Anadema's Story

 / SAISON 2

Blog sur les rencontres amoureuses sur Internet (et ailleurs)



Vendredi 24 février 2006

Prise de tête

S’il y a deux choses que j’ai du mal à supporter, sur Meetic ou ailleurs, c’est bien l’égoïsme et l’hypocrisie. Si les dalaï-lamas sont capables de tout supporter sans broncher, pour ma part, je ne me prive pas quand bien même ce serait inutile de dire ce que je pense quand j’en ai envie, quitte à être désagréable.

Nodie, ma bretonne parisienne, même si ça n’a pas forcément été volontaire chez elle, illustre bien ces comportements meeticiens que je déteste. Des comportements excédants qui peuvent se résumer en trois étapes :

1 > Une première rencontre concluante et un feeling partagé…

2 > Des échanges virtuels complices qui renvoient explicitement à une seconde rencontre et beaucoup plus.

3 > Une disparition (en douceur ou abrupte au choix) suivi éventuellement d’une justification classique à choisir parmi les suivantes :
– Désolé(e), je n’ai pas encore fait le deuil de ma relation avec mon ex.
– Désolé(e), je ne suis pas prêt(e) aujourd’hui à commencer quoi que ce soit, j’ai besoin de temps pour y voir clair dans ma tête.
– Désolé(e), j’ai eu beaucoup de travail ces temps ci et je n’ai pas eu le temps de me connecter sur MSN / t’envoyer un SMS. Ou variante : je n’ai pas beaucoup eu accès à Internet, ces derniers temps.

Il est à noter que ces excuses peuvent aussi intervenir en début de relation.

Nodie n’a donc pas dérogé à la règle : après une première rencontre très agréable, après son SMS me suggérant des moments intimes que nous passerons ensemble, après une invitation chez elle à passer la nuit… brusque retournement de situation.

Avec le recul et l’historique de MSN, on se rend vite compte de tout ce qui cloche dans un discours et qui personnellement m’énerve au plus haut point : Nodie s’était exclamée via MSN en me parlant d’un ex :
« il vené juste de rompre, et moi aider à remplcare quelqu’un c vraiment pas mon truc, même sil sen rendé pas compte lui que finalement cété que ca ».
8 jours plus tard, cela ne l’empêchait pas de me dire que finalement…
« écoute, pour dire vrai, si je cherche quelqu’un en ce moment c’est plus pour oublier un autre. or je pense pas que ce soit la meilleure solution et surtout ce n’est pas très honnête pour l’autre (donc toi) ».

Et encore, c’est une chance que j’aie réussi à lui soutirer ces aveux puisque je crois qu’elle ne me l’aurait jamais dit. Voilà pour l’égoïsme : ne me fais pas ce qu’il ne me dérange pas que je te fasse.

Bref, suite à notre dernier tchat, je n’ai plus eu de nouvelles de sa part, même s’il m’avait semblé que notre seconde rencontre était restée d’actualité. Tant pis, je ne cours après personne et je n’ai pas cherché à la recontacter.

10 jours se sont ainsi écoulés (pendant lesquels j’ai rencontré Clubbie et Bélina) dans le silence le plus complet. J’étais cette fois bien décidé à ne pas envoyer de message à Nodie pour lui dire tout ce que je pensais, comme j’avais pu le faire à C. ou à Y. et à la laisser tranquille. Puisqu’on m’ignore, ne sombrons pas dans la basse amertume et ignorons à notre tour.

Sauf que cette sacrée Nodie ne m’a, elle, pas du tout retiré de sa liste MSN. Il m’est arrivé de la voir quelques fois en ligne mais elle n’est jamais venue me parler. Au bout de 10 jours, j’ai fini par ne plus résister à l’envie de l’aborder pour tenter de comprendre ce qui pouvait bien lui passer par la tête et en profiter pour lui faire tous les reproches que j’avais sur le coeur. Je n’aime pas que les choses restent dans le flou, pourquoi est-ce si difficile d’obtenir des autres qu’ils soient clairs ?

Suite à cet échange, je l’ai retirée de ma liste de contacts. Je crois finalement que ce qui m’irrite le plus, ce n’est pas tant son comportement en soi que le fait qu’elle ne l’assume pas. Changer d’avis, être subitement pris de doutes, révéler un vice caché, c’est une première déconvenue… mais ne pas le reconnaître en prétextant qu’on n’avait pas d’accès à Internet pour justifier son silence ou sortir des phrases vides de sens (« je ne suis pas prête »… Croit-elle devoir se préparer à un marathon ?), cela rend le tout difficilement digérable.

