L’avantage quand on vient juste de s’inscrire sur Badoo, c’est qu’on n’est pas encore en queue des listes de recherches et que ses photos n’étant pas encore notées, elles s’apprêtent à être vues par quelques dizaines de filles. Voilà deux moyens de recevoir des « visiteuses », et peut-être à la clé quelques messages, et cela sans rien avoir à faire. Après quelques mois d’inscription, à moins d’en passer par un SMS surtaxé pour un passage furtif en tête des listes, sa fiche est noyée dans les listes d’inscrits, derrière plusieurs centaines de milliers d’autres personnes… Et il faudra aller seul au devant des autres pour espérer faire des rencontres nouvelles.
Au début de mon inscription, c’est donc très sympathique : je reçois des visites et quelques messages. Mais il me faut composer avec une majorité de sollicitations intéressées : candidates africaines, est-européennes et sud-américaines à l’immigration, publicités cachées pour des sites pornos, etc. J’ai dû en recevoir une trentaine pendant le premier mois de mon inscription. Sans que ce soit conséquent, cela reste tout de même assez pénible : d’une part, on ne s’attend pas à en recevoir sur un site communautaire comme Badoo et d’autre part, c’est toujours une déception quand on s’attend à recevoir un message sympathique d’un membre. Ensuite, les spams se calment au même rythme que la visibilité de sa fiche diminue !
Parmi les spams que j’ai pu recevoir, principalement sur l’interface de tchat de Badoo, en voici un tout à fait caractéristique (j’y ai remplacé mon pseudo de Badoo par « Anadema ») :

Comme sur un blog, les photos et les articles que l’on publie sur le site peuvent recevoir des commentaires. Le premier que je reçois sur l’une de mes photos me vient d’une francilienne de 24 ans qui vient de me donner une bonne note. Je m’empresse d’aller jeter un oeil sur sa page : c’est une petite brunette fine et féminine. Bien qu’elle ait certainement l’air charmante, elle n’est pas spécialement à mon goût : des lèvres pincées, un nez pointu et… un chat. Elle est prof dans un collège. Sur sa page se trouvent quelques petits textes qu’elle a écrit (ce qui est assez rare) : phrases et vocabulaire élaborés, orthographe soignée. Je n’ai donc pas affaire à l’une des kikoo-girls qui règnent en maître sur le site. Ouf ! Comme elle est en ligne, je lui envoie un message :

Ensuite, nous parlons un peu de nous et de ce que nous faisons dans la vie. Puis je reviens sur le billet qu’elle a écrit au sujet de ses élèves parce que j’ai été particulièrement surpris d’y lire qu’elle avait été rassurée sur leur orthographe. Or, s’il y a bien une calamité actuelle qui a le don de m’horrifier, c’est le niveau d’orthographe désastreux des nouvelles générations. Je l’ai maintes fois lu, entendu et constaté.

Nous nous mettons ensuite à parler d’autres choses : livres, ciné et musique. Thèmes on ne peut plus classiques mais pratiques quand on ne se connait pas. Je lui explique que je n’aime ni le rap ni le hip-hop, elle n’aime pas le premier mais adore le second et me rappelle qu’il ne faut pas confondre les deux.

En fait, « professeur-documentaliste » est une nouvelle terminologie pour désigner les documentalistes des CDI des collèges et des lycées. J’ignorais qu’ils avaient aujourd’hui le statut de prof à part entière… Le métier a dû considérablement évoluer, car j’avoue qu’à mon époque, je n’ai pas souvenir que leur rôle dépassait celui de compilateur de livres et de gardien du silence.
La conversation s’est terminée peu de temps après. Je n’avais pas dîné et je préfère éviter maintenant de passer des heures à tchater devant mon écran, comme ça a pu être le cas par le passé. Elle m’a lancé un « bon appétit à toi dont je ne connais pas le prénom ! a plus tard ». Mais il en va ainsi de ces éphémères échanges virtuels : aussi agréables furent-ils, nous n’avons jamais eu l’occasion de nous recroiser ni de reparler ensemble.
A l’occasion de la Saint-Valentin, les reportages se sont multipliés sur le sujet de l’amour et des rencontres… et bien entendu des rencontres sur Internet ! Devant cet espèce de consensus à la mode qui proclame combien les sites de rencontres sont horribles, anti-glamours et ne conduisant qu’à des déceptions, il me fallait rétablir un peu les choses, corriger quelques contre-vérités et tenter de démystifier tout ce qu’on croit savoir à propos des sites de rencontres. Ce sera à l’occasion de ce billet écrit pour le site human-network.fr.
