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Jusque là, pas de « souci » particulier, ou du moins rien qui justifie la suite puisqu’il m’arrive d’être positivement surprise par des propos entendus, par des choses vues, ou lues… Néanmoins, je finis par imaginer des choses et fabuler sur l’éventuelle impression que je pourrais lui faire.
Je me dis alors :
– Je ne suis pas un monstre même si je ne suis pas à mon goût.
– Je ne suis pas totalement stupide même si je ne suis pas le prix Nobel que je souhaiterais être (non pas que la reconnaissance m’apparaisse comme une consécration ultime mais on part du principe qu’on ne le donne, en principe, pas aux êtres décérébrés).
– Je suis naturellement attirée par les nombreuses touches d’humour que je décèle chez lui et y suis réactive… Cependant, ce doit aussi être le cas d’autres personnes… Alors pourquoi tenterais-je de le contacter si je ne suis pas la seule (la logique de concours n’est pas des plus stimulante pour moi) ? Parce que j’ai vraiment l’impression qu’il pourrait être sensible à ce que j’ai envie de lui dire ! Du moins je m’en suis convaincue car c’est agréable à imaginer.
Ayant tendance à parfois faire des fixations, je me raisonne en me disant que malgré cette impression de singularité, il doit y avoir je ne sais combien de personnes qui ont eu EXACTEMENT le même ressenti que moi sans pour autant qu’il soit fondé. Ce que je perçois là a donc une dimension un peu universelle qui en nuance donc l’impact.
D’autre part, même si j’étais certaine de ne pas me tromper sur ma compatibilité avec lui, il faudrait alors la conjonction de paramètres que je ne maîtrise pas pour espérer aboutir à un échange quel qu’il soit : non-« obsolescence » de son blog (à en juger par la fréquence des posts, espoir au niveau 0), réactivité de sa part (je ne spoile rien en disant que ce n’était pas gagné !)…
Et enfin, je mesure amplement l’effet grossissant qu’implique le procédé par lequel j’ai « fait connaissance avec lui » : la rencontre s’est quand même faite en présence d’un seul des deux protagonistes… le deuxième n’étant même pas au courant… ! Ce qui biaise tout de même pas mal les choses…
C’est déjà trop tard, je me suis imaginé que mes divagations n’étaient pas si farfelues. J’ai déjà eu le temps d’y croire donc c’est décidé, j’y vais ! Je vais le faire. Mais faire quoi au juste ?!? J’ai mis un certain temps à arrêter un choix mais sans savoir à propos de quoi finalement… Je crois surtout que je me décidais à ne pas refouler l’attirance que je ressentais pour une personne inconnue et qui plus est une construction : une sorte de personnage fictif. Toujours est-il que je ne savais pas exactement comment j’allais mettre en pratique cette « décision ».
————————————– Interlude musical sans musique ————————————–
(appelons cela interlude-de-la-petite-voix-qui-me-dit-que-ce-je-dis-dramatise-excessivement)
Je sais, c’est un peu grotesque ce que je décris :
Étape 1 = bon allez, on se décide on se décide !
Étape 2 = ok on est décidé
Étape 3 = bon ok mais on a décidé quoi en fait ?!?
———————————————— Fin de l’interlude ————————————————
Chaque nouvelle donnée dont je prenais connaissance sur le blog militait en faveur de ma grande réceptivité à cet Anadema. Cela dit, sans caricaturer outre mesure, on peut dire que ça se résumait parfois à « Mais il a écrit qu’il aimait les asperges… et MOI AUSSI !! C’est bien ce que je pensais : on a vraiment des atomes crochus… » (pfff). Il m’apparaissait alors vraiment gênant, voire même pas tolérable de ne pas lui signifier ma présence et le fait que j’existe (je sais : assez pathétique).
Qu’est-ce que je risquais, à part écorcher ma fierté ? Pas grand-chose effectivement…
Je me suis donc concrètement décidée à le contacter.
Entre là et le moment où j’ai finalement cliqué sur « envoyer », il y a tout de même eu une étape intermédiaire qui a consisté à savoir où envoyer justement ! Bêtement à son profil Meetic ! (oui bêtement puisque je mesure la stupidité du procédé en comparaison avec celui qui aurait simplement consisté à le contacter directement).