Toujours est-il que je suis content qu’elle ait remarqué lors de notre première rencontre que je n’étais pas quelqu’un d’indifférent dans la vie et je partage son idée que je ne suis peut-être pas fait pour les relations amis-amants. Peut-être que j’attends de ce type de relation autant d’affinités que dans une relation normale… Il me faudra y réfléchir. En tout cas, je ne suis plus sûr d’avoir envie d’amitié sexuelle, j’ai besoin d’une vraie relation.

Je pense aussi que je devrais arrêter de vouloir planifier les choses à froid sur MSN avec des meetic-girls. Je pense que c’est une erreur de vouloir préciser de cette façon ses attentes et ses envies. Peu de filles sont capables de comprendre et d’accepter un regard aussi pragmatique sur une hypothétique relation. Il faut que je laisse les choses se faire plus « naturellement ». Cela dit, mes multiples déceptions sont pour beaucoup dans le fait que je ressens le besoin de défricher le terrain. Mais peut-être qu’attaquer la savane au bulldozer est trop radical pour se débarasser des nombreuses bêtes féroces qui y sont tapies. Trouver un juste milieu n’est pas pour moi une mince affaire.

Environ 3 mois se sont écoulés avant que je ne commence à vous raconter ma rencontre avec Nodie. Figurez-vous que malgré tout ce temps, elle ne m’avait toujours pas retiré de sa liste de contacts MSN ! Relire le début de nos échanges et devoir le retracer dans ce blog m’a rappelé de bons souvenirs (ceux de notre rencontre) et je n’ai pas résisté à l’envie de lui envoyer un petit SMS pour lui souhaiter une bonne année et lui demander ce qu’elle devenait. 1 minute plus tard, la voilà qui réapparaît sur MSN et qui me parle !

Ne pas vouloir s’attacher alors qu’on en aurait envie par peur de souffrir, c’est compréhensible mais c’est surtout très con. N’est-ce pas ce qu’on appelle les handicapés du sentiment ? Quel renoncement en la vie !

Evidemment, je n’ai également pas oublié de relever que Nodie me disait 3 mois plus tôt :
« je ne me sens pas prête à entamer une relation avec qui que ce soit »

Aujourd’hui, il s’avère bien évidemment que c’était une pure bêtise : « en faite un peu après notre rencontre, je me suis retrouvée en pleine hésitation devant 2 hommes (pas de meetic précisons) et finalement je suis sortie avec l’un d’eux pendant 2 mois environ ».

Je me demande si elle était de mauvaise foi ou si elle croyait vraiment en son propre baratin.

Pour prendre goût à l’hypocrisie, Meetic, c’est la bonne école. Je sors grandi de tout ça et voici probablement la marche que j’aurais dû suivre : j’accepte hypocritement son amitié qu’elle m’offrait gentiment, je ne la laisse pas se poser de questions et je l’embrasse. Nous avons une petite relation pendant quelques semaines. Et ensuite, je la jette en lui disant : « Désolé mais je sens que tu n’es pas prête à t’investir dans une vraie relation… ». Bien sûr, ce n’est pas mon genre mais… qu’est-ce que c’est agréable à imaginer !

Anadema - 16:24 - 76 commentaires

Vendredi 17 février 2006

La journaliste de 27 ans (2)

Suite à mon SMS, la réponse de Bélina ne s’est pas faite attendre. Visiblement, elle a pris mon message comme une invitation pressante plus que comme un simple clin d’oeil amical. Après un échange de quelques SMS, elle me fait le plaisir de me téléphoner. Rien de mieux que la parole pour bien se comprendre. Bélina a une voix que je trouve assez… comment dire… précieuse. Pas dans le choix du vocabulaire mais dans les intonations. Je l’imaginerais volontiers en comtesse potelée, la petite quarantaine. Et elle rit tout le temps. Quoi que je dise, quoi que je fasse, même si ce n’est pas drôle, elle éclate d’un grand rire syncopé : « Ha, ha, ha, ha ! ». Avoir un aussi bon public, on ne peut pas dire que ce soit désagréable :

— On peut se boire un verre tous les deux, près de chez moi. Comme ça, tu me raconteras tes nombreuses péripéties sur Meetic !
— Ha, ha, ha, ha !
— Et puis, si le feeling passe, rien ne nous empêche de poursuivre la soirée chez moi. C’est un programme sympa, non ?
— Oui, c’est vrai.
— Mais je ne suis pas plus pressé que ça. Mon SMS, c’était pour te faire un petit coucou !
— Ha, ha, ha, ha !

