Prise de tête
S’il y a deux choses que j’ai du mal à supporter, sur Meetic ou ailleurs, c’est bien l’égoïsme et l’hypocrisie. Si les dalaï-lamas sont capables de tout supporter sans broncher, pour ma part, je ne me prive pas quand bien même ce serait inutile de dire ce que je pense quand j’en ai envie, quitte à être désagréable.
Nodie, ma bretonne parisienne, même si ça n’a pas forcément été volontaire chez elle, illustre bien ces comportements meeticiens que je déteste. Des comportements excédants qui peuvent se résumer en trois étapes :
1 > Une première rencontre concluante et un feeling partagé…
2 > Des échanges virtuels complices qui renvoient explicitement à une seconde rencontre et beaucoup plus.
3 > Une disparition (en douceur ou abrupte au choix) suivi éventuellement d’une justification classique à choisir parmi les suivantes :
– Désolé(e), je n’ai pas encore fait le deuil de ma relation avec mon ex.
– Désolé(e), je ne suis pas prêt(e) aujourd’hui à commencer quoi que ce soit, j’ai besoin de temps pour y voir clair dans ma tête.
– Désolé(e), j’ai eu beaucoup de travail ces temps ci et je n’ai pas eu le temps de me connecter sur MSN / t’envoyer un SMS. Ou variante : je n’ai pas beaucoup eu accès à Internet, ces derniers temps.
Il est à noter que ces excuses peuvent aussi intervenir en début de relation.
Nodie n’a donc pas dérogé à la règle : après une première rencontre très agréable, après son SMS me suggérant des moments intimes que nous passerons ensemble, après une invitation chez elle à passer la nuit… brusque retournement de situation.
Avec le recul et l’historique de MSN, on se rend vite compte de tout ce qui cloche dans un discours et qui personnellement m’énerve au plus haut point : Nodie s’était exclamée via MSN en me parlant d’un ex :
« il vené juste de rompre, et moi aider à remplcare quelqu’un c vraiment pas mon truc, même sil sen rendé pas compte lui que finalement cété que ca ».
8 jours plus tard, cela ne l’empêchait pas de me dire que finalement…
« écoute, pour dire vrai, si je cherche quelqu’un en ce moment c’est plus pour oublier un autre. or je pense pas que ce soit la meilleure solution et surtout ce n’est pas très honnête pour l’autre (donc toi) ».
Et encore, c’est une chance que j’aie réussi à lui soutirer ces aveux puisque je crois qu’elle ne me l’aurait jamais dit. Voilà pour l’égoïsme : ne me fais pas ce qu’il ne me dérange pas que je te fasse.
Bref, suite à notre dernier tchat, je n’ai plus eu de nouvelles de sa part, même s’il m’avait semblé que notre seconde rencontre était restée d’actualité. Tant pis, je ne cours après personne et je n’ai pas cherché à la recontacter.
10 jours se sont ainsi écoulés (pendant lesquels j’ai rencontré Clubbie et Bélina) dans le silence le plus complet. J’étais cette fois bien décidé à ne pas envoyer de message à Nodie pour lui dire tout ce que je pensais, comme j’avais pu le faire à C. ou à Y. et à la laisser tranquille. Puisqu’on m’ignore, ne sombrons pas dans la basse amertume et ignorons à notre tour.
Sauf que cette sacrée Nodie ne m’a, elle, pas du tout retiré de sa liste MSN. Il m’est arrivé de la voir quelques fois en ligne mais elle n’est jamais venue me parler. Au bout de 10 jours, j’ai fini par ne plus résister à l’envie de l’aborder pour tenter de comprendre ce qui pouvait bien lui passer par la tête et en profiter pour lui faire tous les reproches que j’avais sur le coeur. Je n’aime pas que les choses restent dans le flou, pourquoi est-ce si difficile d’obtenir des autres qu’ils soient clairs ?
Suite à cet échange, je l’ai retirée de ma liste de contacts. Je crois finalement que ce qui m’irrite le plus, ce n’est pas tant son comportement en soi que le fait qu’elle ne l’assume pas. Changer d’avis, être subitement pris de doutes, révéler un vice caché, c’est une première déconvenue… mais ne pas le reconnaître en prétextant qu’on n’avait pas d’accès à Internet pour justifier son silence ou sortir des phrases vides de sens (« je ne suis pas prête »… Croit-elle devoir se préparer à un marathon ?), cela rend le tout difficilement digérable.
Toujours est-il que je suis content qu’elle ait remarqué lors de notre première rencontre que je n’étais pas quelqu’un d’indifférent dans la vie et je partage son idée que je ne suis peut-être pas fait pour les relations amis-amants. Peut-être que j’attends de ce type de relation autant d’affinités que dans une relation normale… Il me faudra y réfléchir. En tout cas, je ne suis plus sûr d’avoir envie d’amitié sexuelle, j’ai besoin d’une vraie relation.
Je pense aussi que je devrais arrêter de vouloir planifier les choses à froid sur MSN avec des meetic-girls. Je pense que c’est une erreur de vouloir préciser de cette façon ses attentes et ses envies. Peu de filles sont capables de comprendre et d’accepter un regard aussi pragmatique sur une hypothétique relation. Il faut que je laisse les choses se faire plus « naturellement ». Cela dit, mes multiples déceptions sont pour beaucoup dans le fait que je ressens le besoin de défricher le terrain. Mais peut-être qu’attaquer la savane au bulldozer est trop radical pour se débarasser des nombreuses bêtes féroces qui y sont tapies. Trouver un juste milieu n’est pas pour moi une mince affaire.
Environ 3 mois se sont écoulés avant que je ne commence à vous raconter ma rencontre avec Nodie. Figurez-vous que malgré tout ce temps, elle ne m’avait toujours pas retiré de sa liste de contacts MSN ! Relire le début de nos échanges et devoir le retracer dans ce blog m’a rappelé de bons souvenirs (ceux de notre rencontre) et je n’ai pas résisté à l’envie de lui envoyer un petit SMS pour lui souhaiter une bonne année et lui demander ce qu’elle devenait. 1 minute plus tard, la voilà qui réapparaît sur MSN et qui me parle !
Ne pas vouloir s’attacher alors qu’on en aurait envie par peur de souffrir, c’est compréhensible mais c’est surtout très con. N’est-ce pas ce qu’on appelle les handicapés du sentiment ? Quel renoncement en la vie !
Evidemment, je n’ai également pas oublié de relever que Nodie me disait 3 mois plus tôt :
« je ne me sens pas prête à entamer une relation avec qui que ce soit »
Aujourd’hui, il s’avère bien évidemment que c’était une pure bêtise : « en faite un peu après notre rencontre, je me suis retrouvée en pleine hésitation devant 2 hommes (pas de meetic précisons) et finalement je suis sortie avec l’un d’eux pendant 2 mois environ ».
Je me demande si elle était de mauvaise foi ou si elle croyait vraiment en son propre baratin.
Pour prendre goût à l’hypocrisie, Meetic, c’est la bonne école. Je sors grandi de tout ça et voici probablement la marche que j’aurais dû suivre : j’accepte hypocritement son amitié qu’elle m’offrait gentiment, je ne la laisse pas se poser de questions et je l’embrasse. Nous avons une petite relation pendant quelques semaines. Et ensuite, je la jette en lui disant : « Désolé mais je sens que tu n’es pas prête à t’investir dans une vraie relation… ». Bien sûr, ce n’est pas mon genre mais… qu’est-ce que c’est agréable à imaginer !