Lorsque je me suis aventuré pour la première fois sur des sites de rencontres amoureuses il y a maintenant six ans, ces derniers étaient encore relativement méconnus, peu développés, ils n’avaient pas les moyens de se payer des écrans pubs à la télé mais ils étaient déjà sujets à toutes les suspicions et à toutes les railleries. Depuis, si la chose s’est considérablement démocratisée, le secteur traîne encore ses casseroles d’antan et il s’en est même ramassé de nouvelles. Combien de fois ai-je entendu des raccourcis péremptoires du style : « Les sites de rencontres, c’est fait pour les désespérés ou ceux qui ne cherchent que des plans cul. » suivi en général d’un « Moi, je n’ai pas besoin de ça ! » ô combien révélateur sur toute l’estime qu’on leur porte. Et quel contraste saisissant avec les slogans généralement mielleux affichés par les sites, promettant monts et merveilles, le grand amour à portée de clic : « Trouvez l’âme sœur ! », « A deux, c’est mieux ». Il ne faut pas croire aux miracles ni voir tout en noir. Alors, quel juste milieu entre ces deux extrêmes ?
Un espace de rencontres supplémentaire.
Un des principaux problèmes avec le célibat, c’est la difficulté à rencontrer suffisamment d’autres célibataires pour trouver quelqu’un avec qui partager suffisamment d’affinités et de sentiments pour envisager de passer ensemble une partie de sa vie. Ca peut paraître dérisoire mais c’est pourtant une histoire d’aiguille dans une meule de foin !
Les années lycée et fac sont un âge d’or de la relation sociale. Chacun y est constamment sollicité et amené à rencontrer en quantité des gens nouveaux de sa génération. Mais c’est une caractéristique unique en son genre qui ne se reproduira pas : lorsque l’on termine ses études pour rejoindre le milieu professionnel, en général qu’on le veuille ou non, il s’installe une certaine routine de vie qui fait que les occasions de rencontrer de nouvelles personnes se raréfient considérablement. Et pour un célibataire soucieux de ne plus l’être, ça peut vite devenir un problème. Au travail, dans la majeure partie des cas, on côtoie les mêmes collègues, et le milieu n’est guère propice à la séduction. Le réseau d’amis est efficace mais il peut vite tourner en boucle (les amis de mes amis sont déjà mes amis…). Restent les espaces de rencontres tels que les discothèques, les bars ou les pubs mais encore faut-il les apprécier et être suffisamment sociable pour savoir y faire des rencontres. Les activités diverses en club ou en association, comme le sport ou généralement toute pratique d’un loisir amenant à côtoyer des gens peuvent être également le moyen de faire des rencontres mais pas forcément en grande quantité. Or si toutes ces ressources sont épuisées, la vie sociale est condamnée au vase clos.
Naturellement, très naturellement même, les sites de rencontres sur Internet se sont présentés comme une alternative à tout ça, comme un espace de rencontres supplémentaire et inépuisable permettant aux célibataires de se trouver. Imaginez : des milliers d’inscrits dans votre région, tous célibataires et tous ouvertement disponibles pour une relation. Et qui plus est : des célibataires que vous n’auriez aucune chance de rencontrer au hasard de votre vie !
Les sites de rencontres : forces et limites.
Est-ce que les sites de rencontres sur Internet, ça fonctionne ? La réponse est sans équivoque : c’est oui ! Oui, ils vous permettent d’être mis en relation avec des célibataires. Oui, ils vous permettent de nouer le dialogue via des courriers électroniques ou des conversations en direct. Oui, ils permettent de faire de vraies rencontres de qualité qui se soldent éventuellement par de vraies histoires d’amour ou de vraies histoires sensuelles. En quelques clics seulement, ce sont des milliers de célibataires disponibles qui peuvent être individuellement contactés en fonction de ses préférences physiques et intellectuelles, et de ses attentes en termes de relation. Il n’y a aucune autre limite que le temps que l’on veut bien y accorder et le réseau est pratiquement inépuisable.