Nous prévoyons de nous voir le vendredi soir (dans 3 jours). Le coup de fil nous a permis de préciser nos attentes et de voir si nous avions des choses à nous dire. Je n’ai donc pas renoncé à trouver une amie-amante, avec laquelle je partagerais une complicité intellectuelle teintée de sexe. Peut-être pourrai-je trouver cet équilibre avec Bélina puisque je ne vois rien de sérieux possible avec elle. Cela dit, après ma mésaventure avec Clubbie, je n’ose plus trop me fier à mes impressions.

Le lendemain, je croise Bélina sur Meetic et nous chattons un peu ensemble. Elle me dit des choses très agréables : « Jai apprecie tavoir au tel.cetait tres sympa » ainsi que : « Et jai hate detre a vendredi.enfin si tu nas pas change davis ». Il faut souligner que Bélina n’a pas d’ordinateur et qu’elle fait tout via son téléphone portable. Vive la technologie ! Chatter sur Meetic et consulter des fiches de célibataires sur son téléphone, c’est vraiment la classe ! Mais forcément, ça limite la volubilité et la qualité de l’expression écrite. En tout cas, ça fait du bien de voir un peu d’enthousiasme, ça change de tous ceux qui se réfugient dans des armures d’impassibilité pour se protéger.

Le surlendemain tard, la veille de ma rencontre avec Bélina, j’ai le droit à une sacrée surprise de sa part dans ma boîte mail : Un laconique « Ce que je prefere chez moi » suivi de…

3 photos d’elle… nue !

Alors ça, c’est une première pour moi ! Ce sont trois petites photos prises avec son téléphone. Elles ne sont pas vulgaires et même relativement « pudiques » : de face et de profil, elles me font découvrir son corps du bas de son visage jusqu’au dessous de son nombril… mais pas plus loin. Me dévoiler ainsi sa jolie poitrine, quelle séduisante effronterie !

Surpris, touché, flatté et excité par ce petit cadeau inattendu, je m’empresse de lui envoyer un SMS pour la remercier :

Je la retrouve sur Meetic et nous chattons ensemble :

S’ensuivent quelques mots vagues et pudiques sur ce que nous aimons l’un et l’autre en général. Et la conversation se termine par quelque chose d’assez direct qui me surprend un peu :

Cette conclusion sur les préservatifs m’a donné l’impression que nous n’allions nous voir que pour baiser et qu’avant même de nous être rencontrés et d’avoir vu si nous nous entendions suffisamment pour imaginer quoi que ce soit, tout était déjà convenu d’avance. Ou peut-être était-ce pour s’assurer que je ne fais pas partie de ces hommes qui refusent d’enfiler un préservatif le moment venu ?

Arrive le jour de notre rencontre. Il est un peu plus de 20h30 quand je sors de la douche et que je me rends compte que j’ai reçu 2 SMS. Le premier a été envoyé il y a une demi-heure, je ne l’avais donc pas entendu arriver :

Tout de même ! Cela fait 3 jours que nous évoquons ce rendez-vous, je ne vais pas l’annuler sur un coup de tête sans la prévenir ! Cela dit, au vu de tout ce qui traîne sur Meetic et de ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter, je comprends son excès de prudence. A force d’être au contact de gens instables et méprisants, on en devient paranoïaque et excessivement précautionneux.

Bref, j’ouvre mon second SMS :

Aaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhh !!! Mais ce n’est pas possiiiiiiible !! Comment est-il possible que je me retrouve dans des situations dramatiques à chaque fois ? Aurais-je été marabouté ? Que va-t-il encore m’arriver ? Le vice va-t-il être poussé jusqu’à ce que je me retrouve dans un lit avec un travesti ? Tandis que toutes ces questions me traversent l’esprit, je saisis mon téléphone et tente de l’appeler en panique. Son téléphone sonne dans le vide et je tombe sur sa messagerie. Sept ans de malheur !

Dépité, je commence déjà à me résigner et à me préparer psychologiquement à l’idée de passer encore une soirée tout seul. Après les disparitions de la juive athée et de la charmante enseignante, la vilaine métamorphose de la bretonne parisienne, l’horrible mépris de Clubbie et l’énième lapin qu’a osé me poser la dépressive femme de 37 ans, l’avant-veille… le sort semble définitivement s’acharner contre moi.

Je trouve quand même étonnant que Bélina ait cru que je lui posais un lapin et qu’elle l’ait pris aussi bien que ça sans m’injurier ou m’envoyer au diable. Pour ma part, je crois que je blacklisterais immédiatement une personne qui me ferait un coup pareil.

Soudain, mon téléphone sonne : c’est Bélina ! J’apprends qu’elle était (également) sous la douche et qu’elle n’a pas entendu mon appel. Comme elle n’est pas encore partie chez son amie, après nous être expliqués sur cet horrible malentendu, notre rendez-vous est maintenu. Youpiiiii ! Plus que jamais, j’ai besoin d’une rencontre qui « fonctionne ».

