé être le cocktail de Célie et dont il pose le verre brutalement sur la table, en renversant une partie de son contenu sur la table. Un peu de vodka, du jus d’orange à base de concentré, le tout servi dans un verre ordinaire, que peut-on avoir de mieux pour dix Euros de nos jours ? Nous parlons un peu de nous, de nos loisirs et de nos projets. Elle a l’air d’avoir une vie plutôt dynamique et équilibrée, et ne semble pas trop dépendante de son enfant. Elle sort en boîte, fait un peu de sport. La conversation est assez ordinaire mais agréable. Elle est plutôt intelligente (sans plus) mais ne semble pas plus que ça avoir d’avis prononcés sur les choses en général. Nous nous levons au bout d’une heure environ. Il s’agit pour moi de ne pas être en retard pour mon rendez-vous suivant. Vu l’arnaque que constitue le cocktail, et me sentant en partie responsable par le choix du bar, je lui propose de partager l’addition en deux. Nous rejoignons le métro, nous faisons la bise et nous séparons. Nous échangeons un dernier regard chargé d’interrogation. Nous n’avons ni l’un ni l’autre fait de commentaire sur notre rencontre ni si nous envisageons de nous revoir. Et je ne sais vraiment pas ce qu’elle a pensé de moi.
Après la fin de ma rencontre avec FemmeMariée, j’envoie un SMS à Célie :

Même si je me suis senti infiniment moins d’affinités intellectuelles avec Célie qu’avec FemmeMariée, c’est curieusement le moment passé avec Célie que j’ai le plus apprécié. La proximité entre ces deux rencontres m’a fait sauter aux yeux l’écart d’épanouissement personnel que ces deux mamans trentenaires reflètent. Tout ce que je n’ai pas apprécié chez FemmeMariée, son côté cynique, désabusé et froid, vaguement malsain, c’est ce qui m’a plu chez Célie : plus spontanée, plus amusante, plus naturelle (en dehors du maquillage) et plus de fraîcheur dans sa façon d’être. Toutes proportions gardées, bien entendu. Comme quoi, le niveau de conversation est loin de tout faire. En tout cas, il me semble que dans ce que je peux attendre comme relation avec ces filles, c’est probablement avec Célie que ce pourrait être le plus sympathique et naturel.
Le lundi suivant, je la croise sur Badoo et sur MSN mais je ne vais pas lui parler. Je n’ai pas envie de lui donner l’impression de trop avoir envie de la revoir. Elle ne vient pas me parler non plus… Les jours suivants, je ne la croise pas sur MSN et ça m’embête un peu parce que c’est là que j’aurais aimé pouvoir discuter avec elle de ce que nous avions pu penser de cette rencontre. Je peux donc supposer qu’elle me bloque. M’éviter de la sorte, ce n’est vraiment pas très délicat de sa part. J’estime que je suis en droit d’attendre un peu plus de considérations de sa part, d’autant plus que nous avions des échanges cordiaux et relativement désintéressés qui ne nous engageaient à rien. Je lui envoie un petit message sur Badoo le jeudi, en faisant comme si de rien n’était : « Arf ! Pas de chance, nous ne nous croisons pas beaucoup cette semaine ! » qui est suivi quelques heures plus tard par une réponse laconique : « c’est vrai .. ! ». C’est de mauvais augure…
Et ça ne loupe pas : dans la semaine, je découvre qu’elle m’a retiré de sa liste MSN. Je suis sacrément étonné de cette disparition soudaine. Que je lui ai déplu ne justifie pas qu’elle me zappe de façon aussi méprisante ! Je suis également déçu parce que ça m’aurait plu de la revoir, moi. Au début de la semaine suivante, puisque visiblement le contact est rompu, je décide de tenter de rattraper le coup une dernière fois et d’envoyer un mail à Célie sur Netlog. Je fais comme si je n’avais rien vu et essaie d’adopter un ton un peu léger :

Sa réponse dans les 13 minutes qui ont suivi mon mail montre bien de toute façon qu’elle est plus disponible ou joignable qu’elle ne veut bien le prétendre. Son « des bises » est plutôt positif mais je ne rêve pas : son histoire de « masse toujours plus engloutissante de taf », c’est de la foutaise. Un classique de l’excuse bidon qui me déplaît particulièrement. Et de toute façon, n’étant pas tombé de la dernière pluie, je ne m’attends pas du tout à ce qu’elle me réponde un jour malgré sa « promesse ».
Après un mois environ, il m’est arrivé à quelques reprises de lui envoyer un message sur Badoo pour tenter de lui parler :

Je ne l’ai pas recontactée à la rentrée. Je trouve toujours aussi inacceptable de se permettre de zapper ainsi les gens sans aucune explication. Je peux supposer que je ne lui ai pas plu physiquement et qu’elle n’a pas senti suffisamment d’affinités pour avoir eu envie de me revoir, mais cela ne la dispensait pas d’un minimum d’explications ou d’avoir eu au moins la décence de me prévenir qu’elle ne souhaitait plus me parler, plutôt que de m’ignorer purement et simplement. Le pire, c’est que c’est typiquement le genre de fille qui, après, va se plaindre de l’insolence des gens sur Internet, en y fustigeant l’absence de respect et l’égoïsme. De grands mots pour peu d’application en pratique. As usual.
Nous nous recroisons sur Badoo le mercredi suivant et tchatons à nouveau ensemble. Cette fois, à la fin de la conversation, elle me donne son adresse MSN :