Alors forcément, devant le potentiel fantastique de ces gigantesques catalyseurs de rencontres, le risque est grand d’y fonder des espoirs démesurés. Et c’est précisément là que se trouve l’embryon de toutes les déceptions, de toutes les déconvenues et autres désillusions à venir qui ont fait et font la mauvaise réputation des sites de rencontres : tantôt repères d’asociaux, tantôt d’hommes volages. Menteurs et menteuses, traîtres en puissance, filles moches et mecs pathétiques, profils bidons et autres arnaques… La liste est longue de ce qui pourrait apparaître aux yeux du profane comme le summum de l’horreur, lorsqu’en vérité, ce n’est rien de plus que… la vie ordinaire !
L’enfer sur terre ? La réalité mérite bien sûr d’être nuancée. Pour commencer, il est important de souligner qu’il est vrai que l’anonymat et le virtuel tendent à exacerber certains défauts humains comme le mensonge, le manque de respect, le manque de considérations ou encore l’égoïsme. Caché à l’abri derrière son écran d’ordinateur, il est plus facile d’être indélicat que directement en face de quelqu’un. Mais c’est un comportement lié au contexte particulier du virtuel qui ne présage pas une tendance des sites de rencontres à être plus mal fréquentés qu’ailleurs.
On leur reproche aussi beaucoup d’être remplis de profils peu intéressants pour soi. Mais il faut comprendre une chose importante concernant les sites de rencontres : ils vous mettent initialement en contact avec tout le monde, sans tri aucun. Dans la vie de tous les jours, on est principalement en contact avec les gens de son milieu (professionnel et personnel) et, sans que l’on s’en aperçoive vraiment, c’est un véritable filtre relationnel qui s’établit entre soi et les autres. Les gens que l’on rencontre ont donc tendance par défaut à avoir des affinités avec soi. Sur un site de rencontres, ce filtre n’existe pas, il n’y a à la base aucun tri sous quelque forme que ce soit. On est confronté à tout le monde, y compris ceux qui ne correspondent pas à ses attentes en termes de qualités humaines, intellectuelles ou culturelles. Cela a pour conséquence première de donner une impression d’être perdu dans une immensité terne en nous jetant brutalement à la figure combien nous avons en vérité peu d’affinités avec la majorité des gens… Il faudra donc se remettre de ses émotions et faire un effort certain pour établir des filtres et trouver comment repérer celles et ceux qui sont le plus susceptibles de nous correspondre. Et ce n’est pas forcément simple pour qui n’a pas l’habitude de se poser des questions sur le type d’affinités qui le relie à ceux qu’il apprécie.
Les slogans publicitaires trop guimauves et trop optimistes des sites de rencontres sont probablement aussi pour beaucoup dans leur relative mauvaise réputation. D’une part parce que tout le monde sait bien que les solutions miracles n’existent pas. D’autre part parce que cela laisse supposer qu’il faut être naïf pour y croire, et par extension s’y inscrire. « Trouvez l’âme sœur ! » promet un célèbre site de rencontres sur Internet. Voilà de quoi faire naître des espoirs démesurés dans une âme esseulée et voilà sans doute l’origine de quelques idées reçues sur les membres qui les composent. Car forcément, de la même manière qu’un magasin discount attire au moins les pauvres, les sites de rencontres tendent à attirer d’abord tous les cœurs en peine, tous les célibataires chroniques au physique disgracieux ou en situation de solitude pathologique. C’est un état de fait. Parce qu’ils facilitent grandement la mise en relation, ils ont la prédilection de ceux qui ont des difficultés particulières à se construire une vie sociale. Mais sans nier les évidences, il serait fallacieux de réduire les célibataires du net à un ramassis de paumés. De la même façon que le métro est un moyen de transport bon marché sans pour autant n’être fréquenté que par des fauchés, les sites de rencontres n’en sont pas plus des réservoirs de gens à problèmes.
En revanche, il est vrai que les sites de rencontres cumulent un certain nombre de tares. A commencer par le déséquilibre persistant du nombre d’inscrits entre hommes et femmes particulièrement dommageable dans le cadre des rencontres hétérosexuelles. Non seulement les hommes sont en surnombre mais en plus, ils sollicitent beaucoup. Cela les pousse dans une compétition particulièrement rude où il est très difficile de se faire entendre et remarquer du sexe opposé qui, lui, croule sous les demandes et les sollicitations jusqu’au bord de l’écœurement (au pire) ou de l’indifférence générale (au mieux). Charmant !