Il est 21h30 quand Bélina et moi nous retrouvons. Nous nous dirigeons vers un café sympa. Je la trouve moins jolie que sur sa photo sur Meetic. Mais elle est souriante et agréable, me regarde dans les yeux et a des choses à me raconter : dire que ça me change de ma rencontre précédente serait un euphémisme. Je crois que j’en suis à un point tel que je remercierais presque Bélina de simplement accepter de m’adresser la parole et de ne pas me cracher au visage en m’insultant.

Nous discutons deux petites heures. Nous parlons un peu de tout : nos péripéties meeticiennes, nos vies, nos projets. Sur ma demande, elle me raconte son histoire compliquée avec son ex qui l’a trompée et quittée pour une de ses meilleures amies. La soirée, sans être exceptionnelle, est calme et agréable.

Nous sommes tous les deux partants pour poursuivre la soirée chez moi. Je paie l’addition et nous nous levons. Chose qui m’a intrigué : elle a eu l’air de trouver tout à fait normal que je lui offre son verre et ne m’a même pas remercié ! C’est la première fois que ça m’arrive. D’habitude, je dois insister pour tout payer et je n’y arrive souvent qu’en proposant de me faire offrir un verre en retour lors d’une hypothétique seconde rencontre.

Nous arrivons chez moi et discutons encore un peu. Puis elle vient vers moi et prend l’initiative de m’embrasser.

La soirée se poursuit dans un climat plus chaud que quelques heures plus tôt. Elle a mis de jolis dessous sexys : des bas noirs, une jolie guêpière qui multiplient agréablement les étapes du déshabillage. Je suis quand même obligé de la retenir un peu pour qu’elle ne se déshabille pas trop vite. J’aime que les choses durent, surtout la première fois.

Bélina est une fille épanouie sexuellement, aux ressources sexuelles variées (surtout pour une première nuit). Cela dit, elle est un peu trop expressive dans son plaisir (on va dire qu’elle a du coffre) et n’a pas forcément le type de sensualité que je recherche. Même si tout dépend du contexte, quand on ne se connaît pas encore bien, je crois que je préfère finalement la tendresse à la variété. Non pas qu’elle ne soit pas tendre mais elle ne l’est pas vraiment comme je l’aime. Ce sont aussi les sentiments et la complicité qui donnent une dimension particulière au plaisir qui ne se borne plus à un simple échange masturbatoire. Le plaisir a été là mais était-ce réellement jouissif, au fond (sans jeu de mots) ?

Quelque part, je me suis senti seul, très seul. Je me suis demandé si ce type de relation pouvait vraiment m’apporter ce que je tentais d’y trouver.

Le lendemain matin (ou midi, plutôt), je nous ai préparé un bon petit déjeuner et nous avons discuté de choses un peu moins générales. J’ai senti un certain décalage entre nous dans notre appréhension du monde, plus que je ne le pensais la veille. Pas les mêmes questionnements, pas les mêmes ambitions, pas les mêmes désirs. Cela n’empêche pas que Bélina est très agréable et est tout le temps prête à rire. C’est une fille épanouie et positive, sincère et sensible. Cela me lave toutes ces filles hypocrites, indécises et mal dans leur peau que j’ai croisées sur Meetic dernièrement. Nous nous sommes quittés sur un petit bisou et la promesse d’une nouvelle rencontre.

Anadema - 14:27 - 47 commentaires

Dimanche 12 février 2006

La journaliste de 27 ans (1)

J’avais fait la connaissance de Bélina pendant le mois de septembre sur le tchat de Meetic mais on ne pouvait pas dire que ça s’était extraordinairement passé :

Elle n’avait rien répondu et, comme la plupart du temps sur un site de rencontres, nos échanges s’étaient arrêtés là en tout et pour tout.

Si même les journalistes se mettent à écrire en langage SMS, je crois que je ne suis pas sorti de l’auberge pour réussir à rencontrer quelqu’un d’intéressant sur le web. On pourrait me rétorquer que ce n’est pas un signe de bêtise que d’écrire comme un enfant en classe de CE1, que c’est au contraire hyper tendance. La seule tendance que ça me procure, c’est l’envie de m’éclipser. Au concours de handicap, si on veut jouer les dyslexiques avec moi, je veux bien faire le sourd et muet.

Bref, ma courte conversation avec Bélina s’est perdue au milieu des autres et je l’ai très vite oubliée.