Je ne situe pas totalement mais je suppose que j’ai dû imaginer que ce mode de contact me vaudrait moins de suspicion de la part de l’intéressé – que de passer par le blog qui arbore pourtant un attractif « pour m’écrire un mail ! » ne demandant qu’à être utilisé – au motif qu’il avait insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il n’était pas fan des rencontres avec des lectrices… N’étant pas très friande de compétition, je n’avais aucune envie de rivaliser avec d’autres filles ou autres groupies – dont je suis – et ai donc préféré opter pour Meetic. Il se trouve que je lui avais envoyé un mail par l’intermédiaire de son mail Anadema quelques temps auparavant (probablement deux jours après avoir découvert le blog peut-être, même si je ne parierais pas sur la fiabilité de ce calendrier). Le mail en question n’avait pas vocation à tenter de le séduire mais uniquement lui signifier que j’adorais son blog et que je déplorais qu’il ne soit plus alimenté. Il a d’ailleurs répondu à ce mail et je n’ai pas tenté d’en profiter puisqu’à ce moment-là je n’envisageais pas de le harponner. Aussi surprenant que ça puisse paraître au vu du reste des choses que j’ai écrites ici, cet autre mode de contact préalable ne s’inscrivait pas du tout dans la démarche que je décris ici, j’étais même passée par une adresse mail qui n’était pas la mienne : le contenu était sommaire et se résumait en un « j’aime ton blog » mais gratuit en quelque sorte et non pas « stratégique » comme ce qui a pu suivre.
Il me semble m’être dit que je n’avais pas le bagage intellectuel, humoristique, physique et autres pour réussir à susciter son attention – en tout cas par le biais de son blog – donc je me suis imaginée que le parcours plus « conventionnel » du site de rencontre sur lequel il était inscrit allait s’avérer plus facile d’accès. Paradoxal puisque c’est tout sauf conventionnel : je préfère passer par un moyen détourné pour contacter une personne à laquelle j’aurais pu directement m’adresser… ! C’est finalement aussi sensé que d’envoyer des emails à quelqu’un qui est dans la même pièce que soi au lieu de lui parler directement. Pourtant, je me disais qu’ainsi, l’éventuel contact aurait l’habillage d’une rencontre lambda, telle que celles décrites dans ses posts. Sans faire de l’interprétation de comptoir, il me semble que j’ai dû vouloir, contacter le garçon plus que le blogueur comme si en passant par le blog, j’allais être confrontée à quelqu’un de plus exigeant, de plus difficile à atteindre alors qu’en tant que fille d’un site de rencontre, j’avais plus de chances de me démarquer et de l’intéresser… Au milieu de la faune kikoulolienne, disons, ça me semblait plus aisé même si je ne suis pas en train d’affirmer que ces spécimens sont représentatifs des contacts virtuels disponibles sur ces interfaces de rencontres.
S’en est donc suivi un travail d’enquêteur (toutes proportions gardées…), très amusant au demeurant, ayant consisté à récolter à la lecture des posts des éléments sur lui qu’il ne se doutait pas avoir dispersés. Pris isolement, ils ne signifiaient pas grand-chose mais leur agencement s’avérait beaucoup plus éclairant, ou du moins suffisamment pour pouvoir établir une recherche sur Meetic sur la base de critères tels que la date anniversaire, la taille… Malgré ces indices, je me retrouvais face à plusieurs dizaines de pages de profils différents en guise de résultat qu’il a donc importé de trier méticuleusement (si je tentais, en décrivant les choses telles qu’elles se sont passées, de réhabiliter ma santé mentale auprès de ceux qui ont lu mes mails, j’ai bien conscience du fait que ce n’est pas gagné… Heureusement ce n’est pas le but…). Je suis totalement incapable d’indiquer combien de profils différents étaient alors en course. Je peux simplement dire que plusieurs recherches que j’ai tentées se sont avérées infructueuses : indices relevés sur le blog erronés (ce que je n’ai su qu’en tombant sur le bon profil). Là encore je précise, en guise de sous-titre, que je ne suis pas en train de dire que sa fiche était forcément très compliquée à trouver…
—————————- Interlude belliqueux et à tendance paranoïaque —————————-
Je vois d’ici les « D’te façon sa fiche MOI je l’ai trouvée sans me fouler alors pas la peine de romancer en faisant passer ça pour un travail d’orfèvre » ce à quoi je me contente simplement de rétorquer que pour trouver cette fichue fiche, il faut quand même avoir du temps à perdre.
Pourquoi dire cela ? J’ai été surprise, dès que j’ai découvert le blog, de constater à plusieurs reprises dans les commentaires qu’un certain nombre de personnes avaient vraiment une démarche contradictoire. Cumulant un dégoût prononcé vis à de Mister A. – qu’elles ne manquaient pas de lui signifier en commentaires – mais dans le même temps bénéficiant de temps à revendre pour trouver sa fiche sur Meetic. Que ce temps soit conséquent ou non n’est pas la question finalement. En perdre, même un tout petit peu, pour quelqu’un qui nous insupporte au plus haut point me semble renvoyer à trois choses.