Tout le monde ne joue pas non plus la carte de l’honnêteté et de la transparence : on triche sur son âge, sa taille ou son poids, sa profession, son statut marital, voire ses photos. Parfois, on est inscrit sans intention précise, seulement avec la volonté de tester son pouvoir de séduction. Parfois, les profils ne correspondent à personne et ne sont qu’un terrain de jeu pour quelques espiègles en quête de distraction. Tout ceci est par nature assez difficile à détecter mais fait partie des règles du jeu, inhérentes à tout univers, avec lesquelles il faudra composer.
Un certain nombre de pièges insidieux attendent également les nouveaux venus, forcément. A commencer par la tendance que l’on a à fortement idéaliser celui ou celle que l’on a en face de soi de par la nature virtuelle de la rencontre, à se complaire dans le virtuel sans passer à l’acte, à se retrouver pendant des heures à échanger pour rien ou encore à se perdre dans la quête compulsive du « toujours mieux ailleurs » devant les centaines de nouveaux profils alléchants qui se présentent en permanence à ses yeux.
Il est donc fondamental de ne jamais perdre de vue ses objectifs et ses envies, et de ne pas investir dans ces sites plus d’espoir qu’ils ne peuvent en supporter réellement. Ce ne sont que des espaces de rencontres parmi d’autres avec un potentiel, comme peut l’être à un autre niveau un pub ou une discothèque. Ils ont comme eux leurs propres règles, leurs propres atouts comme leurs propres faiblesses. Ils ne prétendent pas pallier les manques supposés de la société moderne ni remplacer quoi que ce soit. Les sites de rencontres sur Internet proposent un service de mise relation entre les célibataires et c’est cela et rien d’autre qu’il faut considérer comme une opportunité formidable.
Ce que cachent aussi les idées reçues sur les sites de rencontres.
Systématiquement, quand on révèle à ses proches qu’on s’est inscrit sur un site de rencontres, deux réactions possibles : la surprise (« Quoi ? Non, comment est-ce possible ? Pas toi ! ») ou un sourire (« Ah ah ! Je vois que tu as envie de t’amuser… »). Ils en disent long sur le rapport que l’on a à la quête sentimentale.
Le fait est que beaucoup de gens ont encore tendance à avoir un problème pour assumer leurs désirs sensuels et affectifs. Combien de fois ai-je lu ou entendu en guise de reproches que « l’amour, ça ne se cherche pas, ça nous tombe dessus sans qu’on s’y attende » ! Comme si d’une part, il y avait une sorte de providence censée nous frapper (où ?) qu’il faudrait savoir attendre (combien de temps ?). Et comme si d’autre part, il n’était pas légitime d’éprouver le désir de ne pas être seul et répréhensible de partir activement à la recherche d’un partenaire. Dans la pratique, les célibataires réfractaires à la « quête active » et aux sites de rencontres ont pourtant tendance à sortir plus souvent que lorsqu’ils sont en couple. Plus ou moins sans s’en rendre compte, ils sollicitent eux-mêmes des circonstances qui les conduisent à faire de nouvelles rencontres. En se cachant derrière ce qui constitue une forme d’alibi : « je sors pour passer un bon moment » plutôt que « pour ne plus être célibataire », ils sont rassurés sur leur indépendance affective et confortés dans l’idée fausse que les choses viennent toutes seules. En réalité, comme les célibataires du net, ils font leurs propres choix d’espaces de rencontres où ils partent y chercher un partenaire potentiel. Car il ne faut pas se cacher les choses : le hasard n’existe pas. Si on ne fait pas de nouvelles rencontres et qu’on ne prend pas en main sa vie affective, on a toutes les chances de finir sa vie tout seul.
S’inscrire sur un site de rencontres le plus sérieusement du monde, c’est aussi avouer explicitement ne pas se satisfaire de son célibat et ne pas avoir à ce jour trouvé un élu pour son cœur. Et reconnaître que l’on cherche à faire des rencontres est souvent perçu comme un aveu de faiblesse et d’échec. Car dans un monde parfait où l’on est censé tout avoir, « chercher » est synonyme de « ne pas trouver » et par voie de conséquence de « rencontrer des difficultés ». Le célibataire est comme le chômeur, il éprouve un sentiment de culpabilité et s’estime en partie responsable de sa situation.