Un mois plus tard, le 15 octobre (soit quelques heures avant mon horrible rendez-vous avec Clubbie), voilà Bélina qui revient me faire un coucou sur le tchat de Meetic :

« salut ! apparemment il semble que nous ayons déjà tchaté ensemble mais comme je n’en ai aucun souvenir.j reviens vers toi car ta fiche me plaît.pourrait-on faire connaissance? »

Les stats de Meetic nous permettent d’avoir l’historique de ce que nous avons fait sur le site et avec qui. Elle a dû retrouver ma fiche ainsi. 1 mois s’était passé et j’avoue que moi-même, j’avais tout oublié de notre première conversation.

Toujours est-il que le langage SMS a fort heureusement disparu et nous discutons une petite heure ensemble. Nous parlons chacun de nos attentes sur Meetic. Elle est sympathique et très conciliante dans la mesure où je lui fait remarquer qu’elle est un petit peu trop corpulente pour moi et qu’elle se dit prête à faire des efforts :

Je trouve mignon comme tout son envie de faire des efforts même si je préfèrerais qu’elle le fasse pour elle et non pour moi. Il faut être avant tout bien dans sa tête et bien dans son corps et je pense que c’est une erreur de se forcer à être différent pour quelqu’un d’autre. En revanche, si elle veut mincir comme moi je voudrais m’épaissir, pour être plus séduisant en général, alors c’est bienvenu.

La conversation se termine et elle me donne son numéro de téléphone. La semaine suivante, je lui envoie un SMS :

(à suivre)

Anadema - 12:16 - 45 commentaires

Samedi 04 février 2006

La pire de mes rencontres (2)

Le lendemain à l’heure du déjeuner, Clubbie me retrouve sur MSN. Elle m’explique que c’est un souci de connexion et non une fuite en douce qui a abrégé notre conversation de la veille. Je suis tellement habitué aux vilains coups « meeticiens » que le contraire ne m’aurait pas étonné plus que ça. Nous chattons ensemble une petite heure puis passons au téléphone. Sa voix est agréable, elle est intéressante et semble avoir de l’humour. Elle me raconte quelques péripéties de sa vie quotidienne. De temps en temps (on est samedi), elle rouspète contre l’un de ses enfants qui fait une bêtise. On ne peut pas dire que j’ai l’habitude de discuter avec une meetic-girl mère !

C’est amusant, les enfants : notre conversation a bien duré une heure et, face à l’attention de leur maman sollicitée par un autre qu’eux, les enfants n’ont pas arrêté de lui poser des questions ou de s’arranger pour la déranger. Son petit garçon s’est même exclamé au bout d’un moment que ça ne lui plaisait pas d’entendre sa maman rire au téléphone avec un inconnu. Elle m’a confié avoir été un jour choquée quand ce petit bout de chou de quelques années seulement lui avait dit avec le plus grand naturel du monde que si elle rencontrait un homme, il ferait ses valises et partirait !

Si Clubbie ne sera pas la femme de ma vie, il est prévu que nous nous voyions dans quelques semaines, quand ses enfants seront en vacances avec leur père. Nous passerons une soirée ensemble et plus si affinités. A défaut d’une relation amoureuse, l’idée de lier une amitié sensuelle solide, de partager des pensées et des câlins me plaît beaucoup. Reste à savoir quel équilibre pourrait trouver une telle relation si nous nous sentions suffisamment sur la même longueur d’onde.

La journée passe et mon rendez-vous avec Nodie est annulé, me laissant une seconde fois sur le carreau. En tout début de soirée, je retrouve Clubbie sur MSN. Comme j’en viens à lui raconter mes histoires de la journée, elle me propose très gentiment de venir boire un verre chez elle :

Sa proposition est mignonne comme tout, d’autant plus que ses enfants sont chez elle et que c’est donc une invitation dénuée d’arrières pensées. Je pense que c’est vraiment ce qu’il me faut pour oublier mes récents déboires sur Meetic : une soirée agréable à converser, sans ambiguïté aucune. C’est l’occasion d’un premier contact qui n’engage à rien et qui nous permettra de voir si nous collons suffisamment ensemble pour avoir envie de nous revoir.

                                                            *  *  *  *  *

Par le passé, Anadema a constaté que l’exposition de sentiments intimes était incomprise et trop violente pour beaucoup de gens. Afin de ne pas heurter la sensibilité de son public, Anadema, dans sa grande générosité, a décidé aujourd’hui d’offrir à ses lecteurs 2 versions différentes de la même histoire, que chacun choisira selon sa sensibilité :

Clubbie habite à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, le trajet en voiture ne me prend qu’une petite heure. Au téléphone, elle me guide sur les derniers mètres, me donne le code de la porte d’entrée de son immeuble ainsi que son numéro d’appartement. Je raccroche et prends l’ascenseur.