Premièrement une absence manifeste de vie sociale auquel cas un certain nombre de structures d’accueil pourraient répondre à des besoins visiblement inavoués : SOS amitié ou encore j’ai-pas-de-vie-mais-j’aime-la-vie.com…
Deuxièmement, un dessein caché (et inconscient éventuellement) de trouver la « bête » histoire de lui montrer à quel point il se trompe puisqu’ « il tomberait trop facilement en extase si je lui jouais le coup de la séduction. Ca lui en boucherait un coin ! ».
Ou enfin se rassurer en se disant après l’avoir vu et détaillé en vrai : « Tout ça pour ça ! Me voilà rassuré(e), moi qui commençait à l’imaginer avec une nimbe vu l’aplomb avec lequel il s’évertue à dire des conneries pareilles. ».
———————————————— Fin de l’interlude ————————————————
Au niveau du tri des profils, la difficulté dont je me rappelle est que c’est avec beaucoup d’entrain que l’on épluche les premiers un à un. Mais, lorsque les pages défilent progressivement, ça devient beaucoup moins drôle, voire même peu gratifiant, d’autant plus que je ne savais pas vraiment quels critères devaient présider à la recherche ! Je ne savais absolument pas à quoi me fier pour écarter ou sélectionner des profils… Il me semble qu’il aurait été plus simple de tomber sur lui au hasard de pérégrinations sur Meetic plutôt qu’à sa recherche exclusive mais là, la frustration – toute relative – provenait du fait que je cherchais quelque chose d’indéfini, et qui pouvait potentiellement ne même plus exister ! Rien ne m’assurait compte tenu de l’inactivité de son blog qu’il avait encore un profil… Pour couronner le tout, même si je trouvais le bon, aucun critère ne m’assurerait que ce serait bien Anadema ! J’avais la naïveté de croire que j’allais forcément le reconnaître ! Que ça allait transparaître. Je ne savais pas comment mais ça transparaitraît !
Aussi pathétique que ça puisse sembler, c’est une des rares choses sur laquelle je ne me suis pas trompée ! Lorsque je l’ai trouvé, j’ai su à coup sûr que c’était lui. Tout militait en faveur de ça : l’annonce aurait pu s’insérer dans la continuité de son blog, les caractéristiques collaient, les dates d’inscription aussi… Et les photos ! Plusieurs !
Intérieurement j’avoue avoir espéré à un moment qu’il ait une sale tête pour que cela puisse casser tout l’enchantement. Il avait depuis que je le lisais l’apparence que je lui prêtais : celle que je souhaitais mais de manière un peu floue. Il était dans mon esprit – ce n’est pas surprenant – terriblement attirant. Je misais cependant sur le fait qu’il allait être sinon moche, du moins bof ce qui m’aurait grandement facilité les choses… Je sais m’être dit qu’il était probable qu’il se passe exactement la même chose que ce qui arrive lorsque je fonds sur la voix de quelqu’un entendu à la radio – la situation ayant ceci d’identique que « l’attraction » se base sur un seul et unique critère : la voix ou la plume en l’occurrence. J’assimile cette situation à l’exemple de la radio et le fantasme associé à l’écoute prolongée d’une voix en ce que l’on imagine dans les deux cas ce qui constitue le reste de la personne. Il m’est d’ailleurs arrivé de trouver une voix à tomber derrière le poste de radio pour ne même plus l’entendre de la même manière après avoir découvert la personne. J’espérais quelque part que c’est qui allait se passer.
Pourtant, ce n’est pas ce qui est arrivé. Il n’était même pas « Ouais ça passe » comme ce que l’on se dit de quelqu’un qui ne nous stimule pas énormément physiquement mais dont on s’accommode en ayant trouvé d’autres raisons pour. Non ! Là, il était parfaitement à mon goût et même plus que ça ! Je vais éviter de refaire le coup de l’interlude querelleur mais je précise tout de même – pour ceux que ça démangerait de dire « N’importe quoi il est top moche ! Je l’ai vu, c’est un plouc ! » – que les goûts et les couleurs s’accommodent assez peu du consensus.
Je suis certaine de m’être dit à ce moment-là que même sans cette histoire de blog, le profil était extrêmement attractif et tout à fait conforme à ce que j’aurais voulu harponner. Il était joli comme tout !
Zut.
Loin de me brider, cette découverte de sa « vraie » fiche Meetic me permettait alors de m’adresser à quelqu’un, de personnifier ma démarche, pour essayer d’établir un contact.
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