Loin de n’être qu’une question de pudeur, voilà pourquoi aujourd’hui encore, beaucoup de célibataires cachent à leurs proches leur inscription sur un site de rencontres ou se réfugient derrière un alibi qui les désinvestit de leur démarche : officiellement, ce n’est pas pour une raison intime fondée sur quelque espoir que ce soit, ce n’est, comme je l’ai souvent lu sur les annonces mêmes des inscrit(e)s, que pour « s’amuser » ou « passer le temps », et c’est en général « juste pour voir » ou « sur les conseils d’un(e) ami(e) »…
Lorsque je découvre Badoo au mois de mai dernier, ce qui me frappe le plus c’est la beauté des gens (et des filles en particulier) et la qualité des photos. Les photos sont nettes et en grand format, on est loin de ce à quoi m’avaient habitué les sites de rencontres ordinaires. De plus, elles sont généralement nombreuses sur les profils et l’interface claire et épurée de Badoo les met largement en valeur.
Badoo a instauré sur son site un système de notation sur 10. Chaque membre est invité s’il le souhaite à donner sa note sur une sélection aléatoire de photos. Plus on note de photos, plus on a de chance de voir ses propres photos notées. Au final, chaque photo obtient une moyenne, toujours sur 10 (Badoo ne se prive pas d’afficher sur sa page d’accueil ses membres qui ont les meilleures moyennes)… Dans l’ensemble, tout le monde joue le jeu. S’il y a les abonnés aux 10 systématiques (en particulier chez les garçons qui espèrent qu’ils vont pouvoir plus facilement draguer les filles auxquelles ils auront offert la note parfaite) et les contestataires qui mitraillent de 1 et de 2 (qui leur vaut dans les commentaires de leur fiche une longue suite de récriminations), globalement les notes se tiennent. Une fille mignonne a plus de 8, une fille moyenne tourne autour de 7 et une horreur plafonne en dessous de 6.
Il est à noter qu’un certain nombre de facteurs peuvent faire évoluer la note et ce n’est souvent pas qu’une question de qualité de prise de vue… Une fille qui vaut 7 remonte à 8 si elle est en mini-jupe et peut atteindre 9 si en plus elle écarte un peu les cuisses. L’âge influe aussi beaucoup sur la note et il faut garder à l’esprit que plus une fille est agée, plus elle a intérêt à avoir l’air sacrément vicelarde si elle veut conserver une note confortable… Il y a quelques mois, à partir de la moyenne des photos de notre profil, on obtenait une note moyenne qui nous situait par rapport aux autres par un pourcentage. C’était extrêmement pratique pour évaluer son pouvoir de séduction théorique et l’attractivité de ses photos. Depuis l’automne, les règles du jeu ont changé : plus de note générale et plus de comparaison aux moyennes des autres utilisateurs, ce qui a modifié également, j’ai cru le remarquer, l’échelle de la notation généralement constatée.
Bref, nous sommes au mois mai : me voilà à peine inscrit sur Badoo, évoluant fraîchement dans son interface et dans son moteur de recherche aux ressources inépuisables de photos de filles plus hots les unes que les autres (attention au côté addictif de la chose…)… que je commence déjà à recevoir mes premiers messages. Quoi ?! Si vite ?! Mais je suis à peine inscrit et j’ai tout juste une photo… Gratuit mais drôlement efficace, Badoo ! Je me jette donc sur mes premiers petits mots, espérant avoir, comme dans un bouquet de fleurs composé, une collection de blondes, de brunes et de châtains toutes plus rayonnantes les unes que les autres. Et que vois-je, par tous les diables ? Un message de deux russes et d’une colombienne en anglais, d’une sénégalaise dans un français approximatif et d’une française qui m’explique la nécessité de la rejoindre le plus vite possible sur un site payant pour mieux la voir sous toutes les coutures… Et pour couronner le tout, un message d’un homme m’invitant à aller acheter un morceau de musique naze sur son site web. Je déchante sévère, le retour de bâton de la gratuité fait sacrément mal. Si Badoo est squatté par tout un tas de profils pollueurs, cela va rendre son utilisation laborieuse.
Deuxième découverte : forcément, en pratique, les gens sont en moyenne beaucoup moins beaux que ne le laisse penser la féérique page d’accueil. Toutes proportions gardées, tout de même : on trouve quantité de filles et de garçons très séduisants mais là encore il faut faire le tri entre les profils bidons et ce qui ressemble parfois à des escort-girls.