J’ai tout de suite senti que quelque chose clochait : Clubbie n’était pas là pour m’accueillir à sa porte, elle l’avait laissée entrouverte et vaquait à ses occupations dans son salon. Devoir rentrer tout seul comme ça dans une maison qu’on ne connaît pas, cela donne le sentiment désagréable d’être un intrus et de ne pas être attendu.

Je devine que les enfants sont en train de dormir dans leurs chambres et je lui lance un petit bonsoir de loin. Elle finit tout de même par se diriger vers moi, sans particulièrement sourire. Je ressens un certain malaise, on ne peut pas dire que l’accueil soit chaleureux. Nous nous faisons la bise, échangeons quelques mots et passons dans le salon. La télé est allumée sur une série policière naze et, visiblement, elle n’a pas l’air décidée à l’éteindre.

Mais où est donc passée la demoiselle communicative avec laquelle j’ai parlé au téléphone dans l’après-midi ? Nous parlons un peu mais c’est moi qui doit mener la conversation et l’entretenir sous peine d’être remplacé par la télévision. Peut-être que je ne lui plais pas… Et alors ? Je ne suis pas venu pour baiser !

Dans son style, physiquement, c’est une jolie femme : cheveux courts, plutôt masculine. Elle ressemble à Cécile de France dans L’Auberge Espagnole. Selon sa propre expression, elle se considère comme une boule de nerfs et, effectivement, au delà du fait qu’elle enchaîne les clopes, on sent chez elle, par sa façon de bouger et de parler, un certain stress résiduel.

J’arrive tout de même à lui faire raconter quelques unes de ses histoires. Elle me parle de sa rencontre catastrophique avec un meetic-boy qu’elle avait invité à dîner avec un de ses amis à elle. Le jeune homme était vexé de ne pas être seul avec elle, ne parlait pas et, en plus d’être moche, s’accrochait à elle tant et si bien que ce fut une chance que son ami soit là parce qu’elle n’aurait probablement jamais réussi à le faire partir toute seule. En dehors de ces quelques récits personnels, Clubbie n’est pas très bavarde.

N’étant pas habitué aux monologues, je pars sur divers sujets pour tenter de l’intéresser et de lui donner envie de dialoguer. Par exemple, me posant ces temps ci beaucoup de questions sur l’intérêt de la fidélité dans une relation à long terme, je lui fais part de diverses réflexions que les uns et les autres m’ont apportées, lui expose mes propres analyses et fait un rapprochement avec sa propre vie sentimentale : puisque sa relation passée, malgré 2 enfants, a débouché sur une séparation, n’est-ce pas parce qu’une relation exclusive (au sens : fidèle) s’avère rarement fructueuse ? La relation sentimentale ne devrait-elle pas être axée sur une fidélité de coeur plutôt que de corps pour durer dans le temps ? Je n’ai personnellement pas de réponse à ça, ce sont des questions ouvertes et je suis curieux de recueillir ce qu’une jeune mère redevenue célibataire peut penser là dessus. Voici exactement sa réponse : « Ah oui non mais moi, j’ai 30 ans, j’ai passé le temps de me poser des questions. » Que voulez-vous répondre à ça ? Le pire, c’est que toutes les conversations ressembleront à peu près à ça.

Je comprends effectivement vite que nous ne sommes pas du tout sur les mêmes longueurs d’ondes : elle apprécie TF1 en général et Arthur en particulier alors qu’il est pour moi l’empereur des personnalités vomitives du petit écran. C’est pour moi un signe que je ne développerai pas ici. Clubbie est aussi une authentique clubbeuse : elle fréquente assidûment les discothèques et s’y éclate avec ses amis toute la nuit jusqu’à 5 ou 6 heures du matin. Moi qui n’aime pas me détendre en me vidant la tête, il apparaît entre Clubbie et moi une effarante différence d’appréhension de la vie qui fait que je ne peux même pas envisager quelle que discussion que ce soit. Mais comment est-il possible que je ne l’aie pas détecté plus tôt ?

Une chose me met particulièrement mal à l’aise depuis le début : elle ne me regarde jamais dans les yeux, que ce soit elle ou moi qui parle. Son regard ne croise jamais le mien plus d’une seconde, montre en main. Je ne crois pas avoir jamais vécu ça. Je ne suis pas un playboy mais je ne suis pas immonde au point de provoquer une répulsion pareille, interdisant qu’on me regarde en face. Afin de briser la glace, d’autant plus que mes sujets de conversation s’amenuisent à mesure qu’ils rencontrent du vide, je le lui fais délicatement remarquer. Elle m’explique que je ne suis pas le premier à lui dire, que c’est sa personnalité, qu’elle « fuit le regard des hommes », que c’est comme ça.

