En chair et (dans une moindre mesure) en os
Parmi les 18 rencontres en chair et en os que j’ai faite grâce à Meetic depuis le début de ce blog, il en est une – une seule – que je n’ai jamais pris le temps de raconter ici.
Quand on passe des heures et des heures sur un site de rencontres, on se retrouve parfois à discuter voire à garder le contact avec des garçons et des filles avec lesquels il n’y a pas d’enjeu amoureux à cause d’une incompatibilité manifeste : extrême distance, génération différente, les raisons sont multiples. On sympathise et on se raconte mutuellement nos péripéties sentimentales virtuelles : cela permet de souffler un peu en se débarrassant de l’effort d’un rapport de séduction, et d’avoir de « simples » amis virtuels avec lesquels partager ses expériences ou son humeur du moment.
C’est de cette façon que j’ai fait la connaissance de D. à la fin du mois de novembre 2004 : une jeune femme intéressante de 27 ans et de… 115 kilos (après un régime lui en ayant fait perdre 35…). Elle m’avait contacté sur le tchat et, après que je lui aie expliqué qu’elle ne pouvait pas correspondre au profil que je recherchais, nous avions sympathisé et discuté à plusieurs reprises sur le tchat de Meetic avant de passer sur MSN.
D. était inscrite sur Meetic par curiosité, cherchait des relations diverses (allant du plan cul à la relation amoureuse) et voulait expérimenter à l’occasion quelque chose avec une fille. Elle assumait pleinement son obésité et comprenait parfaitement qu’on puisse ne pas la désirer physiquement.
Bien que je doive reconnaître qu’elle avait un joli visage, je n’ai jamais été attiré par les filles grosses et encore moins obèses, même pour un fantasme d’une nuit. Malgré cela, et ce doit être là la magie curieuse de la conjonction du virtuel et de l’heure tardive, au bout de quelques mois et d’une douzaine de longs échanges, la température est subitement montée de plusieurs crans et, comme nous étions célibataires tous les deux, il fut question de nous rencontrer pour passer un moment sexuel ensemble. Après que nous eussions envisagé de nous retrouver dans une chambre d’hôtel, il fut finalement décidé que ça se passerait chez elle un après-midi de la semaine suivante…
Malheureusement, la nuit porte conseil en plus de refroidir et, au bout de quelques jours, j’en étais à me demander par quel miracle j’avais pu ainsi m’autochauffer au point d’occulter à quoi pourraient ressembler des câlins avec une fille approchant le double de mon poids. D’un seul coup, je n’étais plus certain de la parfaite harmonie entre l’idée vague et abstraite que je pouvais m’en faire et ce que ce serait réellement… Ajoutons à cela que je n’avais jamais expérimenté de relation « éclair » et que j’étais loin d’être sûr d’être dans mon élément.
J’ai donc décidé de revenir sur ma décision : si j’étais toujours d’accord pour passer mon après-midi avec elle, je ne souhaitais plus qu’il y ait quoi que ce soit de sexuel entre nous. Drôlement pratique à annoncer, une chose pareille… mais il faut assumer jusqu’au bout.
Je suis donc venu chez elle comme prévu et nous avons passé une agréable et chaste après-midi à discuter. Nous avons de nombreux points communs et des ambitions assez proches. D. était telle que je me l’imaginais : agréable, intelligente, délicate et… obèse.
Depuis, il nous arrive de nous recroiser sur MSN et de nous donner des nouvelles. S’il n’est pas exclu que nous nous revoyions un jour (pour plusieurs raisons), ça n’est tout de même pas arrivé à ce jour et, en cela, je ne peux pas dire qu’elle est devenue une amie. C’est peut-être un des insidieux pièges des sites de rencontres sur Internet que de parfois nous faire donner de l’énergie dans des rencontres que l’on sait d’avance « non-constructives » ni sentimentalement, ni amicalement. Evidemment, je ne regrette en rien cette histoire parce que j’aime rencontrer des gens différents mais il est vrai que pendant ce temps, ma vie amoureuse n’évolue pas. Je me retrouve à passer du temps sur Meetic à faire autre chose que ce pour quoi je suis venu.
1 an plus tard, en mars dernier, D. – toujours en quête d’histoires en tous genres – me racontait une de ses rencontres cocasses qui a eu le don de me laisser particulièrement pantois :