Troisième découverte : intellectuellement, ça ne vole pas haut. On se croirait même à un concours du plus bas quotient intellectuel. Les rares phrases écrites sur les profils sont truffées de fautes d’orthographe et dignes des préoccupations d’un enfant de dix ans. Au bout d’un moment, ça a son petit effet : ça donne l’impression d’être seul dans un champ de bonobos et il faut avoir un moral sacrément solide pour ne pas avoir envie de se jeter par la première fenêtre venue.
En dehors de ces aspects rebutants, le site en lui-même est vraiment joli et agréable à utiliser. On clique partout, on visite, on vote. Le nombre de membres est impressionnant : quelles que soient les villes que je sélectionne, il y a toujours plusieurs pages d’inscrits.
Surtout… quel merveilleux pouvoir que celui de donner une note à une petite photo en un seul clic ! Et quelle drôle de sensation de se voir attribuer des notes par des gens de tous horizons et de tous âges… Je me suis demandé au départ de quelle façon j’allais noter : fallait-il que je me base sur un ensemble de choses : physique, esthétique de la photo, posture, attitude ? Ou fallait-il que j’écoute un peu plus les réactions de mon caleçon et donner des bonus aux plus aptes à lui faire subir des déformations ? J’ai donc commencé par observer les chiffres et autres statistiques disponibles sur Badoo. Et j’ai vite découvert que la moyenne des filles ne correspondait pas à la moyenne des garçons, laquelle ne correspondait pas non plus à la moyenne théorique de la notation, située à 5 sur 10. Ainsi, un garçon commence à être au dessus de la moyenne à partir de 7, tandis qu’une fille l’est seulement à partir de 8 ! Quelle étrange différence ! Faut-il l’attribuer au fait que les garçons sont naturellement plus enclins que les filles à être attirés ? Ou à être plus flatteurs ?
La première note que je reçois est un 9. Voilà qui est sacrément plaisant ! Mais les suivantes sont sans appel : 7, 7, 5, 5 et encore 5 ! Aaaaaaaaah ! En panique, je m’empresse de supprimer ma photo et d’en télécharger deux autres. Au bout d’une journée et d’une quinzaine de votes pour chacune, l’une obtient une moyenne de 8.57 et l’autre de 6.40 ! Quel écart phénoménal entre deux photos que je pensais à peu près de même niveau ! Je trouve aussi étonnant de voir comme des photos semblent recueillir quasi unanimement le même point de vue. Dans la mesure où l’on est majoritairement noté par le sexe opposé, voilà un outil sacrément formidable pour tester ses photos et savoir lesquelles sont perçues comme étant les plus attractives ! C’est une véritable projection-test sur laquelle tout garçon ou toute fille inscrite sur un autre site de rencontres ne devrait pas faire l’impasse.
Sur ma photo la plus « appréciée », j’ai reçu deux 10 dont l’un vient d’une petite bombasse en sous-vêtements de 21 ans (mais déjà casée). Quelle claque libidinale ! Par multiples tâtonnements, je parviens à regrouper une série de quatre photos idéales pour composer mon profil. Je remarque qu’une variation de cadrage peut légèrement influer sur la moyenne d’une photo mais sans la transformer non plus. Car invariablement, une même photo reçoit les mêmes notes à un point ou un demi-point près. Quelques photos que je croyais valorisantes et que j’affichais jadis sur Meetic reçoivent une note inférieure à ce à quoi je m’attendais. Surprenant !
Badoo est donc très axé sur le physique et assez peu développé sur le reste, même s’il est possible d’écrire sur sa page des articles comme dans un blog. En pratique, les gens s’en servent pour mettre des photos d’eux et de leurs amis avec des titres particulièrement alléchants du genre : « mon chat qui kiffe les toilettes….mdr ». Ca ne s’invente pas ! Il faut donc s’armer de courage et de patience pour repérer des gens avec quelque chose dans le crâne et espérer une conversation élaborée (c’est à dire avec des phrases composées d’un sujet-verbe-complément).
Une fois mon choix de photos établi, j’essaie de soigner un peu mon profil en écrivant deux ou trois petits textes où je parle de mes impressions sur Badoo et où je raconte une petite sortie sympathique. Voilà qui devrait donner quelques impressions générales sur ma personnalité à celles qui visiteront ma page. Il ne me reste plus qu’à entrer en contact avec des Badoo-girls. En avant toute !