Je n’ai plus grand-chose à dire et le silence couvert par le bruit de la télévision finit de m’ôter toute inspiration. Le malaise est pour moi autant inattendu que palpable. Est-ce que je lui déplais à un point tel qu’elle ne veut même pas me parler ? Je tente en dernier ressort de la laisser s’exprimer sur ce qu’elle pense de notre rencontre, comment elle me trouve. Je ne vais pas être déçu : elle me trouve trop maigre, pas assez viril. Elle aime les hommes plus costauds. Voilà qui est clair… Comme je ne suis pas à son goût, ça ne l’intéresse pas de parler avec moi ? J’en déduis que son invitation n’avait rien de l’amical dont elle m’avait parlé sur le tchat et que son ouverture d’esprit et sa cordialité n’étaient que des façades. Il ne me viendrait jamais à l’esprit de faire des réflexions pareilles, aussi indélicates, à une fille que je rencontrerais pour la première fois et de la mépriser d’une façon pareille sous prétexte que je ne la considèrerais pas baisable. Au moins, cette fois, je ne lui reprocherai pas d’avoir été hypocrite et je dois reconnaître qu’elle a suscité chez moi l’envie désespérée de faire de la musculation pour prendre de la consistance. Mais quelle salope !

Sentant de plus en plus qu’elle n’attend qu’une chose, c’est que je parte, je la remercie pour son invitation et me lève. Elle me raccompagne à la porte et je pars rejoindre ma voiture. Nous ne nous sommes pas fait la bise.

J’ai fait le trajet de retour dans un état peu enviable. Faire 2 heures de voiture pour passer une soirée détestable avec quelqu’un qui n’a rien à vous dire et qui ne semble qu’attendre que vous partiez, c’est particulièrement déprimant. Rencontrer une connasse dénuée d’intérêt, c’est déjà relativement horrible. Mais se faire en plus rejeter par elle, cela vous fait vous sentir en dessous d’une merde, vous ramène à un état de sous-être méprisable qui mérite tout juste d’exister.

Je suis rentré chez moi éteint, à l’état de larve, avec une libido tombée à zéro. Je n’ai même pas eu le temps de rentrer chez moi qu’elle m’avait déjà retiré de sa liste MSN…

   

Clubbie habite à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, le trajet en voiture ne me prend qu’une petite heure. Au téléphone, elle me guide sur les derniers mètres, me donne le code de la porte d’entrée de son immeuble ainsi que son numéro d’appartement. Je raccroche et prends l’ascenseur.

J’ai trouvé facilement sa porte qu’elle avait laissée entrouverte pour que je puisse rentrer. Puisqu’elle vaquait à ses occupations dans son salon, je suis entré tout seul. Le fait de ne pas être accueilli à l’entrée m’a un peu surpris mais, après tout, chacun fait comme il veut. Même si c’est elle qui m’a invité, j’espère que je ne la dérange pas.

Je devine que les enfants sont en train de dormir dans leurs chambres et je lui lance un petit bonsoir de loin. Elle finit par se diriger vers moi et nous nous faisons la bise. L’ambiance est particulière. Nous échangeons quelques mots et passons dans le salon. J’enlève ma veste et m’installe doucement sur son canapé. La télévision est allumée sur la première chaine : des policiers mènent une enquête palpitante dont la vie de nombreuses personnes est en jeu.

Clubbie paraît moins bavarde que lorsque je l’ai eue au téléphone dans l’après-midi. Je suis un peu obligé de mener la conversation et de l’entretenir. J’essaie de couvrir la télévision, malgré tout le respect que je dois aux policiers de la première chaine qui viennent de découvrir le corps d’une nouvelle victime.

Dans son style, physiquement, c’est une jolie femme : cheveux courts, plutôt masculine. Elle ressemble à Cécile de France dans L’Auberge Espagnole. Elle se considère comme une boule de nerfs. Il faut de tout pour faire un monde : des calmes, des énervés ou des angoissés comme les policiers de la première chaine qui pistent un bandit dans les égouts ténébreux de la ville.

Clubbie me propose un café que j’accepte avec plaisir. Je l’accompagne dans la cuisine et la regarde s’activer sur sa machine à expresso. C’est fou comme c’est pratique, ce genre de petits appareils : un peu de café moulu, un bouton sur lequel appuyer et hop : un filet noir à l’arôme parfaitement dosé coule chaud dans votre tasse. Il ne reste plus qu’à ajouter un peu de sucre, à remuer délicatement avec une cuillère et vos papilles sont prêtes pour être honorées. Quelle chance de vivre au XXIème siècle, qui s’en plaindrait ?

