De quoi ai-je envie ?
De quoi ai-je envie aujourd’hui ? Voilà une question qui tient pour beaucoup de notre expérience personnelle et de nos réflexions sur la question des relations sentimentales. Notre conception des choses n’est pas immuable et dieu sait que la réponse a été fluctuante pour moi au cours de ces quinze dernières années.
A 18 ans, j’avais une vision très magnifiée, idyllique de l’amour. Celle des cartes postales. Pour moi, il n’était pas concevable de faire l’amour sans avoir de profonds sentiments pour l’autre ou du moins sans envisager le moindre potentiel dans une relation. Et un simple baiser suffisait à ratifier le commencement d’une relation. On était « célibataire » ou on ne l’était pas. Il n’y avait pas de place pour un entre-deux. Fort logiquement, je percevais l’infidélité comme le crime de lèse-majesté : horrible, monstrueux, impardonnable. Incompréhensible, aussi. Et il n’y avait pas besoin d’aller copuler ailleurs durant des heures pour que je considère cela comme criminel : le moindre échange de salive consentant valait pour une abominable trahison. Tous mes amis et amies avaient cette conception des choses et elle me semblait globalement l’unique acceptable. Oh, je savais bien qu’il y avait des couples libertins, des clubs échangistes et je voyais bien que l’expression de la sexualité dans « Basic Instinct » était assez particulière. Mais je ne me posais pas plus de questions que ça : je mettais ça sur le compte du Cinéma (qui intensifie les choses), et la sexualité « débridée » me semblait appartenir à un autre monde, celui des adultes (comprendre : les vieux de 30 / 40 ans). Comme un enfant qui ne soucie pas de payer sa redevance de télévision, je n’avais donc pas à me sentir plus concerné que cela.