Bien évidemment, c’est avec plaisir que je l’ajoute à mes contacts MSN. Ainsi, le lendemain soir, c’est sur MSN que nous poursuivons nos échanges et c’est à l’occasion d’un petit jeu improvisé que la température monte :

Bon, certes, j’avoue : c’est surtout de mon côté que la température est montée… Incroyable d’ailleurs comme quelques échanges libres et tardifs devant un écran peuvent parfois suffire à stimuler ses fantasmes, sans raison particulière. Cela me rappelle ce qui m’avait amené à vouloir rencontrer D. il y a quelques années. Je n’ai pas toujours été particulièrement fin et délicat avec Célie mais, au delà de toute la relative sympathie que je lui porte, l’absence de véritable enjeu me rend un peu plus joueur et un peu moins prévenant…
Nous convenons finalement d’un rendez-vous le lendemain vers 16h30 du côté d’Opéra puis nous échangeons nos numéros de portable. Et elle me demande mon prénom, ne se souvenant plus que je le lui avais donné ! Pffff, quand même !
C’est au début de mon inscription sur Badoo, lorsque ma position dans les listes de recherche me permet encore de recevoir des visites spontanées, que je fais la connaissance de Célie. Histoire que ma fiche ne se résume pas à quelques photos et quelques paramètres sur moi – ce qui m’aurait définitivement noyé dans la masse des autres inscrits – j’avais écrit deux petits articles. Ils donnaient l’occasion à mes visiteuses d’en savoir un peu plus sur mon style et ma sensibilité et de se trouver éventuellement des affinités intellectuelles avec moi. C’est donc sur le sujet de ces textes que Célie m’aborde. N’étant pas connectés au même moment, nous échangeons d’abord quelques phrases en différé :

Il nous faudra attendre le jeudi suivant avant de nous croiser sur le site et de pouvoir entamer une première petite conversation d’un quart d’heure. Entre temps, j’étais allé voir son profil pour voir à qui j’avais affaire : une jeune femme de 30 ans plutôt petite, avec de longs cheveux blonds et une jolie silhouette. Assez charmante, sans plus. Son petit texte et ses goûts affichés sur son profil me laissent entendre qu’elle est plus intelligente que je ne l’aurais pensé d’après ses photos.
Le lendemain, nous nous retrouvons sur Badoo et avons l’occasion de discuter un peu plus longtemps ensemble, pendant près de deux heures. J’en profite pour la questionner sur sa perception de Badoo dont je n’ai à ce moment qu’une opinion très partielle. Elle le perçoit plus comme un site de rencontres que comme un site de réseau social. Elle me donne également l’adresse de son profil sur Netlog où elle y met quelques photos d’elle supplémentaires et quelques petits écrits. Elle me parle de ses relations passées et m’apprend qu’elle a un enfant de six ans et demi (voilà qui fixe définitivement les limites de ce que je peux envisager au mieux avec elle). En dehors de ces considérations, elle est très sympathique, intéressante et réactive. Et compte-tenu des profils courants sur lesquels je tombe régulièrement sur Badoo, je peux m’estimer chanceux d’avoir une interlocutrice de cette qualité, capable de composer des phrases entières, ponctuées et vocabularisées…
Le lundi suivant, nous nous croisons à nouveau sur Badoo. Et notre conversation va nous amener pour la première fois à envisager de nous rencontrer :

Dans la suite de notre conversation, nous en venons à envisager plus sérieusement de boire un verre ensemble. L’idée me plaît : ce sera ma première rencontre avec une fille de Badoo (sympathique en plus), ce qui sera un sujet de discussion passionnant pour moi qui découvre tout juste ce site gratuit qui m’en a mis plein la vue. Imaginez en plus : ce sera ma première rencontre Internet hors Meetic !
Vu son âge et son enfant, je me sens tout de même obligé de lui préciser mes attentes hypothétiques en terme de relation, à laquelle elle ne risque pas de correspondre. C’est peut-être maladroit d’aborder le sujet alors qu’on ne se connaît pas et qu’il n’y a rien vraiment à envisager mais je ne connais pas ses attentes et ça ne sert à rien de risquer de lui donner des espoirs inutiles, vu que je n’ai aucunement l’intention de recomposer quelque foyer que ce soit. J’attends de cette rencontre au pire une conversation sympathique autour d’un café avec une fille de Badoo. Au mieux, une rencontre un peu plus sensuelle, s’il y a un peu de feeling. Pourquoi pas. D’autant plus que les photos bonus sur son profil Netlog sont un peu plus sexy que celles de Badoo et qu’elle a l’air d’avoir un corps appétissant.
Finalement, sa super soirée concert est tombée à l’eau. Bien fait !