Tentant d’intéresser Clubbie, j’aborde différents sujets de conversation mais elle n’a pas l’air d’avoir beaucoup envie de parler. Ce n’est pas par faute de n’aborder que des sujets susceptibles de l’intéresser car la concernant. Je me retrouve à poser des questions plutôt qu’à vraiment discuter, afin de maintenir un semblant dialogue. Elle me parle de son ex mari, de la scolarité de ses enfants, de son travail, surtout des choses concrètes en définitive. A la télévision, les policiers ont arrêté les criminels et, au vu de la façon dont les choses semblaient vouloir évoluer, ont peut-être même évité au monde, dans une certaine mesure, une guerre nucléaire totale. Les bandits ne seront malheureusement pas jugés, le hasard a fait que leur méchanceté inébranlable les a fait tous se tuer eux-même dans d’atroces conditions. C’est rassurant de constater que Dieu est toujours là pour prendre de court les opposants à la peine de mort. Le générique de fin coupé pour laisser place aux publicités nous annonce la suite des programmes : un autre épisode de la série ! Eh bien, quand c’est bon, il n’y a pas de raison de ne pas remettre ça, n’est-ce pas ?

Pour ce qui est de Clubbie, je comprends assez rapidement que nous ne nous interrogeons pas du tout sur les mêmes choses dans la vie. Du coup, forcément, notre regard sur le monde, s’il n’est pas différent, est sans rapport. Si je me prends beaucoup la tête, elle, elle ne se la prend pas du tout. Au lieu de faire une moyenne, le mélange des deux donne des intérêts trop différents pour que nous puissions avancer sur quelle que ligne commune que ce soit. Elle qui va beaucoup en discothèque, elle a l’air ébahie que je ne connaisse pas le gigantesque club branché du moment où tout le monde va. Bref, la communication ne passe pas très bien et je me demande comment cela se fait que je ne l’ai pas ressenti sur le tchat ou au téléphone.

Une chose me met particulièrement mal à l’aise depuis le début : elle ne me regarde jamais dans les yeux, son regard ne croise jamais le mien plus d’une seconde, montre en main. Je ne crois pas avoir jamais vécu ça et je ne pense pas que cela soit dû à de la timidité. Je ne pense pas non plus être horrible au point de susciter chez quiconque une répulsion qui interdirait qu’on puisse soutenir mon regard. Afin de briser la glace, d’autant plus que mes sujets de conversation s’amenuisent, je lui fais délicatement remarquer cette histoire de regards qui me turlupine. Elle m’explique que je ne suis pas le premier à lui dire, que c’est sa personnalité, qu’elle « fuit le regard des hommes », que c’est comme ça.

Je n’ai plus grand-chose à dire, même en y réfléchissant bien. Ah que les idées se tarissent vite. Clubbie semble de moins en moins motivée pour faire la conversation. Est-ce que je lui déplais à un point tel qu’elle ne veut même pas me parler ? Je tente en dernier ressort de la laisser s’exprimer sur ce qu’elle pense de notre rencontre, comment elle me trouve. Je ne vais pas être déçu : je ne lui plais pas et elle me le dit directement, sans composition. Est-ce la raison pour laquelle elle semble ne pas vouloir discuter avec moi depuis le début ? J’en déduis que son invitation n’avait rien de l’amical dont elle m’avait parlé sur le tchat et qu’au contraire elle cherche exclusivement un amant. Son ouverture d’esprit et sa cordialité n’étaient peut-être pas aussi vraies que je ne l’aurais cru. Quand je rencontre une fille, même si elle ne me plaît pas, je ne la rejette pas. Que je sois déçu en mon for intérieur ne me rend pas désobligeant avec ma rencontre. Sacrée Clubbie ! Au moins, elle a été directe avec moi et je me demande même si je ne devrais pas carrément être content de ne pas avoir été mis à la porte dès le début au moment où j’ai essayé d’entrer chez elle.

Sentant de plus en plus qu’elle n’attend qu’une chose, c’est que je parte, je la remercie pour son invitation et me lève. Elle me raccompagne à la porte et je pars rejoindre ma voiture. Nous ne nous sommes pas fait la bise.

J’ai fait le trajet de retour calmement dans la nuit. Incroyable de voir comme il y a des automobilistes sur les routes à toute heure. Les multitudes de phares de voitures roulant dans tous les sens sont autant de petites lucioles qui se baladent dans le noir. On voudrait être un géant pour pouvoir les capturer et les envoyer dans le ciel afin d’avoir toujours plus d’étoiles scintillantes à contempler. Que serait la nuit sans ces splendides petits points de lumière qui égaient si tendrement nos âmes d’enfant ?

Je suis rentré chez moi sans lucioles, je me suis installé confortablement dans mon lit et ai éteint la lumière pour un repos bien mérité.

Anadema - 18:59 - 111 commentaires